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N° 419 - du 18 février 2016 au 24 février 2016


Jérôme Bosch, Allégorie de la gloutonnerie (fragment de la Nef des Fous), vers 1500-10, New Haven (États-Unis), Yale University Art Gallery. Photo Rik Klein Gotink et traitement de l’image

L'AIR DU TEMPS

Bosch, l'expo du siècle ?

BOIS-LE-DUC (Pays-Bas) – Comment célébrer dignement son enfant le plus célèbre – un peintre de la fin du Moyen Age – lorsqu’on ne possède aucun de ses tableaux ? En montant un projet scientifique apte à convaincre les grands musées internationaux de prêter leurs trésors sans la traditionnelle contrepartie (la promesse d’un échange futur). C’est un peu la morale de l’exposition consacrée dans sa ville natale à Jérôme Bosch pour le 500e anniversaire de sa mort. Une enquête ambitieuse, utilisant les plus récentes techniques de radiographie, de spectrographie et de dendrochronologie, a permis de scanner l’ensemble de son œuvre, d’en étudier les détails cachés (comme des repentirs) et de piloter des restaurations. Bosch est très rare : 24 peintures sur panneau et 20 dessins seulement. Mais c’est quasiment un carton plein pour les organisateurs : 17 peintures et 19 dessins sont présents ! Quand on connaît la fragilité et la valeur de ces œuvres, on mesure l’exploit. Pas de Tentation de saint Antoine, restée à Lisbonne, mais la Nef des fous du Louvre, l’Allégorie de la débauche de Yale ou encore le Jugement dernier de Bruges. Avec un bémol de dernière minute : le musée du Prado, choqué par la réattribution de deux de ses chefs-d'œuvre (la Pierre de folie et sa propre Tentation de saint Antoine) à l'atelier et non à l'artiste lui-même, a refusé, à la dernière minute, de les prêter. Tout en autorisant la sortie du Chariot de foin, qui revient aux Pays-Bas 450 ans après en être parti...
Jheronimus Bosch – Visions of Genius au Noordbrabants Museum, du 13 février au 8 mai 2016.

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• Le site du Bosch Research and Conservation Project

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MUSÉES


Vue extérieure Mémorial de Verdun © Jean-Marie Mangeot

L'enfer de Verdun, tentative de restitution

VERDUN – Le 21 février 1916, ce fut l’apocalypse sur la Meuse : un million d’obus tirés en 24 heures par les canons allemands. Une apocalypse qui se poursuivit pendant dix mois, jusqu’au 18 décembre. Trois cents jours et un chiffre rond de mille morts par jour – 300 000 morts – pour 60 millions d’obus – un par mètre carré dans cette terre meurtrie à jamais… Comment rendre compte de cette bataille de fin du monde, comment faire comprendre l’horreur de ces chiffres bruts ? Le Mémorial de Verdun, après deux ans et demi de travaux, a entièrement renouvelé sa muséographie. Ce qui était conçu à l’ouverture (1967) comme un lieu de recueillement pour les victimes françaises, au cœur d’une « zone rouge » intouchée depuis la fin de la guerre, a vu sa fonction évoluer. Des dons inattendus d’objets (lettres et carnets de dessins, uniformes, fragments de vitraux, gants et masques contre les gaz, jambes de bois, etc.), et la prise en compte du point de vue allemand en ont fait un véritable centre plurinational du souvenir. Et un avertissement permanent pour l’avenir : quand on se déplace au milieu des obus de 75 et des cuisines roulantes, entre les derniers mots du peintre Frans Marc (mort le 4 mars 1916)) et les ordres d’exécution de fusillés pour l’exemple, sur cette boue parfaitement restituée où tant d’hommes sont morts de gangrène, on se persuade que la guerre est vraiment une connerie. Et que cette Europe tant décriée nous en préserve depuis trois quarts de siècle… Parmi les objets touchants, la malle de Louis Pergaud, l’auteur de la Guerre des boutons : elle fut renvoyée à sa veuve. Une paire de chaussettes, quelques cigarettes, une écharpe, un crayon. Derniers souvenirs d’un homme parmi d’autres, qui aurait préféré continuer à se battre à coup de billes et de frondes…
• Le Mémorial de Verdun (55100 Fleury-devant-Douaumont) rouvre au public le 22 février 2016.

