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N° 364 - du 6 novembre 2014 au 12 novembre 2014


Diego Vélasquez, Vénus à sa toilette (Vénus Rokeby), 1648–1651, huile sur toile, 122,5 x 177 cm © The National Gallery, Londres

L'AIR DU TEMPS

Vélasquez, superstar du XVIIe siècle

VIENNE – Au compteur Google, il l’emporte haut la main avec près de 40 millions de citations, contre 37 millions pour son plus proche challenger, Rubens. A 23 millions, Rembrandt est distancé tandis que Poussin, le héros du classicisme franco-romain, n’arrive pas au million. Et encore le beau score du maître andalou pâtit-il de sa double orthographe (Vélasquez en français/Velázquez en espagnol)… On objectera que Google n’est pas - du moins, pas encore - le seul critère d’appréciation de la valeur d’une œuvre. Pourtant, alors qu’il s’installe à Vienne (avant d’arriver au Grand Palais, à Paris l’année prochaine), force est de constater une nouvelle fois que Vélasquez a la stature d’un géant, aux côtés de Raphaël, Monet ou Picasso. Avec quelques-unes de ses créations les plus notoires (comme la Vénus Rokeby de la National Gallery de Londres ou la Forge de Vulcain du Prado mais évidemment pas les Ménines du même musée), il démontre une main impeccable et une acuité psychologique rarement mariées à ce niveau. Mais également une étonnante versatilité. Portraits, scènes de genre, compositions mythologiques, effets de foule ou natures mortes : il n’est guère de domaine où il n’ait excellé. Et si Google avait raison ?
Vélasquez au Kunsthistorisches Museum, du 28 octobre 2014 au 15 février 2015.

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EXPOSITIONS

Pop made in Germany

FRANCFORT – En 1963, dans une boucherie de Düsseldorf, une exposition provocatrice présente pour la première fois le « German Pop Art ». L’un des deux organisateurs, qui allait devenir célèbre, Gerhard Richter, est le premier à utiliser cette appellation. Elle regroupera rapidement d’autres courants, notamment à Berlin, Munich et Francfort, alors la ville la plus américaine d’Allemagne, car quartier général de l’US Army. Evoquant à coup de shampooing et de café soluble la société de consommation et ses mécanismes d’aliénation, le Pop allemand est autant un refus de l’art abstrait qu’un moyen de régler ses comptes à la figuration de matrice national-socialiste. Réunissant plus de 150 œuvres, cette rétrospective est la première exploration en profondeur du mouvement. Si elle laisse une large place aux leaders comme Bayrle et Klapheck, elle fait aussi apparaître une composante moins connue, celle des artistes femmes que furent Christa Dichgans ou Bettina von Arnim.
German Pop au Schirn Kunsthalle, du 6 novembre 2014 au 8 février 2015.

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Intérieur de Jacqueline Delubac, vue du grand salon, photographie couleur, Collection particulière. © DR

Les deux vies de Jacqueline Delubac

LYON – Elle fut l’une des actrices fétiches de l’entre-deux-guerres, ce à quoi contribua son mariage avec Sacha Guitry. Mais Jacqueline Delubac (1907-1997), considérée comme l’une des femmes les plus élégantes de son temps (longtemps fidèle à Paquin, elle arborait dans les années 60 d’audacieuses robes géométriques de Pierre Cardin), fut aussi une amatrice d’art avertie. Au lendemain de la Libération, elle abandonne sa carrière à la scène et au cinéma pour fréquenter assidûment galeries et salles de ventes. Cédant ses bijoux pour acheter un Dufy ou craquant à 75 ans pour un Francis Bacon, elle se constitue une collection originale. Peu avant sa mort mémorable (à la suite d’une collision avec une bicyclette), elle la lègue au musée de Lyon. L’exposition ne se borne pas à présenter cette trentaine d’œuvres mais en fait revenir d’autres qui passèrent entre ses mains, et restitue la disposition de son appartement du quai d’Orsay, où les murs, du corridor jusqu’au dressing, étaient tapissés de tableaux.
Jacqueline Delubac, le choix de la modernité au musée des Beaux-Arts, du 7 novembre 2014 au 16 février 2015.

