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N° 451 - du 24 novembre 2016 au 30 novembre 2016


Revolver de calibre 7 mm, à 6 coups, crosse en bois et détente pliable, type Lefaucheux, n° de série 14096, Liège, vers 1870. Estimation : 50 000 - 70 000 €. Courtesy Christie's.

L'AIR DU TEMPS

Le revolver qui faillit tuer Rimbaud

PARIS - « Puisque tu pars, prends ça ! » Et le coup de feu retentit dans la chambre d’hôtel. La balle ricoche et se fiche dans le plancher. Une seconde décharge suit, vite accompagnée d’un hurlement. Le projectile a troué le bras de la victime ! Voilà une affaire somme toute assez banale. Sauf dans le cas présent : celui qui tire s’appelle Verlaine, celui qui encaisse s’appelle Rimbaud. En ce 10 juillet 1873, il fait chaud à Bruxelles, et les flots d’absinthe ont contribué à rendre électrique la mauvaise ambiance. Le jeune Rimbaud a en effet annoncé à son amant qu’il le quittait pour aller à Londres. Ce coup de feu aura des conséquences majeures pour la littérature française. Verlaine, emprisonné 555 jours à Mons, produira parmi ses meilleurs poèmes, notamment le recueil Jadis et naguère. Rimbaud, réfugié chez sa mère, pondra Une Saison en enfer. On en redemanderait presque, de ces escarmouches… L’événement revient à l’affiche par l’intermédiaire d’une vente aux enchères. Le pistolet Lefaucheux que Verlaine avait acheté pour 23 francs le matin même chez l’armurier Montigny, galerie de la Reine, existe toujours. Après l’agression, il avait été rendu à l’armurier, qui l’a conservé jusqu’à la fermeture de la boutique, près d’un siècle plus tard, en 1981. Son propriétaire, le liquidateur, l’a ensuite tenu en sécurité dans un tiroir. Les quelque 70 000 euros aujourd’hui estimés sont une bagatelle pour le plus littéraire des pistolets (avec celui qui transperça Pouchkine lors de son duel du 29 janvier 1837 contre Georges d’Anthès). Plutôt que de le voir rejoindre le coffre fort d’un golden boy, on aimerait que le généreux acheteur en fasse don au musée Rimbaud à Charleville, où il s’y fera tranquillement des cheveux blancs…
The Exceptional Sale chez Christie’s, le 30 novembre 2016.

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EXPOSITIONS


Ribera, Portrait d'homme à la cagoule, encre brune, pinceau, 245 x 180 mm, fin des années 1630, Staatliche Museen zu Berlin, Kupferstichkabinett, Berlin.

Ribera, virtuose du dessin

MADRID - On l’appelait péjorativement « le Petit Espagnol » (lo Spagnoletto) à l’époque où il éblouissait ses commanditaires de Naples, où il vécut plus de trente ans. Ce qui n’empêcha pas Ribera (1591-1652) d’être grand par ses qualités de composition et de tension dramatique (ainsi dans son Martyre de saint Barthélemy, conservé au Musée national d’art de Catalogne, où le malheureux apôtre est écorché vif). On connaissait moins bien son œuvre de dessinateur, marquée par une touche plus claire, plus éloignée de la mouvance de Caravage (qui ne faisait pas dessin préparatoire), sachant tirer parti du blanc du papier. Autour de la publication du catalogue raisonné, qui recense 157 dessins, un tiers de cette production est réunie, provenant du monde entier : Londres, Haarlem, New York, Bloomington, Providence ou Mdina à Malte. A côté de découvertes récentes, on y trouve ses martyrs préférés (ce qui lui valut au XVIIIe siècle la réputation de peintre sadique !) mais aussi des personnages de la mythologie et une étonnante série de têtes.
Ribera, maestro del dibujo au Prado, du 22 novembre 2016 au 19 février 2017.

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Avant-gardiste Mauri

NAPLES - Fabio Mauri (1926-2009) fut un artiste important de l’après-guerre en Italie, qui s’est intéressé aux mécanismes du totalitarisme et à l’utilisation par les idéologies de la communication de masse. D’une grande famille d’éditeurs, il connaissait bien son sujet, qu’il a exploré par le biais d’installations, de performances, de projections. Le Museo Madre lui consacre une ambitieuse rétrospective. Du 26 novembre 2016 au 6 mars 2017.

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Spécificités autrichiennes

MONTBÉLIARD - Sous un titre poétique, , « L’île des bienheureux », qui fait allusion à des expressions utilisées par le pape Paul VI et le chancelier Kreisky, le musée des ducs de Wurtemberg explore deux siècles d’art autrichien, et le rôle de communautés culturelles diversifiées dans des frontières en perpétuel mouvement. Du 19 novembre 2016 au 5 mars 2017.

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VENTES


Lot 75 bis : paire de colonnes provenant du pavillon central du palais des Tuileries. Hauteur : 5,20 m. Estimation : 250 000 - 300 000 €.

