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N° 531 - du 27 octobre 2018 au 31 octobre 2018


Edward Burne-Jones, L'amour au milieu des ruines, 1870-1873, huile sur toile, 95,3 x 160 cm, collection particulière.

L'AIR DU TEMPS

Burne-Jones, la beauté glacée du préraphaélisme

LONDRES – Les préraphaélites anglais sont un peu comme les impressionnistes français, les expressionnistes allemands ou les macchiaioli italiens : une école nationale qui suscite des rétrospectives régulières et qui supporte assez bien les déplacements à l’étranger. Comme pour Johnny, la répétition ne semble pas engendrer d’effet de lassitude. On se souvient d’une belle rétrospective d’ensemble à Birmingham et Londres en 2012, d’une comparaison avec Van Eyck (en 2017 à la National Gallery), d’un focus sur Rossetti à Liverpool en 2003. Voici maintenant Burne-Jones, le peintre des femmes bien charpentées et des héros mélancoliques : il est à la Tate Britain, pour la première fois depuis 1933, année du centenaire de sa naissance. L’ami de William Morris y est avec tout son panthéon : y éclatent son sens des couleurs métalliques, des reflets, sa virtuosité dans le dessin, la multiplicité de ses supports (vitraux, tapisseries). C’est l’occasion de voir réunis des ensembles désormais dispersés : grand amateur de cycles, il passait des années à les peaufiner. Tombé en disgrâce après sa mort en 1898, Burne-Jones a fait un sacré come-back : le grand public est aujourd’hui fan de ces égéries glacées. D’autres se permettent des avis divergents : pour Jonathan Jones, critique du Guardian à la plume acérée, son art montre « combien la beauté peut être ennuyeuse »…
Edward Burne-Jones à la Tate Britain, du 24 octobre 2018 au 24 février 2019.

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EXPOSITIONS


Cercueil de Psamétik, 664-526 av. J.-C., bois stuqué et peint, 188 x 54 x 46 cm, musée de Grenoble, Don G. de Saint-Ferriol, 1916, Ville de Grenoble / Musée de Grenoble - J.-L. Lacroix.

Entrez dans le temple de Karnak

GRENOBLE – En coopération avec le Louvre, le musée de Grenoble propose d’entrer dans le saint des saints : un flashback de trente siècles (un peu moins que dans la célèbre apostrophe de Napoléon aux pyramides) pour découvrir le temple de Karnak, qui se dressait au centre de la ville de Thèbes, et le clergé d’Ammon qui y officiait. C’est l’occasion de rappeler la richesse des collections égyptologiques de province : Grenoble, qui vit Champollion travailler à la bibliothèque (un lycée y conserve sa mémoire), est particulièrement bien dotée en la matière. Plusieurs Dauphinois participèrent à l'expédition napoléonienne, dont l'ingénieur Dubois-Aymé. Plus tard, sous la Monarchie de Juillet, des pièces remarquables furent rapportées par le comte de Saint-Ferriol, parfait exemple de ces érudits de campagne qui meublaient leurs châteaux (le sien était à Uriage) de pièces archéologiques glanées lors d'un Grand Tour qui les menait en Orient.
Servir les dieux d’Egypte au musée de Grenoble, du 25 octobre 2018 au 27 janvier 2019.

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Max Beckmann, Double portrait, Carnaval, 1925, huile sur toile, 160 × 104,5 cm, Museum Kunstpalast, Düsseldorf © Max Beckmann, VEGAP, Madrid.

L’exil selon Beckmann

MADRID – Expressionniste allemand passé par les Pays-Bas durant le nazisme et qui a fini sa vie itinérante en Amérique – lot commun pour les artistes de Weimar – Max Beckmann (1884-1950) en connaissait un rayon sur l’exil. C’est le thème que laboure l’exposition, et pas uniquement de manière explicite : l’exil, c'est bien sûr l'expulsion de l'école des beaux-arts de Francfort et le parcours personnel du proscrit, qui avait déjà eu un avant-goût de ce XXe siècle sans pitié en tant qu'ambulancier volontaire pendant la Première Guerre mondiale. Mais l'exil, c’est aussi l’aliénation que l’on vit dans la grande ville, ou la perte d’identité dans un monde qui bouge trop vite…
Beckmann. Figuras del exilio au musée Thyssen-Bornemisza, du 25 octobre 2018 au 27 janvier 2019.

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Frans Pourbus de Jonge, Portrait de la famille de Karel van Arenberg avec Anna van Croy, vers 1593 © Bruno Vandermeulen - KU Leuven

Les Arenbergs, portrait-robot

LOUVAIN – Ils sont comme les Rothschild, les Albe ou les Thurn & Taxis : les Arenbergs sont l’une des grandes familles européennes. Originaires de Louvain, ayant côtoyé depuis cinq siècles les puissants, ils ont vu passer entre les murs (les fastueux châteaux d’Heverlee ou d’Enghien) rois, princesses et capitaines courageux mais aussi des chefs-d’œuvre de l’art mondial. S’y côtoyaient aussi bien une partition manuscrite de Vivaldi et le rouleau médiéval, dit Rouleau d’Arenberg que des toiles de maîtres, aujourd’hui dispersées dans de grands musées. De Dürer à Rubens, en passant par Pourbus, une partie revient temporairement du Met de New York, de la National Gallery de Londres ou du Kunsthistoriches de Vienne.
Le Pouvoir et la beauté. Les Arenbergs au M-Museum, du 26 octobre 2018 au 20 janvier 2019.

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LIVRES

Un pavé sur le cubisme

On mettra sur le compte d’un bouclage trop rapide quelques coquilles que l’on regrette pour une collection de cette qualité : un ordre alphabétique parfois approximatif («Puteaux» avant «Primitivisme», «Charles Ratton» à la lettre C) ou quelques jongleries avec les dates (dans sa notice, l’irascible Douglas Cooper se voit successivement affublé d’une naissance en 1915, d’un âge de 21 ans en 1932, d’une mort en 1984 puis en 1985). On aurait aimé voir mieux développées dans ce who’s who des personnalités étonnantes : si Alexandre Mercereau a droit à 7 pages, Gallatin n’a pas de notice, lui qui ouvrit pourtant l’une des premières collections publiques aux Etats-Unis. Pour le reste, c’est un vademecum efficace qui passe en revue les moments et les personnages clés (Apollinaire et Vlaminck aussi bien que Picabia et Picasso) d’un mouvement qui fut synthétique, analytique, eut des liens avec le cinéma, la géométrie, la musique, l’occultisme ou la photographie…
Dictionnaire du cubisme, sous la direction de Brigitte Leal, collection Bouquins, Robert Laffont, 2018, 896 p. 32 €.

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