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N° 484 - du 21 septembre 2017 au 27 septembre 2017


© Nouvelle AOM / photo RSI Studio / IDA+

L'AIR DU TEMPS

Montparnasse, tour sans fin

PARIS - Le vieux quartier pittoresque de Montparnasse, celui de Bubu et de Kiki, des ateliers d’artistes, des bars où Hemingway allait boxer avec Scott Fitzgerald, reçut un coup terrible au début des années 1970 lorsque la construction de la plus haute tour intra-muros (210 mètres) exigea de faire place nette. Pour les opposants défaits et dépités mais sarcastiques, le seul intérêt de la tour Montparnasse était que, depuis sa carcasse métallique, on ne la voyait pas… Un demi-siècle après sa construction, elle est devenue un repère banalisé, et la terrasse de son 56e étage offre la meilleure vue sur la ville. Elle a pourtant vieilli et doit subir une cure de jouvence. Le concours architectural de sa rénovation, lancé en juin 2016, a attiré la bagatelle de 700 agences, dont des poids lourds de la réflexion urbaine comme OMA et Architecture Studio. Ce 19 septembre 2017, c’est un groupement peu connu qui vient de l’emporter, Nouvelle AMO, constitué de quadragénaires (Franklin Azzi, Fréderic Chartier, Pascale Dalix, Mathurin Hardel et Cyrille Le Bihan). Sont concernés 40 000 m2 de façades aux 7200 fenêtres et 120 000 m2 de surface intérieure. Les lauréats ont imaginé une végétalisation bien dans l’air du temps, sous le nom de « métamorphose bioclimatique », particulièrement visible dans les premiers étages et au sommet, qui sera doté d’une sorte de capsule vitrée et boisée. Ils promettent une tour transparente, vivant « en permanence » avec l’introduction de nouveaux usages « innovants », dont le contenu reste à préciser. L’opération, d’un coût estimé de 300 millions d’euros, devrait être achevée pour les Jeux olympiques de 2024. Reste à voir si cette mue réconciliera définitivement les Parisiens avec leur bâtiment le moins aimé.
• L’exposition Métamorphose de la tour Montparnasse au Pavillon de l’Arsenal, du 20 septembre au 20 octobre 2017, présente les différents projets.

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EXPOSITIONS


Anders Zorn, Portrait d’Elizabeth Sherman Cameron, huile sur toile, 1900 © Coll. Part. Photo Courtesy Atheneum

Zorn, Paris galant et Suède profonde

PARIS - Cent onze ans qu’on l’attendait ! Anders Zorn (1860-1920) n’a pas été exposé à Paris depuis 1906. Le peintre suédois fut pourtant un des chouchous de la Belle Epoque. Installé boulevard de Clichy, il triomphait au Salon avec ses portraits mondains, qui valent bien ceux de Boldini et Carolus-Duran, ou avec des nus audacieux qui corsaient sa gloire d’un léger parfum de scandale. Grand voyageur (l’Espagne dans sa jeunesse, Londres, Istanbul, Venise, l’Amérique au cours de sept voyages différents), Zorn ne résistera pas à l’appel du bercail : à 36 ans, il s’installe dans un village au bord du lac de Siljan, dans cette plaine suédoise tant aimée de la Dalécarlie, y croquant les paysages changeants et les paysannes nues au corps vigoureux. Aquarelliste dans l’âme, Zorn était aussi un graveur émérite. On dit qu’il dessina le portrait de Renan sur la plaque de cuivre en moins d’une heure. Par le biais de dons, notamment de l’artiste lui-même, la BnF possède l’une des collections les plus complètes de son œuvre gravé (75% de ses 288 planches), qui constituent une section intéressante de l’exposition.
Andres Zorn, le maître de la peinture suédoise au Petit Palais, du 15 septembre au 17 décembre 2017.

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Irving Penn, Jeune femme avec du tabac sur la langue (Mary Jane Russell ; New York, 1951 ; épreuve gélatino-argentique ; 37,5 × 36,5 cm ; The Metropolitan Museum of Art, New York, Promised Gift of The Irving Penn Foundation © Condé Nast.

