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N° 460 - du 9 février 2017 au 15 février 2017


Salvador Dalí, Couple aux têtes pleines de nuages, 1936, Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam, photo : Studio Tromp, Rotterdam. © Pictoright

L'AIR DU TEMPS

Quand Dalí était aux fourneaux

ROTTERDAM - Davantage que d’autres mouvements du XXe siècle, le surréalisme s’est prêté à une création de nature collective. Les cadavres exquis et autres dessins automatiques ont donné lieu à plus d’une soirée arrosée entre amis, en vue d’explorer le subconscient. Il était donc naturel que beaucoup de ces productions restent dans des circuits étroits. L’importance de ces collections privées est soulignée par cette exposition qui en réunit quatre. Si l’une est relativement récente - celle des époux allemands Pietzsch - les trois autres ressuscitent des personnalités romanesques : Roland Penrose (1900-1984) fut le biographe de Picasso et le mari de Lee Miller ; Edward James (1907-1984), un excentrique anglais qui se fit construire une maison délirante au Mexique ; et Gabrielle Keiller (1908-1995), une golfeuse devenue « reine de la confiture » car héritière d’une des fameuses marmelades de Dundee. Leurs biographies valent bien les œuvres des artistes qu’ils ont aimés… La liste est attendue (Bellmer, Brauner, Leonor Fini, Masson, Miró, Picabia, etc.) mais les œuvres rarement vues ou aux ressorts mal connus : qui sait que le fameux portrait de dos dans un miroir par Magritte (Reproduction interdite, 1937) représente Edward James ? Pour pimenter une visite trop sage, les commissaires ont prévu une « nuit surréaliste » (le 4 mars) et un « dîner surréaliste » concocté par quatre des meilleurs chefs des Pays-Bas, qui vont cuisiner du Dalí pour 160 happy few (le 22 mars). Le maître catalan bénéficia en effet ici en 1970 de sa première grande rétrospective européenne : une excellente façon de lui rendre hommage est de mettre en application ses fameux Dîners de Gala.
Mad About Surrealism au musée Boijmans van Beuningen, du 11 février au 28 mai 2017.

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EXPOSITIONS


David Hockney, Portrait d'un artiste (piscine avec deux personnages), 1972, coll. part. © David Hockney Photo Credit: Art Gallery of New South Wales / Jenni Carter

Le monde cristallin de David Hockney

LONDRES - Depuis le décès de Lucian Freud, en 2011, on lui donne couramment du « plus grand peintre britannique ». David Hockney, qui s’apprête à fêter ses 80 ans, est en tout cas une valeur sûre. Les expositions rétrospectives fleurissent. Après celle de la Royal Academy en 2012, la Tate Britain annonce un rassemblement historique de quelque 160 œuvres. On y trouve évidemment le monde lumineux de la Californie des années soixante et soixante-dix qui l’a rendu célèbre - piscines, gazons et amours gay - mais aussi ses œuvres précoces à la saveur surréaliste et ses dernières incursions dans le monde de la vidéo ou de la peinture numérique, pour croquer les paysages de son Yorkshire natal. Qu’il lorgne du côté des maîtres anciens (il a écrit sur le secret de leur technique) ou de Picasso, Hockney ne sera peut-être pas immortalisé au côté de Francis Bacon et Henry Moore. Mais il fait montre d’une multiplicité de styles qui donne le tournis…
David Hockney à la Tate Britain, du 9 février au 29 mai 2017.

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Kirchner, un tempo berlinois

ZURICH - C’est à une explosion de couleur que convie cette exposition : elle couvre les six années berlinoise d’Ernst Ludwig Kirchner (1911-1917), démarrées dans un maëlstrom créatif (il est l’un des fondateurs du mouvement expressionniste Die Brücke) et endeuillées par la guerre. Le conflit sera cependant, à sa manière, une source d’inspiration, faisant succéder aux femmes bariolées et aux étés sur la Baltique ensoleillée le quotidien des soldats et la plongée dans la drogue et l’alcool.
Kirchner, les années berlinoises au Kunsthaus, du 10 février au 7 mai 2017.

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Otto Dix, Femme allongée sur une peau de léopard, 1927, huile sur bois, 68 x 98 cm, Herbert F. Johnson Museum of Art, Ithaca, NY. © VG Bild-Kunst, Bonn, 2017.

Très dur Dix

DÜSSELDORF - Tandis que Zurich étudie une période précise de l’art de Kirchner, Düsseldorf fait de même, sur un temps encore plus court, avec Otto Dix. Les trois années 1922-1925 furent celles où il donna naissance, à Düsseldorf même, à sa fameuse série de gravures sur la guerre après une gestation d’une décennie. Elles furent surtout celles où il devint l’un des hérauts de la « Nouvelle Objectivité », avec ses portraits au scalpel de la bourgeoisie et de ses amis artistes. Lignes dures, couleurs saturées, poses scabreuses : un regard sans pitié - comme l’époque...
Otto Dix au Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen , du 11 février au 17 mai 2017.