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EXPOSITIONS


Massimo Campigli, Les couturières, 1925, huile sur toile. Musée d'Etat de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg.

Enquête sur Piero

FORLÌ – C’est l’un des peintres les plus connus de la Renaissance et, en même temps, un des plus énigmatiques. Piero della Francesca (1420-1492), l’auteur du cycle sur la Légende de la Vraie Croix à Arezzo, s’est créé un univers bien à lui, très formaliste, à l’architecture géométrique et symétrique, aux perspectives rigoureuses, dans lequel les hommes semblent des mannequins silencieux, porteurs d’une inquiétante étrangeté. D’où l’impact que cette œuvre a pu avoir au XXe siècle, à l’époque de recherches sur le moi, la psyché, l’aliénation. Après avoir replacé Piero dans le cadre de son temps (ses maîtres et ses disciples), c’est le propos central de l’exposition : son influence par-delà les siècles, notamment après la redécouverte de son œuvre par l’intermédiaire de Charles Loyeux, auteur de copies impressionnantes au XIXe siècle, puis du groupe de Bloomsbury (Duncan Grant) et de Roberto Longhi. On peut ensuite suivre tout un filon du XXe siècle qui s’inspire de sa lumière, de son hiératisme, de ce sentiment d’absence : Balthus, bien sûr, mais aussi une fine équipe italienne avec Felice Casorati, Massimo Campigli, Corrado Cagli.
Piero. Indagine su un mito aux Musei San Domenico, du 13 février au 26 juin 2016.

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AILLEURS EN EUROPE...


Félix Trutat, Bacchante, 1845, huile sur toile, Dijon, Musée des Beaux-Arts

Modernes bacchantes

BORDEAUX – La figure de la bacchante, créature de Bacchus, a irrigué l’art antique. Les modernes y ont aussi trouvé leur compte comme le montre cette exposition à la Galerie des beaux-arts mêlant, entre autres, Géricault, Gérôme et Bakst. Du 12 février au 23 mai 2016.

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Les Vivarini, une affaire de famille

CONEGLIANO – Trois peintres vénitiens sur deux générations, Antonio, Bartolomeo et Alvise, qui, à la tête de leur bottega, contribuent dans la seconde moitié du XVe siècle au passage du gothique à la Renaissance. Ils sont réunis au Palazzo Sarcinelli. Du 20 février au 5 juin 2016.

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Wilhelm Bendz, Intérior d'Amaliegade, vers 1829. The Hirschsprung Collection, Copenhague.

Intimités peintes

COPENHAGUE – Comment, entre 1730 et 1930, les peintres ont-il rendu la chaleur du foyer, l’intimité du chez soi ? Réponse au SMK avec Chardin, Berthe Morisot Munch et une série de peintres scandinaves méconnus. Du 11 février au 8 mai 2016.

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Eckersberg redécouvert

HAMBOURG – Eckersberg (1783-1853) fut une célébrité en son temps. Ce peintre néo-classique danois, habitué des ruines de Rome, sort de son purgatoire scandinave pour une ambitieuse rétrospective à la Kunsthalle. Du 11 février au 16 mai 2016.

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Arthur Hughes, In The Grass (détail) © Museums Sheffield

Armada préraphaélite

LIVERPOOL – La Walker Art Gallery se plonge dans l’un des mouvements chéris du grand public, celui des préraphaélites. Rossetti, Millais, Madox Brown et quelques peintres moins connus comme Thomas Hugues. Du 12 février au 5 juin 2016.

