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N° 359 - du 2 octobre 2014 au 8 octobre 2014


Masque funéraire de Calakmul avec ornements d’oreilles, jade et coquillage, Classique récent (600-900 apr. J.-C.). Structure XV, Calakmul, Campeche, Mexique © Museo Regional de Campeche, fort de San Miguel, ville de Campeche. Photo Ignacio Guevara.

L'AIR DU TEMPS

La fin des Mayas, une énigme infinie

PARIS – L’effondrement des cités mayas d’Amérique centrale, au IXe siècle, reste un mystère entêtant. Surpopulation, épidémies, sécheresse, guerres ? Un peu de tout cela ? Les chercheurs continuent d’avancer des hypothèses, mais le mythe de la pyramide en ruine, dévorée par la jungle, reste indéracinable. Pourtant, les Mayas, avant cette chute brutale (et même après, pour des cités survivantes comme Mayapán), ont laissé d’innombrables témoignages d’une civilisation avancée. Dotée d’une écriture, d’un panthéon, d’un calendrier et d’une astronomie sophistiqués, elle a produit une architecture spectaculaire (Palenque, Tikal, etc.), des sculptures de pierre, des mosaïques de jade et de turquoise, une céramique et des fresques raffinées (Bonampak tenant lieu de chapelle Sixtine). Le quai Branly accueille 400 pièces provenant d’une quarantaine de musée mexicains tandis que le rythme des découvertes reste élevé. Après les fresques de San Bartolo au Guatemala en 2001, on a annoncé en 2013 la mise au jour de la grande cité de Chactun au sud de Campeche, sur un site de 22 hectares. Disparue, la civilisation maya semble plus présente que jamais.
Mayas, révélations d’un temps sans fin au musée du quai Branly, du 7 octobre 2014 au 8 février 2015.

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EXPOSITIONS


Lilly Steiner, Portrait de Lilian Gaertner, 1927, collection privée, Vermittlung Kunsthandel Widder, Vienne.

Lumière sur Hagenbund

VIENNE – Le nom de cette association d’artistes n’évoque plus guère de souvenirs en Occident. Pourtant, pendant près de quatre décennies, de 1900 à l’Anschluss, elle joua un rôle majeur à Vienne dans la diffusion des avant-gardes, notamment par le biais d’expositions montées avec soin. La Sécession et l’expressionnisme lui durent une partie de leur audience et les peintres de la Mitteleuropa – Tchèques, Hongrois ou Ukrainiens, de Lvov à Trieste, encore englobés au début du XXe siècle dans l’immense mosaïque de l’Autriche-Hongrie.
Hagenbund, a European network of Modernism, 1900-1938 au Belvedere, du 11 octobre 2014 au 1er février 2015.

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Un art autre

VILLENEUVE-D’ASCQ – L’art est produit par les artistes. Certes, mais comment définit-on un artiste ? La question semble anodine mais elle a suscité de nouvelles réponses au cours du XXe siècle. L’artiste n’est plus seulement l’académicien, il peut aussi être le prisonnier, l’enfant, le fou. L’art brut est directement issu de ce courant de pensée : le LAM explore, en 400 œuvres, de Miró à Chaissac, de Gaston Dufour à d’innombrables anonymes, comment cette conception révolutionnaire a pris racine.
L’autre de l’art au LAM, du 3 octobre 2014 au 11 janvier 2015.

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Charles Marie Bouton, Château de Velzic - Voyages pittoresques en Auvergne, lithographie.

Hommage à Taylor

PARIS – La fondation qui porte son nom fête son 170e anniversaire : depuis 1844, elle poursuit le même but, développer les arts et la solidarité entre artistes. On en avait un peu oublié la figure même de son instigateur, le baron Taylor. Né à Bruxelles l’année de la Révolution française, mort en 1879, il a passé sa vie à collectionner (il réunit notamment la Galerie espagnole de Louis-Philippe) et à s’intéresser au patrimoine. La série d’ouvrages qu’il lance avec Charles Nodier, les Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France, reste une référence. Dessins et tableaux évoquent en détail cette aventure qui s’étendit sur plus de cinquante ans.
Le baron Taylor à l’avant-garde du romantisme à la fondation Taylor, du 2 octobre au 15 novembre 2014.