Vous reprendrez bien un peu de Tuileries

PARIS - Les connaisseurs de Paris savent où se trouvent les dernières pierres de la Bastille (dans la maçonnerie du pont de la Concorde ou au château de Vizille en Isère), les fenêtres qui ont survécu à l’incendie de l’hôtel de Ville en 1871 (dans le passage Gantelet), le gros œuvre des Tuileries (une belle arcade remontée en 2012 dans la cour Marly au Louvre et une bonne quantité de pierres incorporées dans le château de la Punta près d’Ajaccio). Voici qu’il leur est donné d’acquérir des vestiges archéologiques de même importance : deux colonnes ayant aussi appartenu au palais des Tuileries, construit par Philibert de l’Orme pour Catherine de Médicis dans le troisième quart du XVIe siècle, et proie des flammes pendant la Commune. Ces colonnes en calcaire, rachetées comme le reste des ruines par l’entrepreneur-démolisseur Achille Picart en 1882, sont conservées au manoir des Gandines, aux Essarts-le-Roi. L’acquéreur, après avoir déboursé un montant de l’ordre de 250 000 euros (estimation basse), ne sera cependant pas libre de les débiter en rondelles : les deux colonnes sont inscrites aux monuments historiques depuis 1989.
Dessins anciens, tableaux anciens, mobilier à Drouot le 26 novembre 2016 (Auction Art Rémy Le Fur & Associés).

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE


Maurizio Cattelan, La Nona Ora, 1999, résine polyester, gomme de silicone, pigment, cheveux naturels, tissu, vêtements, accessoires, pierre, moquette. Photo : Zeno Zotti. Vue de l’exposition à la Monnaie de Paris.

Maurizio Cattelan, le retour

Sans aller jusqu’aux réaction extrêmes qu’ont pu susciter les caricatures de Mahomet, les œuvres iconoclastes de Maurizio Cattelan (né en 1960) ont choqué, deux notamment : le pape Jean-Paul II terrassé par la chute d’un météorite et Adolf Hitler agenouillé en premier communiant, en attitude d’orant dans son costume de tweed. Cattelan, qui avait promis de ne plus exposer après sa rétrospective « définitive » au Guggenheim en 2011 fait comme Messi et les joueurs de foot qui se respectent : ravaler ses paroles et mettre fin à sa retraite internationale… Dans les décors XIXe de la Monnaie de Paris, renforcés de velours rouge, il présente toutes ses « époques », sauf les performances inmontrables (comme sa fondation Oblomov, qui finançait les artistes acceptant de ne rien produire). A côté de l’aspect provocateur, la dimension autobiographique s’impose : perché sur des corniches, sortant la tête d’une cave ou allongé dans un lit, Cattelan est omniprésent. Ses selfies ont au moins la vertu d’être de parfaites reproductions en cire et non de médiocres images bougées. Le titre de l’exposition est énigmatique mais laisse sous-entendre que le manque d’amour ne fait pas de bien à notre monde…
Maurizio Cattelan, Not Afraid of Love à la Monnaie de Paris, jusqu’au 8 janvier 2017.

LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


LA FEMME VISIBLE

24 novembre - PARIS - Galerie Nathalie Seroussi

De Hans Bellmer à Gil Joseph Wolman, les avatars de l'éternel féminin

Tous les vernissages de la semaine

LIVRES

Le Toumelin, illuminations picturales

« A mesure que son enveloppe spirituelle devient de plus en plus frêle - elle a maintenant 93 ans -, sa lumière intérieure rayonne davantage vers ceux qui l’entourent. » Ses mots écrits par son fils - le moine bouddhiste Matthieu Ricard - peuvent aussi s’appliquer à la peinture de Yahne Le Toumelin. Dans sa veine non figurative, que l’on pourrait qualifier d’abstraction lyrique, elle procède comme les peintres d’icônes, enlevant de la peinture pour arriver à un certain état d’équilibre. Ses tempêtes, ses coups de vent, ses ondées, ses aurores boréales, ses surfaces minérales - que chacun interprète librement ! - rejoignent l’art de ses amis Mathieu, Soulages et Zao Wou-Ki. Mais comme le rappelle cet ouvrage, elle eut aussi une carrière surréaliste sous l’aile d’André Breton (qui l’expose en 1957) après s’être formée chez André Lhote. Son chemin de vie eut une influence majeure sur son œuvre : fille de navigateurs bretons, première épouse de Jean-Fançois Revel, marquée par ses séjours à Mexico, à Tlemcen, à Darjeeling et au Bhoutan, elle a fusionné les techniques classiques et l’illumination bouddhiste - ce qu’elle continue à faire dans sa dixième décennie…
Lumière, rire du ciel, Yahne Le Toumelin, par Matthieu Ricard, Editions de La Martinière, 2016, 144 p., 50 €.

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EN BREF

NEW YORK - Une Meule de Monet a atteint le prix record de 81,4 millions $ le 16 novembre 2016 chez Christie’s.

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PARIS - Le salon macparis a lieu du 24 au 27 novembre 2016.

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PARIS - Les prix d’architecture 2016 L’Equerre d’argent ont notamment récompensé l’agence Muoto (pour le Lieu de vie de Gif-sur-Yvette) et Rudy Ricciotti (pour le mémorial de Rivesaltes).

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STRASBOURG - La foire St-Art a lieu du 25 au 28 novembre 2016.

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