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N° 378 - du 26 février 2015 au 4 mars 2015

L'AIR DU TEMPS

Morandi, l’homme qui réinventa la nature morte

ROME – Il fut peintre, absolument peintre, cherchant toute sa vie à s’abstraire des remous du monde dans son petit atelier bolonais. Sans toujours y parvenir : il fut brièvement emprisonné en mai 1943, suspecté d’être un membre actif de la Résistance, et l’on ne cessa, après guerre, de l’inviter à des jurys et autres mondanités, bien qu’il déclinât systématiquement ces honneurs. Giorgio Morandi (1890-1964) n’en a pas moins laissé une trace unique dans la peinture du XXe siècle comme le prouve la cote de ses natures mortes aux bouteilles, devenues des quasi icônes, des « bodegones » de notre temps. Cette rétrospective, qui suit d’autres grandes expositions (notamment celle, posthume, de 1973, montée par le critique Cesare Brandi) ne fait pas l’impasse sur ses premières années, avec d’étonnantes compositions cubistes, ni sur ses paysages ni sur son activité, encore moins connue, de graveur. Elle montre aussi que ce peintre rare sut cultiver des amitiés solides : outre Brandi, il fut très lié, comme le montre une section consacrée à leurs rapports épistolaires, à l’historien d’art Roberto Longhi, « l’inventeur » de Caravage.
Morandi au Vittoriano, du 28 février au 21 juin 2015.

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EXPOSITIONS


Le bunker du Stedelijk à Castricum, avec des œuvres Van Gogh. Photo Joh. de Haas, collection Stedelijk Museum Amsterdam.

Le Stedelijk en guerre

AMSTERDAM – Comme la France, les Pays-Bas ont subi de plein fouet l’invasion allemande. Pays également riche en collections d’exception, il a été pillé par les nazis et certaines œuvres dans ses musées se sont révélées de provenance douteuse, alimentant une enquête récente sur les biens spoliés. Quelques exemples sont présentés en détail dans l’exposition, qui étudie le cas du Stedelijk Museum, emblématique d’une certaine forme de résistance pendant les années d’occupation. Bien que forcé d’organiser des rétrospectives orientées par les nazis, il tenta de se garder un espace de liberté en présentant des artistes non adoubés par le régime. Son directeur, Willem Sandberg, un as du design typographique, dessinait de fausses cartes d’identité pour les opposants, tout en construisant un bunker dans les dunes pour cacher la collection. A partir d’avril 1943, il dut entrer lui-même dans la clandestinité et revint après la Libération avec une exposition mémorable inaugurée par le célèbre Victory Boogie Woogie de Piet Mondrian.
The Stedelijk Museum & The Second World War, au Stedelijk Museum, du 27 février au 31 mai 2015.

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Francisco Goya, Joie (Regocijo), vers 1819–23. Encre grise et sépia au pinceau avec traces de craie blanche et grattage, 237 x 148 mm. New York, The Hispanic Society of America.

Goya, le retour des sorcières

LONDRES – C’est une réunion peu commune que propose le Courtauld, un véritable sabbat de sorcières : elles dansent, grimacent, bondissent et pestent, en vingt-deux épisodes… Toutes sont issues de la même matrice : l’esprit d’un génie noir, Goya (1746-1828), qui, à l’âge de 50 ans, devenu sourd, se mit à griffonner sur des albums secrets tout ce que le monde de la nuit et des ténèbres pouvait lui inspirer. A sa mort, ces huit albums, numérotés de A à H, furent impitoyablement démembrés et dispersés, trouvant refuge dans des musées et des collections à travers le monde. Pour la première fois, un album, le D, dit des Sorcières et des Vieilles Femmes, est recomposé dans sa totalité, ce qui a supposé des prêts de Paris, Berlin, New York, Los Angeles. Une telle messe noire n’est sans doute pas près de se reproduire…
Goya, the Witches and Old Women Album à la Courtauld Gallery, du 26 février au 25 mai 2015.

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Hervé Télémaque, Fonds d'actualité, n°1, 2002, peinture acrylique sur toile, 295,5 x 375,5 cm © Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP © Adagp, Paris

Les années Télémaque

PARIS - Représentant de pointe de la Figuration narrative, Hervé Télémaque (né en 1937) reçoit au Centre Pompidou une grande rétrospective, qui le statufie en artiste majeur de la fin du XXe siècle. Complétant celles de la Fondation Electricité de France ou de l’IVAM de Valence, elle parcourt en quelque 75 œuvres toute sa carrière : ses origines haïtiennes, son court passage à New York (1959-60), ses aller et retour successifs entre la peinture, le collage, les fresques monumentales et la sculpture. Si « Mythologies quotidiennes » le révèle en 1964 au musée d’Art moderne de la Ville de Paris en tant que recycleur de symboles de la civilisation contemporaine dans la mouvance Pop, il se laisse ensuite porter par d’autres sources d’inspiration. Voisinent alors dans son œuvre des références à la négritude ou aux grands artistes du passé, de Poussin à Magritte et Arshile Gorky.
Hervé Télémaque au Centre Pompidou, du 25 février au 18 mai 2015.