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Moholy Nagy, un pionnier

BERLIN - Membre éminent d Bauhaus, Laszlo Moholy-Nagy (1885-1926) a été un expérimentateur passionné de nouveaux médiums : lumière, électricité, mouvement. Il est en cela très moderne, proche de mouvements actuels des arts numériques, mais également une source d’inspiration en ce qui concerne l’accès à l’art des handicapés. Réunissant des œuvres de Moholy-Nagy, l’exposition les confronte aux créations d’épigones actuels comme Olafur Eliasson ou Eduardo Kac.
Sensing the Future, Moholy-Nagy, the Media and the Arts au Bauhaus-Archiv, du 8 octobre 2014 au 12 janvier 2015.

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VENTES


Lot 20. Omar Victor Diop (né en 1980), Aminata, 2011. Œuvre issue de la série Le studio des vanités, impression jet d'encre. Estimation : 3 000 / 4 000 €.

Mal d’Afrique

PARIS - L’Afrique est mal en point : Ebola, intégrisme et guerres tribales, Libye, Sud-Soudan et Centrafrique sombrant dans l’anarchie, ravages du sida… Il existe certes des zones d’une vitalité insoupçonnée (l’Ethiopie a des taux de croissance supérieurs à ceux de la Chine) mais il fallait de l’audace pour proposer une vente dédiée à l’art africain contemporain et non aux traditionnels masques primitifs… On pourra mesurer la diversité des peintres et photographes actuels, qui ne se bornent pas à transmettre l’héritage de leurs aïeux mais le mettent à jour (l’évocation des riches étoffes par Pathy Tshindele, le goût des couleurs éclatantes chez Omar Victor Diop), commentent l’actualité et critiquent la corruption (le « Président noir » par Kudzanai Chiurai), ou réélaborent des objets du quotidien (les thermos de Pume-Bylex). A côté de valeurs sûres comme Chéri Samba et Bruly Bouabré, c’est l’occasion de faire de nouvelles découvertes, 25 ans après Les Magiciens de la terre et 9 ans après Africa Remix, deux expositions pionnières.
Art africain chez Piasa le 7 octobre 2014.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE

Erró ou l'horror vacui

LYON - Combattre l’abondance par l’abondance ! Face au déferlement d’images qui distingue notre société, l’Islandais Erró (né en 1932) a décidé de relever le défi, truffant ses œuvres d’innombrables personnages, objets de consommation et clichés hollywoodiens. Il n’est pas faux d’y voir une sorte d’encyclopédie contemporaine dans laquelle voisinent, traités avec la dérision qu’implique leur rapprochement fortuit, Mickey, Kennedy, Superman et le Christ. Mao marche sur la place Saint-Marc, Picasso part dans l’espace et Ingres devient un cosmonaute : les périodes s’entrechoquent dans d’immenses « scapes », qui font d’Erró un acteur de la mouvance Pop dès les années 60. L’intérêt de la rétrospective est aussi de montrer des œuvres précoces, notamment d’étonnants collages d’objets métalliques.
• Erró au MAC, du 3 octobre 2014 au 22 février 2015.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

LIVRES

Durand-Ruel, champion des impressionnistes

La Femme au perroquet de Courbet ? Le Déjeuner des canotiers de Renoir ? La Mort de Sardanapale de Delacroix ? Impression, soleil levant de Monet ? Tous passés par ses galeries et dans l’une des quelque 330 expositions (dont 130 à New York), qu’organisa au cours de sa longue vie (1831-1922), Paul Durand-Ruel, fils d’un papetier devenu marchand de tableaux. « Nous lui devons tout », écrivait, reconnaissant, Claude Monet. C’est en effet en tant que marchand des impressionnistes, qu’il défendit contre vents et marées, qu’il reste connu. Mais l’école de Barbizon, Manet ou Puvis de Chavannes lui doivent aussi beaucoup. Ses mémoires sont franches et passionnantes car elles n’éludent pas le volet financier, donnant un extraordinaire panorama du marché de l’art. A titre d’exemple, Durand-Ruel achète en 1872, pour 1500 francs, le Fifre de Manet, qui avait été refusé au Salon de 1866. Lorsqu’il écrit ses mémoires, au début du XXe siècle, le tableau est accroché au Louvre et estimé plus de 200 000 francs… Excellemment édité par ses descendants, le livre comporte un index complet, la liste des galeries et des principales œuvres passées entre les mains de Durand-Ruel. Un décompte à donner le tournis… dont on pourra avoir un aperçu lors de l’exposition qui ouvre au musée du Luxembourg le 9 octobre 2014.
Paul Durand-Ruel, Mémoires du marchand des impressionnistes, présentées et annotées par Paul-Louis et Flavie Durand-Ruel, Flammarion, 2014, 416 p., 32 €.

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