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N° 450 - du 17 novembre 2016 au 23 novembre 2016


Taq-e Kisra, vue de la façade et de la voûte occidentale, Ctésiphon, Irak, 1928-1931 ? © Ktesiphon-Archiv / Musée d'art islamique / Musées d'Etat de Berlin, photo anonyme.

L'AIR DU TEMPS

Ainsi meurent les civilisations…

BERLIN - Avec la concomitance du Brexit et de l’élection de Trump, nous avons le sentiment de nous trouver à un tournant de l’histoire. Et aussi la désagréable impression que ce cours de l’histoire, qui nous semblait il y a six mois un long fleuve tranquille, peut basculer en très peu de temps. Certaines expositions peuvent donner corps de façon inattendue à ces réflexions. Ainsi celle que le Pergamon Museum de Berlin consacre aux Sassanides. La plupart d’entre nous sont incapables de situer dans le temps et dans l’espace cette civilisation des hauts plateaux iraniens. Elle tint pourtant tête pendant quatre siècles à Byzance, contrôla un territoire plus grand que les Etats-Unis actuels et fut capable d’aller voler la Vraie Croix à Jérusalem ! Il n’en reste que quelques ruines grandioses - tombeaux creusés dans la falaise, aqueducs souterrains et ce palais gigantesque sur les rives du Tigre, dans l’ancienne capitale Ctésiphon. L’exposition montre combien l’oubli est chose aisée et combien le destin peut virer rapidement. Il suffit, au milieu du VIIe siècle d’une crise dynastique (dont l’équivalent aujourd’hui serait une crise politique), et de l’ambition de nations voisines pour rayer de la carte, en quelques années, un ordre qui semblait éternel. Les analogies sont toujours délicates mais rien n’empêche de les cultiver en admirant ces coupes en argent repoussé, ces camées délicats et ces tissus de soie que les Sassanides - en bons apôtres d’une mondialisation qui n’a rien de neuf - faisaient passer de la Chine vers l’Occident…
L’héritage des anciens rois. Ctésiphon et les sources persanes de l’art islamique. au Pergamonmuseum, du 15 novembre 2016 au 2 avril 2017

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EXPOSITIONS


Alechinsky, Astre et désastre, 1969, acrylique sur papier avec une prédelle à l’encre de chine sur papier argent marouflé sur toile, 155 x 155 cm. Collection privée, courtesy galerie Lelong. Photo D.R © ADAGP. Paris, 2016.

Alechinsky s’invite chez Matisse

LE CATEAU-CAMBRÉSIS - Dans une civilisation de plus en plus digitale, le vénérable mais tonique Pierre Alechinsky (il est né en 1927) montre son attachement viscéral au livre. Il en réalisé des dizaines avec les plus émérites poètes et littérateurs, vivants ou morts (Balzac, Michaux, Cendrars, Joyce Mansour, Gérard Macé). Dans le musée dédié à Matisse sur ses terres, le rapport au maître de l’art moderne se lit dans un goût partagé pour l’écrit, la lecture, le geste calligraphique, l’exubérance décorative et typographique. Mais aussi dans un même thème traité à exactement un siècle d’intervalle (1896 et 1996) par les deux artistes : les aiguilles de Belle-Ile-en-Mer. L’exposition, pleine de petits objets (livres, sceaux à graver) montre aussi d’immenses formats aux couleurs éclatantes, ces fameux Marginalia où un motif central est entouré de frises en forme de bande dessinée, lointaines descendantes des prédelles de la Renaissance.
Alechinsky, Marginalia au musée Matisse, du 5 novembre 2016 au 12 mars 2017

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Picasso roman

BARCELONE - L’exposition explore le rapport de Picasso à l’art roman, en s’appuyant sur deux dates clés : 1906 et le séjour à Gosol ; 1934 et sa visite au musée national de Catalogne, qui accueille l’actuelle exposition, où un accent particulier est mis sur la thématique de la crucifixion. Au Museu Nacional de Catalunya, du 17 novembre 2016 au 26 février 2017.