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Jusepe de Ribera, Saint Pierre et saint Paul, vers 1616, huile sur toile, 126 x 112 cm, Strasbourg, musée des Beaux-Arts © Photo : Musées de Strasbourg, Mathieu Bertola.

Du nouveau sur le jeune Ribera

STRASBOURG - En 1606, un jeune prodige espagnol de quinze ans, Ribera, débarque à Rome au moment où l’artiste le plus sulfureux du moment, Caravage, quitte précipitamment la ville, non sans y laisser une empreinte profonde. Ces années juvéniles de Ribera étaient bien moins connues que son apogée à Naples, où il s’installe à l’âge de vingt–cinq ans. Des recherches récentes ont cependant permis de lui attribuer des œuvres données jusqu’à présent au mystérieux Maître du Jugement de Salomon. L’exposition fait le point sur ce travail de découverte, en exposant des acquisitions de 2012-2013 du Louvre (Saint Jean l’Evangéliste) et du musée des Beaux-Arts de Rennes (Saint Jude Thaddée), concernant un cycle d’apostolado ou figures d’apôtres à mi-corps.
Ribera à Rome, autour du premier Apostolado au musée des Beaux-Arts, du 28 février au 31 mai 2015.

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VENTES


Lot 23 : écuelle ronde couverte et son plateau ovale, Vincennes, 1755, Estimation : 60 000-80 000 €.

La coupe du sultan

PARIS – C’est une maison de ventes jeune (elle a tenu sa première vente en mai 2014), tenue par des trentenaires (Lucie Eléonore Riveron et Cédric Melado, anciens de Piasa et Tajan), qui a émis le vœu de dédramatiser les enchères : ventes le soir (à 19h), bar à vin attenant et mise en scène soignée des expositions qui durent trois semaines, soit plus que la journée et demie réglementaire de Drouot. Les thématiques sont plutôt larges et cette vente ne fait pas exception, mêlant des tableaux de l’école grecque, du mobilier des avant-gardes du XXe siècle, des Christ polychromes et même quelques pompiers parisiens. Une pièce sort du lot : une écuelle du sultan Osman III (1754-1757). Alors que Diogène avait jeté son écuelle en voyant un enfant se désaltérer en ne se servant que de ses mains, le sultan n’entendait nullement suivre son exemple. La sienne, qu’il ne jeta jamais, était en porcelaine de Vincennes, avec un décor floral raffiné, sur fond bleu céleste et filets dentelés d’or. Elle fut offerte au banquier Michel Zarifi, pour le remercier de son appui, par un autre sultan, Abdulhamid II, qui allait se signaler par les premiers massacres d’Arméniens en 1894-96, répétition du génocide dont on s’apprête à marquer le centenaire.
Quelles histoires, le 2 mars 2015 chez FauveParis.

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LIVRES

Le Corbusier, un bilan

Fin août 1965, baignade tragique à Roquebrune, un mort… Et il ne s’agit pas de n’importe qui mais de Le Corbusier, l’un des plus influents et contestés architectes du siècle. Né en 1887, passé par l’étude de Behrens, associé à son cousin Jeanneret, il interviendra à La Chaux-de-Fonds, sa ville natale, puis à Paris (appartements et villas, pavillon de l’Esprit nouveau à l’Exposition de 1925), avant de connaître un rayonnement international après la Seconde Guerre mondiale (unité d’habitation à Marseille mais aussi Berlin, pavillon Phillips à l’Expo 58 à Bruxelles, bâtiments du gouvernement du Pendjab à Chandigarh). Toute sa vie, il doublera son activité de bâtisseur d’un volet théorique (la Charte d’Athènes, le Modulor), mais aussi d’une importante production écrite (lettres et journaux) et picturale. C’est donc un véritable continent que cet ouvrage volumineux explore en profondeur au moyen d’une riche iconographie (qui nécessite de bons yeux…)
Le Corbusier le Grand, par Jean-Louis Cohen, Phaidon, 848 p., 45 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Miniartextil

27 février 2015 - MONTROUGE - Le Beffroi

Une exposition collective consacrée à l'art textile contemporain

Notre sélection de nouvelles expositions