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Bons baisers de Moscou

LONDRES - Lénine, Staline, Trotski et Zinoviev, certes, mais aussi Chagall, Malévitch et Kustodiev. La Révolution russe, dont on s’apprête à fêter le centenaire cet automne, a été un évident creuset artistique. De la photographie de Rodtchenko aux constructions de Tatline, en passant par l’inépuisable activité des affichistes, en voici un large panorama. Parmi les curiosités, on verra le Cercueil de Lénine, peint par Petrov-Vodkin en 1924, une œuvre presque gênante à l’époque (car Lénine était supposé éternel) et démodée aujourd’hui (la religion orthodoxe supplée de nouveau aux besoins de la foi), donc rarement exposée par la galerie Trétiakov…
Revolution. Russian Art 1917-1932 à la Royal Academy of Arts, du 11 février au 17 avril 2017.

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Italie Art déco

FORLÍ - L’Italie est en veine d’expositions thématiques : après le Liberty et le Pop Art à l’automne dernier, le pays remet le couvert avec l’Art déco qui remet en lumière le style phare des années vingt et trente. Si l’Italie a été marquée comme le reste du monde par la découverte d’Howard Carter (la tombe de Toutankhamon) et par la grande exposition parisienne de 1925, elle a su garder un style propre, décelable à l’élégance des lignes à la qualité du fini.
Art déco. Gli anni ruggenti in Italia aux musées San Domenico, du 11 février au 18 juin 2017.

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VENTES


Jacques Loysel, La Grande Névrose, vers 1896, marbre blanc, 35x93x48 cm. Estimation : 120,000-180,000 £.

Eloge de l’érotisme

LONDRES - La date n’est évidemment pas choisie au hasard : c’est pour honorer la saint Valentin que Sotheby’s a concocté cette vente piquante sur le thème de l’érotisme. On y trouve de l’amour et du sexe à travers les âges. Outre des dessins de Grosz et Picasso qui ne surprendront pas, on y trouvera les beaux marbres polis qui mettaient en transe nos aïeuls de la Troisième République (comme cet impeccable nu allongé au nom parlant de Grande Névrose, créé par un jeune artiste de 21 ans, Jacques Loysel, et qui obtint un succès de scandale à l’Exposition universelle de 1900). La France étant considérée comme une pourvoyeuse abondante en la matière, une autre curiosité est faite d’un bel acajou de Cuba, avec une sirène sculptée, et des cygnes : estimé 600 000 €, il s’agirait du lit d’Esther Lachmann, mieux connue sous son nom de courtisane, la Païva, qu’elle a léguée à un bel hôtel particulier des Champs-Elysées.
Erotic: Passion & Desire chez Sotheby’s le 16 février 2017.

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LIVRES

Ode aux cafés

Le café se récolte, se torréfie, se moud, se boit. Mais il n’est pas qu’un produit de consommation. Les temples qui se sont créé autour de son usage et qui ont pris son nom - les cafés - ont joué un rôle non négligeable dans les avant-gardes culturelles et politiques depuis trois siècles. Du Bosphore à Londres (mais sans passer par la Slovénie où est imprimé le livre !), du Capsa de Bucarest cher à Morand au Café Américain hanté par Joseph Roth à Amsterdam, voici défiler des centaines de lieux. Montparnasse, bien sûr, avec ses Dôme et autres Coupole, où se retrouvaient Pascin et Kertész, mais aussi Montmartre et le Rat mort de Toulouse-Lautrec. Puis, au cours d’une déambulation où ressuscitent des piliers de comptoir et de salle comme Umberto Saba, Tristan Tzara, Karel Capek, Pessoa ou Lampedusa qui y écrivit Le Guépard, c’est toute l’Europe du petit noir et du viennois mousseux qui défile. La riche iconographie rappelle que la peinture moderne est indissociable du café - Boldini et Juan Gris en témoignent. Dans un continent qui se met à douter de son ouverture sur le monde, on ne peut que souhaiter longue vie à ces lieux de sociabilité et de création, menacés par les impératifs de rentabilité et la multiplication des chaînes insipides.
Les cafés littéraires, par Gérard-Georges Lemaire, La Différence, 2016, 640 p., 45 €.

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EN BREF

NEW YORK - Le MoMA réagit au décret anti-immigration de Trump en exposant des artistes des sept pays musulmans concernés.

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POMPEI - Une fameuse demeure de la ville antique, la Casa dei casti amanti, est ouverte au public du 11 au 14 février 2017, avant le lancement des travaux de restauration.

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ROTTERDAM - La foire d'art moderne et contemporain Art Rotterdam a lieu du 9 au 12 février 2017.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


HARRY GRUYAERT

11 février 2017 - ANVERS - Gallery 51

Un photographe avec une vision très cinématographique

Notre sélection de nouvelles expositions