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Bruegel en gris

LONDRES – On le connaît comme un grand coloriste. Mais Bruegel l’Ancien a aussi produit d’étonnantes grisailles – à vrai dire, nous n’en conservons que trois - que montre le Courtauld Institute. Du 4 février au 8 mai 2016. Bruegel l’Ancien, Trois Soldats, Frick Collection, New York

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Giuseppe Pellizza da Volpedo, Le Noyé, 1894, huile sur toile, Museo Civico, Alessandria.

Avant-gardes italiennes

MADRID – Segantini, Balla, Boccioni, Carrà : ce sont quelques-uns des artistes de l’avant-garde italienne au tournant du XIXe siècle. La Fundación Mapfre les a réunis pour expliquer le passage du divisionnisme au futurisme. Du 17 février au 5 juin 2016.

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Son espagnol

PALMA – C’est une proposition originale que celle de la Fundación March : un parcours à travers cinquante ans d’art sonore en Espagne, dans le sillage des Sound Studies qui se développent dans le monde. Du 10 février au 21 mai 2016.

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Magie d'Equateur

PARIS – Le musée du quai Branly explore la figure du chamane dans l’Equateur précolombien, passeur entre le monde des hommes et celui des divinités. Du 16 février au 15 mai 2016.

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LIVRES

C215, maître pochoiriste

En tant que représentant emblématique de l’art urbain, on imagine Christian Guémy, alias C215 (l’origine de ce pseudonyme restant mystérieuse), toute la journée dans la rue avec ses bombes. En réalité, il passe l’essentiel de son temps (jusqu’à une dizaine d’heures par jour) à découper ses pochoirs. Brouillant tous les codes (il est catholique, surdiplômé, père de famille), C215 a conservé l’instinct de révolte, contre l’injustice ou l’inégalité, propre à la plupart des street artists. Ses œuvres – essentiellement des portraits - couvrent les murs du monde entier (de Vitry au Sri Lanka) ou la boîte aux lettres du coin de la rue. Remettant en cause la vision traditionnelle du droit d’auteur, il fournit même avec cette monographie abondamment illustrée un pochoir détachable…
C215, Albin Michel, 2015, 304 p., 49 €.

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Total Soulages

Un catalogue raisonné, c’est un peu comme le film de Woody Allen, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir…. Le maniement n’en est généralement pas aisé mais il donne une vision inégalable de la production, de la continuité ou des obsessions d’un artiste. Dans le cas de Soulages, voici, jour par jour, 16 ans de création, du 19 avril 1997 au 23 mai 2013. Soit exactement 469 toiles, de formats variés, de 22 cm jusqu’à près de 4 mètres de côté. Surfaces unies ou non, noir mat ou brillant, huile ou acrylique, empreintes, balafres ou stries ? Tout l’opus de Soulages peut être exploré de manière systématique et chronologique. Pour compléter cette plongée dans l’outrenoir, les expositions sont dûment recensées ainsi que les propriétaires lorsqu’ils ont accepté d’apparaître.
Soulages. L’œuvre complet, peintures, 1997-2013, par Pierre Encrevé, Gallimard, 2015, 464 p., 149 €

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EN BREF

KARLSRUHE – La foire d’art moderne et contemporain Art Karlsruhe se tient du 18 au 21 février 2016.

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LYON – Le musée des Beaux-Arts de Lyon a acquis La Mort de Chioné de Nicolas Poussin.

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PARIS – La Pinacothèque de Paris, en procédure de redressement judiciaire depuis novembre 2015, a annoncé sa fermeture, effective au 15 février 2016.

Le site de la Pinacothèque

PARIS – Lors du remaniement du 11 février 2016, Audrey Azoulay a été nommée ministre de la Culture, en remplacement de Fleur Pellerin.

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ROME - L'Italie a créé une force de «casques bleus du patrimoine» sous l'égide de l'Unesco, pour protéger les sites en danger.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE