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N° 356 - du 11 septembre 2014 au 17 septembre 2014


Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, Paris, Renzo Piano Building Workshop © Michel Denancé

L'AIR DU TEMPS

Paris montre ses muscles

La France compte-t-elle encore ? Est-elle toujours une grande puissance ? C’était la teneur d’un certain nombre d’éditoriaux, dont celui du respecté Paul Krugman dans le New York Times, au lendemain du remaniement ministériel de fin août 2014. Piquée au vif, la capitale du pays entend montrer que dans un autre domaine, la culture et le tourisme, elle est toujours en première division, et même sur le podium mondial. Première destination mondiale, première cible européenne des touristes chinois, elle s’est dotée d’un impressionnant arsenal de palaces (le dernier en date, le Peninsula, vient d’être inauguré, et des travaux pharaoniques sont en cours au Ritz, au Crillon, au Lutétia). Mais c’est dans le domaine des arts qu’elle semble vouloir faire la différence. Outre l’offre habituelle de grandes expositions et de foires (voir ci-dessous), elle prépare l’ouverture en salve d’institutions spectaculaires. Ainsi, en septembre et octobre, verra-t-on le président Hollande, malmené dans les sondages, couper le ruban de la fondation Pathé-Seydoux pour le cinéma (dessinée par Renzo Piano) et de la fondation Louis Vuitton (par Frank Gehry) ainsi que d’un musée Picasso rajeuni (par Jean-François Bodin). « J’ai deux amours, mon pays et Paris », chantait Joséphine Baker. Voilà de quoi redonner du combustible à la séduction.

EXPOSITIONS

Pérugin : Raphaël ou pas ?

PARIS - Le débat n’est pas clos, le sera-t-il jamais ? Le Pérugin (1450-1523), qui fut vénéré en 1500 comme le plus grand maître d’Italie, a-t-il enseigné l’art de la peinture à Raphaël ? Cette exposition, en juxtaposant des œuvres des deux artistes (notamment le retable de saint Nicolas de Tolentino, œuvre de jeunesse de Raphaël), tente de le prouver de façon décisive. Mais elle est surtout l’occasion de redécouvrir le peintre des madones douces et des paysages ondulés, qui plaisait aux moines, aux bourgeois et aux papes (il fut l’un des premiers à intervenir à la chapelle Sixtine). Sa peinture religieuse, toujours élégante, est la véritable matrice iconographique de la Contre-Réforme. Ses saints, même criblés de flèches, ont des postures de stars et les flammes de l’Enfer semblent définitivement conjurées…
Pérugin, maître de Raphaël au musée Jacquemart-André, du 12 septembre 2014 au 19 janvier 2015.

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Altobello Melone, Portrait d’homme (César Borgia ?), 1513, huile sur bois, 58,1x48,2 cm, Accademia Carrara, Bergame

A la mode Borgia

PARIS - Ils sont tendance – on ne voit qu’eux à la télévision, le poison prêt à sourdre de la bague… Les Borgia auront décidément bien du mal à se défaire de leur réputation sulfureuse ! Simonie, inceste, népotisme, corruption, meurtres en série : le pape Alexandre VI et son fils César ne sont pas fréquentables – et Victor Hugo endosse une belle responsabilité, lui qui remporta l’un de ses plus grands succès avec une description apocalyptique de Lucrèce. Le musée Maillol rappelle que derrière ce décor rouge sang, les Borgia ont aussi été des humanistes et des mécènes – Pérugin, Pinturicchio et même Michel-Ange pourraient en témoigner…
Les Borgia au musée Maillol, du 17 septembre 2014 au 15 février 2015.

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Bernard, prénom Emile

PARIS - Parmi les anciens de Pont-Aven, il souffre d’un déficit de notoriété chronique. On connaît Gauguin, Maurice Denis et même le beau nom de Sérusier jouit d’une plus grande audience. Le temps est venu de réparer l’injustice et de découvrir la longue carrière d’Emile Bernard (1868-1941), faite de couleurs chatoyantes et d’exils voulus – comme ces dix années passées en Egypte qui muèrent le nabi en orientaliste. Sans le faire renoncer au symbolisme ni à une réaction traditionaliste tardive : un artiste qui aime se jouer des définitions trop faciles.
Emile Bernard au musée de l’Orangerie, du 17 septembre 2014 au 5 janvier 2015.

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Niki en grand format

PARIS - Elle est une des icônes de la seconde moitié du siècle passé. Féministe, indépendante, belle et torturée, Niki de Saint Phalle (1930-2002) a produit des œuvres immédiatement identifiables par le grand public, ses grandes Nanas en papier mâché ou résine, dont certaines ont créé le scandale (comme celle que l’on visitait en entrant par son vagin au Moderna Museet de Stockholm en 1966). La rétrospective du Grand Palais montre, en deux cents pièces, ce que l’on a un peu oublié, notamment ses peintures-tirs, composées au fusil chargé de peinture, ses autels en mosaïque ou ses assemblages d’objets de la société de consommation, qui la rapprochent de Rauschenberg ou de son compagnon Tinguely.
Niki de Saint Phalle, au Grand Palais, du 17 septembre 2014 au 2 février 2015.

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FOIRE

Réunion d’antiquaires au sommet

PARIS - Autrefois incontestable championne des rendez-vous d’antiquaires, la Biennale parisienne avait vu d’un mauvais œil l’irruption puis l’affirmation du TEFAF Maastricht. Cette concurrence sévère depuis une quinzaine d’années l’a poussée à se rénover - non sans heurts. L’édition 2014 a ainsi été compliquée par une succession sanglante à la tête du Syndicat national des antiquaires (le président Deydier ayant été défenestré pour exercice trop personnel du pouvoir) mais les organisateurs assurent que la qualité du cru n’en souffrira pas. Dans une scénographie signée Jacques Grange, qui invite Versailles sous la verrière du Grand Palais, on verra l’habituel florilège d’œuvres exceptionnelles composant un musée éphémère (au tarif d’entrée bien plus cher que celui d’un musée, 30 €)… Maîtres anciens et modernes, joaillerie, arts du verre et du métal, mobilier : 88 exposants mais aussi des chefs étoilés - le restaurant verra se succéder au piano Guy Martin, Régis Marcon et autres grandes toques.
27e Biennale des antiquaires, au Grand Palais, du 11 au 21 septembre 2014-09-07

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LIVRES

Paris, la splendeur des fifties

Au lendemain de la guerre, l’étoile de Paris a bien pâli. Les héros des décennies précédentes – Braque, Matisse, Picasso, Soutine - sont vieux ou ont disparu. L’Amérique prépare avec Pollock sa révolution de l’expressionnisme abstrait. Il est cependant un compartiment où la ville semble plus forte que jamais : la mode. Depuis la collection New Look en 1947, c’est de l’avenue Montaigne que l’on dicte les règles. Mais Christian Dior n’est pas seul. Dans sa roue, il y a Balmain, Jacques Fath, Givenchy qui habille Audrey Hepburn, ou le jeune Pierre Cardin. Une exposition rend compte au palais Galliera (jusqu’au 2 novembre) de cette extraordinaire éclosion de talents, portée par des mannequins mythiques (Dovima, Bettina) et servie par de grands photographes comme Avedon et Henry Clarke.
Les années 50, la mode en France 1947-1957, Paris Musées, 2014, 260 p., 44,90 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE