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N° 371 - du 8 janvier 2015 au 14 janvier 2015


L'escalier monumental de Yapahuwa, Sri Lanka (photo R. Pic)

L'AIR DU TEMPS

Lettre du Sri Lanka

La perle de l’Océan Indien est connue pour ses plages paradisiaques, pour ses éléphants, et pour sa terrible guerre civile, qui s’est achevée en mai 2009 avec la défaite sanglante des Tigres tamouls. A l’heure où se tiennent de nouvelles élections présidentielles (ce 8 janvier), l’île espère ne pas retomber dans les affres du passé et poursuivre son expansion touristique, qui l’a vue récemment dépasser la barre du million de visiteurs par an. Avec un vrai potentiel de croissance car le Sri Lanka ne se limite pas à ses atouts naturels. Il possède un patrimoine culturel assez mal connu à l’étranger (à l’exception de la fameuse dent du Bouddha à Kandy) : les plus grands réservoirs et les plus grands stupas de briques jamais bâtis de main humaine, ainsi que des cités millénaires. Ces capitales de pierre aux chapiteaux sculptés et aux immenses bouddhas couchés – Anuradhapura, Polonnaruwa, Yapahuwa, Sigiriya -, étaient oubliées, enfouies dans la jungle, il y a quelques décennies à peine. La fascination qu’elles exercent s’apparente à celle des vestiges mayas du Yucatán. Mais pas leur notoriété : il ne leur reste plus qu’à se faire connaître…

EXPOSITIONS


Renato Guttuso, Mâchoire de requin dans un paysage, 1974, huile sur toile, 63 x 73 cm. Courtesy Galleria d’Arte Maggiore, Bologna.

Guttuso, paladin du réalisme

LONDRES – Sa grande rétrospective s’est tenue il y a deux ans, à l’occasion du centenaire de sa naissance officielle (réellement né le 26 décembre 1911, il n’a été déclaré à l’état-civil qu’en janvier 1912), à Rome, sa ville d’adoption. Le Sicilien Renato Guttuso (1911-1987), interprète italien du réalisme social illustré en France par Fougeron, a été une figure incontournable de l’art italien du XXe siècle. Il a brassé tous les genres, du portrait à la nature morte, avec une prédilection pour les grandes compositions pleines de pathos, d’une célèbre Crucifixion (abhorrée par la Vatican) à la Fuite de l’Etna en passant par la Vucciria, évocation trépidante du grand marché de Palerme. Guttuso, ami de Picasso et de Togliatti (dont il dépeignit les grandioses funérailles) est largement négligé aujourd’hui. Cette petite exposition londonienne permet de retrouver certains de ses thèmes-clés et de le rapprocher de son ami, le peintre anglais Peter de Francia (mort en 2012 à 90 ans), qui traita aussi de sujets socio-politiques, comme le bombardement de Sakiet, en Tunisie.
Renato Guttuso, Painter of Modern Life, à l’Estorick Collection, du 14 janvier au 4 avril 2015.

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L’opératrice Ottilia Reizman à Budapest (Hongrie) en 1944. © RGAKFD.

La Shoah filmée depuis Moscou

PARIS – On connaît évidemment Nuit et brouillard d’Alain Resnais. Et l’on sait que certains des plus grands réalisateurs américains, dont John Ford, Samuel Fuller et George Stevens, furent à pied d’œuvre pour filmer la libération des camps de la mort. On connaît moins bien l’implication soviétique en la matière. Cette exposition permet de lever le voile à partir de nombreuses archives, dont les prises de vues de Roman Karmen à Maidanek, premier camp découvert par l’Armée rouge le 23 juillet 1944, ou les rushes pris à Auschwitz dès le 31 janvier 1945. Ces images sont à prendre avec des pincettes. Réalisées dans des conditions difficiles, elles doivent servir la propagande soviétique. Il n’est donc pas rare qu’elles soient retravaillées, voire remises en scène (ainsi à Auschwitz, avec des paysannes en bonne santé jouant le rôle des prisonnières, pour magnifier le rôle salvateur de l’Armée rouge), tandis que la judéité des victimes est souvent éludée. Au-delà du sujet, émouvant et éprouvant, c’est une véritable réflexion sur le pouvoir de l’image et sa manipulation.
Filmer la guerre : les Soviétiques et la Shoah au Mémorial de la Shoah, du 9 janvier au 27 septembre 2015.

