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N° 448 - du 3 novembre 2016 au 9 novembre 2016


Enrico Lionne, L'Attente, 1919, huile sur toile, 114 x 79 cm, Galleria d’Arte Moderna Giannoni, Novare.

L'AIR DU TEMPS

Quand l’Italie était capitale de l’art nouveau

REGGIO EMILIA - Dans leur descente vers le Grand Sud, les touristes ne s’y arrêtent guère. Reggio Emilia est pourtant une ville historique : c’est là qu’a été déployé pour la première fois le drapeau tricolore italien et elle fut l’un des foyers de l’agitation ouvrière dont Bertolucci a brossé une belle fresque dans Novecento. La ville d’Emilie a un nouvel atout - temporaire - pour séduire : elle abrite une rétrospective ambitieuse sur le Liberty, le versant italien de l’Art nouveau. Alors que Gallé, Guimard, Mucha sont des noms célèbres, les interprètes italiens, pourtant très nombreux, ont eu du mal à voir leur place reconnue au soleil de ce mouvement 1900. L’exposition répare ces lacunes en accumulant quelque 300 œuvres. Il y a là des peintres comme Duilio Cambellotti et Ettore Tito, des sculpteurs comme Leonardo Bistolfi et Pietro Canonica, des affichistes auteurs de superbes posters pour les expositions de Turin de 1898 et 1902. Mais, on le sait, le Liberty, comme ses cousins européens, est une discipline totale qui se délecte de l’union des arts. On peut descendre jusqu’à Palerme pour voir les chefs-d’œuvre de l’architecte Ernesto Basile, on peut aussi redécouvrir un joyau tout proche, les thermes de Salsomaggiore, orchestrés par le céramiste et verrier Galileo Chini (1873-1956), qui fut l’un des artistes préférés du roi de Siam.
Liberty in Italia, artisti ala ricerca del moderno au Palazzo Magnani, du 5 novembre 2016 au 14 février 2017.

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EXPOSITIONS


Sir Lawrence Alma-Tadema, Position avantageuse, 1895, huile sur toile, 58,9 x 44.5 cm, collection Ann et Gordon Getty.

Alma-Tadema, le souffle chaud de l’Antiquité

LEEUWARDEN - Il est un concitoyen de Mata Hari, originaire de la Frise. Comme elle, il a fait fortune loin des Pays-Bas. Mais son pays natal ne l’a jamais oublié, et lui consacre aujourd’hui une rétrospective complète. S’il a excellé dans le portrait ou dans les évocations médiévales (Frédégonde devant le lit de mort de Prétextat), c’est dans l’Antiquité que Lawrence Alma-Tadema (1836-1912) a trouvé son univers de prédilection. Se nourrissant de voyages en Grèce et en Italie (notamment à Pompéi, où il prend consciencieusement les mesures des ruines), accumulant une imposante bibliothèque de 4000 volumes (aujourd’hui à l’université de Birmingham), il peut aussi bien résumer un événement historique (le Triomphe de Titus) que restituer l’atmosphère intime de jeunes amoureux ou de femmes au bain. Dans un musée flambant neuf et lumineux, financé par le don généreux d’un architecte à succès (Abe Bonnema), la rétrospective aux 80 toiles n’oublie pas les icônes, notamment les ébouriffantes Roses d’Héliogabale. Mais l’on voit aussi les panneaux peints par les amis et voisins (comme Lord Leighton) pour meubler la fastueuse demeure londonienne de 64 pièces (qui avait été celle de Tissot). Une section avec projection d'extraits de péplums montre l’influence durable d’Alma-Tadema sur les réalisateurs de Hollywood, jusqu’au récent Gladiator de Ridley Scott.
Alma-Tadema, At Home in Antiquity au Fries Museum, jusqu’au 7 février 2017.

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ABÉCÉDAIRE DES NOUVELLES EXPOSITIONS

ALECHINSKY (CHEZ MATISSE)

LE CATEAU-CAMBRÉSIS - Les Aiguilles, de Port-Coton à Belle-Ile-en-Mer, fascinèrent le jeune Matisse en 1896. Cent dix ans plus tard, en 1996, le peintre Alechinsky les croque à son tour. Le résultat est présenté au Musée départemental Matisse. Du 5 novembre 2016 au 12 mars 2017.

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BOCCIONI (CENTENAIRE)

TRENTE - Il a été symboliste, un brin liberty mais surtout futuriste. Sa carrière a été tronquée par une mort précoce à la guerre. Cent ans après sa mort, Boccioni (1882-1916) est évoqué en 67 tableaux au MART. Du 5 novembre 2016 au 19 février 2017.