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Paul Klee, La Vue d'Ahriman, 1920, aquarelle et gouache sur carton, 12,5 x 20,5 cm, coll. part.

Klee surréaliste

BERNE - Aussi électron libre soit-il, Paul Klee a suivi de près les mouvements artistiques de son temps, notamment le surréalisme, dont il fréquenta les principaux exposants à Paris au début des années 1920. Sont ici mis en vis-à-vis ses œuvres et celles de contemporains comme de Chirico, Ernst, Miró. Au Zentrum Paul Klee, du 18 novembre 2016 au 12 mars 2017.

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Ligabue, tragique naïf

ROME - A mi-chemin entre expressionnisme et art brut, Antonio Ligabue (1899-1965) a eu une carrière tourmentée, marquée par des séjours en hôpital psychiatrique. Assimilé aux naïfs, il invente une nature luxuriante, pleine de bêtes féroces, parfois meublée d’une motocyclette, sa passion tardive… Au Vittoriano, du 11 novembre 2016 au 8 janvier 2017.

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Tancredi, un autre dripping

VENISE - Il fut avec Jackson Pollock le seul artiste que Peggy Guggenheim eut sous contrat. Malgré une existence encore plus brève (1926-1964) que celle de son alter ego américain (1912-1956), Tancredi Parmeggiani a eu le temps de développer une œuvre riche dans la galaxie de l’informel. A la Collezione Peggy Guggenheim, du 12 novembre 2016 au 13 mars 2017.

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LIVRES

L’histoire au tableau

Comment des populistes aux programmes éblouissants - dont ils n’ont à peu près rien mis en pratique dans leur parcours personnel - peuvent-ils séduire le peuple ? Pourquoi des nations, fatiguées du statu quo, décident-elles de se lancer dans l’inconnu comme des alouettes fonçant vers un miroir ? Encore une fois, l’histoire fourmille d’exemples parlants dont l’étude serait fort bienvenue. Mais, sauf lorsqu’elle est enseignée par des stars du petit écran, elle n’est plus une discipline à la mode. Il y a une dizaine d’années, une enquête du Daily Telegraph montrait qu’un enfant sur dix pensait que Hitler était l’entraîneur de l’équipe de football d’Allemagne. La situation ne s’est sans doute pas améliorée. Certains vademecums sont donc les bienvenus, comme cet ouvrage qui décrypte des tableaux de l’histoire de l’art. On peut orienter son intérêt vers les têtes couronnées (l’entrée de Charles VIII à Naples par Féron), les batailles et les sièges (celui de La Rochelle en 1627-28 par Motte), la diplomatie (la réception des ambassadeurs de Siam par Gérôme) pour voir les transformations visibles - et les invariants de fond. Ou - c’est d’actualité - analyser l’évolution du droit de vote et des intronisations, où l’on note que le progrès donne parfois des résultats étranges… Qu’ont donc demandé les députés au Jeu de paume le 20 juin 1789 ? Quels fastes ont entouré le couronnement de Napoléon le 2 décembre 1804 ? Quel rôle joue Lamartine en faveur du suffrage universel sur les marches de l’Hôtel de Ville le 25 février 1848 ? Un bon tableau vaut parfois mieux qu’un bon discours…
L’Histoire de France expliquée par la peinture, par Guillaume Picon, Larousse, 2016, 224 p., 25 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Annabelle ARLIE

17 novembre 2016 - PARIS - Galerie Derouillon

Une jeune artiste qui recycle de manière conceptuelle le réservoir infini d'internet

Tous les vernissages de la semaine

EN BREF

PARIS - Les 65 dessins inédits de Van Gogh, issus d'un unique cahier et publiés le 17 novembre par le Seuil, ne sont pas considérés comme authentiques par le musée Van Gogh d'Amsterdam.

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TOURCOING - L'Institut du monde arabe inaugure une antenne en région le 17 novembre 2016.

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