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Pieter Hugo, Green Point Common, Le Cap, 2013. © Pieter Hugo, courtesy Galerie Stevenson, Le Cap/Johannesburg et Yossi Milo, New York

Hugo, les rayons et les ombres

Il s’appelle Pieter mais on pourrait donner à son travail récent un titre de Victor… Né en Afrique du Sud en 1976, Pieter Hugo a commencé la photographie à l’adolescence, en même temps que prenait fin l’apartheid. Blanc dans un continent noir, africain sans l’être, il a délaissé les séries qui ont fait sa notoriété (le Rwanda, les albinos, la confrérie des hommes-hyènes au Ghana) pour se pencher, depuis huit ans, sur sa propre histoire, sa famille, son lien à sa terre. Mêlant portraits sans concession, natures mortes, espaces urbains dégradés, il dresse le bilan d’un pays à mi-parcours qui est loin d’avoir pansé toutes ses plaies et qui n’est arc-en-ciel que dans la rhétorique officielle…
Pieter Hugo à la Fondation Cartier-Bresson, du 14 janvier au 26 avril 2015.

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ET AUSSI

12 mois avec Tino Sehgal

AMSTERDAM - A la pointe de l'art conceptuel actuel, Tino Sehgal (né en 1976), qui a une formation inattendue de danseur et d'économie, va montrer la variété de son inspiration sur une année entière. Le grand musée d'art contemporain l'a invité à investir chaque mois une nouvelle salle. Janvier est sous le signe de Dan Graham et Bruce Naumann.
A year at the Stedelijk: Tino Sehgal au Stedelijk Museum, du 1er janvier au 31 décembre 2015.

La rue d'Helen Levitt

ATLANTA - Photographe d'une grande longévité, Helen Levitt (1913-2009) a documenté six décennies de vie new-yorkaise. De Harlem au Lower East Side, elle a laissé un témoignage irremplaçable sur le spectacle de la rue, croquant le quotidien des habitants, des conversations des commerçants aux jeux des enfants.
Helen Levitt au High Museum, du 10 janvier au 31 mai 2015.

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Le son de la guitare

GRONINGUE - La guitare électrique est l'une des signatures de la musique du XXe siècle. Une sélection d'instruments ayant appartenu à de grandes formations (Rolling Stones ou Oasis) permet d'ouvrir l'année de façon mélodique.
The myth of the electric guitar au Groninger Museum, du 14 janvier au 8 mars 2015.

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LIVRES

Esthétique des dictatures

La gare de Milan (de style « assyro-milanais » selon le bon mot de ses détracteurs) et le quartier de l’EUR à Rome… Les bustes virils d’Arno Breker et les discoboles musclés de Leni Riefenstahl… Le métro de Moscou et Staline paradant, en « général Hiver », sur les murs du Kremlin… Autant d’images de l’art du XXe siècle qui ont un point commun : elles sont le produit de régimes totalitaires, qui exaltent la force, promeuvent un homme neuf et condamnent au silence toute expression dissidente. L’ouvrage recense, pour les trois pays « phares » que furent l’Italie, l’Allemagne et l’URSS, les différentes expressions artistiques. Si l’architecture, la sculpture et la peinture sont assez bien connues, on découvre avec intérêt un pan négligé mais étonnamment créatif, celui du graphisme totalitaire. Pour séduire les foules sur la vaillance de leurs maîtres ou sur la fiabilité de l’industrie nationale, des artistes parfois de premier ordre – Sironi, Depero, El Lissitzki – synthétisèrent de façon très efficace les idéaux de vitesse, force et dureté. Pour faire l'apologie des pneus Pirelli, du paquebot Patria, des chemins de fer ou des increvables ouvriers de la métallurgie…
Art et dictature au XXe siècle, par Marie-Adriana Giusti et Philippe Sers, Place des Victoires, 2014, 256 p., 39,95 €

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Julien Berthier

8 janvier 2015 - PARIS - Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois

Une approche conceptuelle impliquant les sculptures d'autres artistes et les... pigeons

Notre sélection de nouvelles expositions