Sept décennies de Penn

PARIS - Déjà montrée au Metropolitan Museum de New York, la rétrospective dédiée à Irving Penn explore toutes les facettes d’un photographe à la remarquable longévité (mort à 92 ans en 2009) qui a touché à tous les genres. Il est surtout connu pour son travail dans la mode : il a collaboré sans discontinuer à Vogue pendant 66 ans, de 1943 à 2009, et y a réalisé 165 couvertures - un record difficile à battre ! - notamment avec son épouse, le mannequin suédois Lisa Fonssagrives. Mais l’exposition montre qu’il a aussi brillé dans la nature morte (sa fameuse série sur les mégots de cigarettes), les scènes urbaines ou les portraits - qu’il s’agisse d’épiciers londoniens, de paysans péruviens ou de stars internationales, de Picasso à Marlene Dietrich et Truman Capote. Les 275 tirages sont tous des vintages, c’est-à-dire effectués du vivant de Penn : l’occasion d’approcher au plus près cette indéfinissable lumière de Paris qu’il qualifiait de « douce mais précise », qu’il recréait savamment en studio et qui nimbe nombre de ses images.
Irving Penn au Grand Palais, du 21 septembre 2017 au 29 janvier 2018.

AILLEURS EN EUROPE

FLORENCE - Le Palazzo Strozzi est l’écrin idéal pour une rétrospective sur le Cinquecento à Florence, sous le signe de Pontormo, Michel-Ange et Giambologna.
Du 21 septembre 2017 au 21 janvier 2018.

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FRANCFORT - Le Städel Museum met en regard deux grands coloristes, Matisse et Bonnard, et étudie l’amitié qui les a liés pendant quarante ans.
Du 13 septembre 2017 au 14 janvier 2018.

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LONDRES - L’enfant terrible des années quatre-vingt, tôt disparu, Jean-Michel Basquiat (1960-1988), se mesure à l’architecture brutaliste du Barbican Center.
Du 21 septembre 2017 au 28 janvier 2018.

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MILAN - Le Hangar Bicocca présente sept « ambienti spaziali » ou environnements colorés de Lucio Fontana, structures éphémères reconstituées pour la première fois.
Du 21 septembre 2017 au 25 février 2018.

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ROME - Dans l’évolution de Picasso du cubisme vers le classicisme, le voyage à Rome de 1917 pour travailler sur les Ballets russes) fut un événement déclencheur qu’étudient les Scuderie del Quirinale.
Du 22 septembre 2017 au 21 janvier 2018.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


HICHAM GARDAF

26 septembre 2017 - LYON - Regard Sud

En écho à la Biennale d'art contemporain, le regard d'un jeune photographe sur la banlieue marocaine

Notre sélection de nouvelles expositions

LIVRES

Le musée personnel de Monet

Les peintres peignent, ils collectionnent aussi… On peut voir dans son musée la collection de Pablo Picasso, qui ne se sépara jamais de son Douanier Rousseau ou de son Balthus. Idem avec Rodin en son bel hôtel Biron. Monet cultivait le même intérêt pour les œuvres d’autres artistes, en plus jaloux. « Seulement, je suis un égoïste. Ma collection est pour moi seul… et pour quelques amis », écrivait-il. Reconstituer ce fonds a été un travail délicat : si certaines œuvres sont restées patrimoine de la famille puis du musée Marmottan-Monet, créé en 1934, beaucoup ont été vendues par son fils Michel, qui finançait ainsi ses expéditions africaines. Les identifier, les localiser a été le fruit d’une longue enquête qui fait l’objet d’une exposition au musée lui-même (jusqu’au 14 janvier 2018). Monet a obtenu quelques tableaux par échange ou par cadeau mais, indice du collectionneur passionné, il n’a pas hésité à débourser des sommes importantes, même pour des œuvres de ses vieux amis (ainsi pour une Jeune Fille au bain de Renoir, aujourd’hui au Metropolitan de New York). L’ouvrage suit la trace de cet ensemble, qui comprend aussi bien des estampes japonaises que des Signac et des Jules Chéret, et qui fait la part belle au maître Cézanne, avec, en particulier cet étonnant Nègre Scipion qu’il chérissait et que les aléas du marché de l’art ont envoyé à São Paulo.
Monet collectionneur, par Marianne Mathieu et Dominique Lobstein, Hazan, 2107, 312 p., 35 €.

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EN BREF

BUENOS AIRES - Bienalsur, nouvelle biennale d’art contemporain, présente son volet d’expositions du 14 septembre au 31 décembre 2017 dans plusieurs villes d’Amérique latine.

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FLORENCE - La 30e Biennale des antiquaires a lieu du 23 septembre au 1er octobre 2017.

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LYON - La 14e Biennale d’art contemporain a lieu du 20 septembre 2017 au 7 janvier 2018 sur le thème des « mondes flottants ».

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