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Le regard Guggenheim

BILBAO – Le titre « L’art de notre temps » est à prendre au sens large puisque ce temps dure une centaine d’années. Réunissant des chefs-d’œuvre des collections du Guggenheim, l’exposition retrace un parcours idéal dans l’art du XXe siècle. Comme chez Dante, il se déroule en cercles concentriques : au troisième étage, les origines avec les cubistes, Rothko et Chillida, au deuxième le Pop Art, le conceptuel et, enfin, au premier les avant-gardes actuelles, ouvertes sur la Chine, le Proche-Orient, l’Amérique latine et la vidéo.
El arte de nuestro tiempo au Guggenheim Bilbao, du 23 octobre 2014 au 25 mai 2015 (1er et 2e étages jusqu’au 3 mai 2015).

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VENTES


Lot 177, Mathieu Merian, La Danse des morts comme elle est dépeinte dans la ville de Basle, Bale, Jean Rudolphe Im-Hof, 1744. Estimation : 2000-2500 €.

Guaita, le goût du mystère

PARIS – Les ventes ont parfois ceci de bon qu’elles ressuscitent des personnages extraordinaires, depuis longtemps tombés dans l’oubli. C’est le cas de ce Stanislas de Guaita, collègue de Barrès sur les bancs de l’école de Nancy, qui abusa des substances psychotropes et mourut jeune, à 36 ans, en 1897. Disposant d’une solide fortune familiale, il avait cependant eu le temps de se constituer une remarquable collection de livres sur le thème de l’occultisme. Magnétisme, spiritisme, magie noire ou simplement utopie : tous ces chemins avaient été explorés par le bibliophile, de l’Utopie de Thomas More dans une édition de 1550 à la somme de Jacques Duval, Des Hermaphrodites (1612), jusqu’au Discours admirable d’un magicien de la ville de Moulins (1623). Cette vente est une étonnante deuxième chance puisque la collection Guaita avait déjà été dispersée en 1899, avant d’être patiemment (et partiellement) rassemblée par un héritier.
Voyage à travers les sciences occultes, livres provenant de la bibliothèque Stanislas de Guaita chez Piasa, le 7 novembre 2014.

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LIVRES

France sans visage

Une préface de Houellebecq, voilà qui n’est pas fréquent. Notre auteur national s’en prend à une France immobile où les Français se bornent à « jouer le rôle de Français ». Dans un monde homogénéisé, la seule façon d’entretenir la tradition consiste-t-elle à mettre les personnages en scène dans un décor lisible comme un cliché ? Entre constat objectif et dérision, c’est ce à quoi s’attache l’auteur, qui, en Guillotin d’un autre genre, s’est employé à couper les visages de ses modèles (plutôt à les affubler d’un masque) et à les entourer de symboles évidents : le mouton pour l’éleveur, les pots pour la confiturière, le salon de marbre d’une préfecture pour le stagiaire de l’ENA. De quoi créer le panthéon « beauf » d’une nation en perte de vitesse… Cette perte de de repères, cette uniformisation, et, par contrecoup, cette recherche désespérée de racines factices sont-elles propres à la France ? Du redneck américain en chemise à carreaux au berger Masaï en couverture rouge, jusqu’à la chanteuse andalouse agitant ses castagnettes, notre gigantesque société du spectacle est une insatiable productrice d’icônes.
Musée national, par Marc Lathuillière, La Martinière, 2014, 216 p., 49 €.

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EN BREF

ABU DHABI – La foire d’art contemporain Abu Dhabi Art se tient du 5 au 8 novembre 2014.

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PARIS – La 20e édition du Salon international du patrimoine se tient au Carrousel du Louvre du 6 au 9 novembre 2014.

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PARIS – Pierre Daix, biographe et spécialiste de Picasso, est mort le 2 novembre 2014 à l’âge de 92 ans.

Sa biographie dans La Croix

TURIN - La foire d’art moderne et contemporain Artissima se tient au Lingotto du 7 au 9 novembre 2014.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

6 novembre 2014 - BRUXELLES - Le Botanique

L'artiste pluridisciplinaire né en 1969, qui prend pour cible l'absurdité de notre vie postmoderne, présente un délicat cabinet de dessins

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