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FRIANT (NATURALISTE)

NANCY - Le peintre Emile Friant (1863-1932) est largement oublié. Le musée des Beaux-Arts le remet à l’affiche en en faisant un des derniers naturalistes et en montrant des tableaux récemment restaurés. Du 4 novembre 2016 au 27 février 2017.

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MÉSOPOTAMIE (NOS ORIGINES)

LENS - L’histoire commence à Sumer : c’était le titre d’un ouvrage à succès de l’historien Noah Kramer. Substituant un terme pour un autre, le Louvre Lens puise dans les collections du grand frère parisien pour montrer combien notre civilisation est redevable aux habitants du Croissant fertile, aujourd’hui englués dans des guerres sans fin. Du 2 novembre 2016 au 23 janvier 2017.

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SOROLLA (TERRESTRE)

LA COROGNE - Il est connu comme le peintre de la mer et de l’eau. Mais Sorolla a aussi posé son chevalet à la campagne et en montagne, comme le montre cette rétrospective de la Fondation Barrié. Du 4 novembre 2016 au 26 février 2017.

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE

L’insoutenable légèreté de Tino Sehgal

Dans un ancien numéro de Science & Vie d’après-guerre, une ménagère se plaignait de ne pas savoir si elle mangeait du poulet ou du poisson, tant ledit poulet était nourri aux farines de poisson. Avec Tino Sehgal, toutes proportions gardées, c’est la même problématique : on suppose que c’est de l’art, mais on ne comprend pas très bien de quoi il est fait. De la danse ? Du théâtre ? De la vidéo ? De la musique ? Il y a aussi l’art de la conversation quand les accompagnateurs vous prennent par le bras et vous racontent leur vie ; une once de frayeur quand des performeurs musclés vous empêchent de sortir d’une salle ; du jardinage, voire du sprint avec ces groupes de jeunes qui parcourent à toute allure le palais de Tokyo. Il n’est pas nécessaire de comprendre les visées de l’artiste pour trouver l’ensemble stimulant : différents sens sont sollicités (ne pas manquer la salle où des danseurs vous frôlent dans le noir absolu), et l’on est contraint de baisser la garde, d’abandonner nos stratégies habituelles de communication. Le cocktail est étonnant et demande à être testé : d’ailleurs, l’artiste ne laisse pas circuler d’images….
Carte blanche à Tino Sehgal au Palais de Tokyo, jusqu’au 18 décembre 2016.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


INHABITED BY OBJECTS

8 novembre 2016 - BRUXELLES - CAB

Une réflexion contemporaine sur la Maison démontable de Jean Prouvé (1944)

Tous les vernissages de la semaine

LIVRES

Gilles et Pierre

Quarante ans que le fameux duo produit ses images excentriques, retouchées avec un goût certain du kitsch… Ce qui avait commencé dans l’effervescence des années 70, les « années Palace », qui s’était nourri d’une iconographie gay et d’influences exotiques (notamment l’imagerie sucrée de la chanson égyptienne), a bien tenu le choc du XXIe siècle. C’est à l’inauguration de la boutique Kenzo de la place des Victoires que Pierre Commoy (né en 1950) et Gilles Blanchard (né en 1953) font connaissance en 1976. Le plus jeune est fou de photomatons et de collages, le plus âgé pratique la photo. L’union des deux allait donner naissance à une patte reconnaissable, scellée la première fois pour le magazine Façade en 1976 : des photos rehaussées de couleurs vives, bordées de paillettes, de dorures et de fleurs. Parmi les icônes traitées par le duo : Catherine Deneuve, Jean Paul Gaultier, Nina Hagen, Arielle Dombasle, la soubrette Zahia ou, récemment, Béatrice Dalle en Lucrèce Borgia. Tout un who’s who kitsch défile, intercalé d’autoportraits ironiques, où les deux se représentent en mariés, en présidents, et même en mafieux tamouls…
Pierre et Gilles, 40, Flammarion, 2016, 400 p., 95 €

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EN BREF

PARIS - Le Salon international du patrimoine culturel a lieu du 3 au 6 novembre 2016.

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PARIS - Le festival Photo Saint-Germain a lieu du 4 au 20 novembre 2016.

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TURIN - La foire d'art contemporain Artissima a lieu du 4 au 6 novembre 2016.

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