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N° 515 - du 10 mai 2018 au 16 mai 2018


Caspar David Friedrich, Voyageur contemplant une mer de nuages, vers 1817, huile sur toile, 94.8 x 74.8 cm, Hamburger Kunsthalle © SHK / Hamburger Kunsthalle / bpk / Elke Walford.

L'AIR DU TEMPS

Le XIXe siècle, une école d'évasion

BERLIN - Partir, c’est mourir un peu, mais c’est aussi apprendre, découvrir, échanger. Chez les artistes, écrivains, comédiens ou peintres, c’est un élan incompressible que cette « envie de voir le monde ». Comment a-t-elle été transcrite au XIXe siècle ? C’est le thème de cet accrochage, qui puise dans une vaste sélection d’artistes européens, montrant qu’il s’agissait d’une pulsion partagée. On y retrouve aussi bien Friedrich – qui a produit quelques icônes sur le sujet, dont ces hommes esseulés face à une mer de glace ou de nuages – ou Renoir – un simple chemin de campagne serpentant entre les coquelicots peut porter loin… L’errance se goûte mieux à pied et tous ces baladins des temps passés ont une canne, un piolet, un sac, de bonnes chaussures pour les aider à avancer : le Danois Willumsen, le Russe Kramskoy, le Suisse Hodler… Ce goût pour l’évasion et le contact direct avec la nature impliquait déjà un ralentissement des rythmes – une question toujours plus actuelle, qui s’incarne notamment dans les appels à la décroissance.
Wanderlust à l’Alte Nationalgalerie, du 10 mai au 16 septembre 2018.

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EXPOSITIONS


Eusebio Sempere, El reloj, 1966, gouache sur panneau, 25 x 24 cm, coll. famille Merino Guereñu.

Sempere revient

MADRID - Un tiers de siècle qu’il est décédé : le temps est venu de réévaluer la trajectoire d’Eusebio Sempere (1923-1985). Son poids dans le jeune mouvement de l’art cinétique ibéro-américain (notamment impulsé par la galerie Denise René) est minoré par son parcours à contre-courant : installé à Paris dans les années cinquante, il retourne en Espagne en 1960 et développe son art dans la semi-apnée que constituait la dictature franquiste. En réussissant à s’en échapper, comme lors d’un voyage aux Etats-Unis en 1964, qui lui permet de rencontrer Josef Albers, ou en étant très actif au sein des mouvements qui opèrent aux limites de la censure. Présentant plus de 150 œuvres de 1949 à 1981 – des gouaches, des reliefs, des mobiles, des compositions en carton, bois ou tubes de métal chromés – l’exposition a un petit air de rétrospective définitive…
Eusebio Sempere au musée Reina Sofía, du 9 mai au 17 septembre 2018.

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Maria Lassnig, Sans titre, crayon et aquarelle, 1986, 62,7 x 43,8 cm. Photo et © Maria Lassnig Stiftung .

Lassnig, par elle-même

BALE – Quasiment contemporaine et d’une longévité comparable à celle de Louise Bourgeois (1911-2010), l’Autrichienne Maria Lassnig (1919-2014) compte parmi les grandes dames de l’art du XXe siècle. Privilégiant le dessin sur papier, elle a créé un corpus dérangeant pour son époque : souvent nue – à table, au lit, dans l’eau ou à moto - elle prend son propre corps comme matériau de base et effectue une longue introspection de plusieurs décennies, qui se veut un portrait « mental » plutôt que physique. Dans une longue carrière, qui l’a vu flirter au début avec l’abstrait et le tachisme, fréquenter aussi bien André Breton qu’Arnulf Rainer, la reconnaissance est venue tard, avec un Lion d’or à la Biennale de Venise en 2013. Les 90 œuvres débutent ici avec les premiers autoportraits des années 40 et se concluent avec les mêmes motifs, un demi-siècle plus tard, montrant une étonnante constance.
Maria Lassnig au Kunstmuseum, du 12 mai au 26 août 2018.

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Le V&A regarde vers le futur

LONDRES – Le Victoria & Albert fait de la prospective… Fidèle à une certaine approche expérimentale, il réunit une centaine d’objets qui doivent changer, voire révolutionner, notre façon de vivre. Si l’angle invoqué est celui du design – bonne pâte qui se plie à toutes les demandes – les objets volent tous azimuts, du satellite low cost CubeSat à une imprimante 3D pouvant travailler en apesanteur jusqu’à ces disques de mémoire en verre, mis au point par l’université de Southampton et pouvant résister des milliards d’années : probablement plus qu’il n’en faut…
The Future Starts Here au Victoria & Albert Museum, du 12 mai au 4 novembre 2018.

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Frank Auerbach, Julia, 1998. Etching and aquatint from two plates in black over gold, 258 × 203 mm (plate). Private collection, Cologne. Photo: Städel Museum © Frank Auerbach, courtesy Marlborough Fine Art.

Auerbach/Freud, portraits croisés

FRANCFORT – Frank Auerbach (né en 1931) est l’un des derniers survivants parmi les géants de l’art anglais du XXe siècle. L’idée est bonne de le présenter en compagnie de son contemporain Lucian Freud (1922-2011), tous deux issus de la communauté juive allemande ayant dû trouver asile à Londres contre la barbarie. La notoriété du second aide à donner au premier l’écho qu’il mérite. Et le rapprochement est légitime : Freud et Auerbach se sont connus en 1956, se sont appréciés tout au long de leur vie et ont labouré de façon obsessionnelle le thème du portrait, qui fournit le fil conducteur de l’exposition.
Frank Auerbach & Lucian Freud au Städel Museum, du 16 mai au 12 août 2018.

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LIVRES

Victor Hugo : vive le paranormal

Accompagné d'une sélection de ses dessins à l'encre - un univers que l'on qualifie immanquablement d'onirique, d'halluciné, de mystérieux - le texte prend ici tout son sens. L'auteur a en effet traqué dans le corpus démesuré de l'écrivain romantique toutes les mentions, jour après jour, de ses expérimentations avec les phénomènes inexplicables. « Bruits singuliers ». « Au point du jour, une voix de femme a dit tout haute dans ma chambre : Moi ». « Rasoir Napoléon rouillé et taché de savon ». « Deux coups ont été frappés au-dessus de ma tête », « A partir de cinq heures du matin, petits coups secs partout dans ma chambre et jusque sur moi ». Egrenés de 1827 à 1885, ils définissent un être profondément sensible et angoissé, loin du colosse à barbe blanche paisible et rationnel. N’aurait-il pas pris congé, pendant son agonie, avec un dernier alexandrin - « C’est ici le combat du jour contre la nuit » ?
Victor Hugo, choses nocturnes, par Gérard Pouchain, éditions Le Vistemboir, 2018, 304 p., 28 €

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


INK#3

10 mai 2018 - MARSEILLE - Studio Fotokino

Dans le cadre du Printemps d'art contemporain de Marseille, un rendez-vous de l'édition d'art alternative

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