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N° 536 - du 29 novembre 2018 au 5 décembre 2018


Sofonisba Anguissola, Autoportrait, vers 1556, château de Lancut, Pologne.

L'AIR DU TEMPS

Fortes femmes du baroque

GAND – Les femmes artistes ont enfin trouvé leur place et celles qui font concurrence aux hommes en « valeur de marché » sont désormais légion : Louise Bourgeois et Louise Nevelson hier, Julie Mehretu ou Marlene Dumas aujourd’hui. Il n’en allait pas tout à fait de même au XVIe siècle, époque où les femmes n’avaient guère le moyen de s’affirmer dans les arts. La performance d’Artemisia Gentileschi, qui y réussit, l’a fait devenir une icône, surtout depuis le beau film que lui avait consacré Agnès Merlet en 1997. Elle sert donc logiquement de tête d’affiche dans ce rassemblement de fortes femmes, en une cinquantaine de tableaux. Sofonisba Anguissola, au nom chantant, un peu sirupeux, bénéficie aussi d’une vraie notoriété, ici nourrie par des tableaux venus de Pologne, dont un bel autoportrait et une scène de jeu d’échecs. Mais les autres – par ordre chronologique Fede Galizia, Virginia da Vezzo, Elisabetta Sirani – qui aiment peindre des scènes mythologiques où les femmes ont le beau rôle – sont en attente d’un meilleur classement dans l’histoire de l’art…
Les dames du baroque au MSK, jusqu’au 20 janvier 2019.

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EXPOSITIONS


Iris van Herpen, Wilderness Embodied. Courtesy Iris van Herpen. Photo Petrovsky & Ramone pour le Gemeentemuseum Den Haag.

La mode au féminin

LA HAYE - Devenir modèle à 65 ans ? Dans un monde qui vénère la jeunesse, le lisse, le frais, le neuf ? C’est l’exploit d’Eveline Hall, mannequin allemand qui a commencé sa carrière sur les podiums à cet âge et qui le mène brillamment depuis 8 ans. Son visage orne l’affiche de cette exposition consacrée aux femmes dans la mode. Jamais elles n’ont été aussi nombreuses aux commandes de grandes marques, preuve, selon les organisateurs, que la parité entre dans les mœurs, à l’image de Maria Grazia Chiuri (Dior), Sarah Burton (Alexander McQueen), Clara Waight Keller (Givenchy), Miuccia Prada ou Iris van Herpen dont sont exposés des modèles. Si c’est en effet un homme, Worth (1825-1895), qui a donné ses lettres de noblesse à l’activité des couturières, les stylistes d’aujourd’hui ont une belle ascendance : Chanel, Jeanne Paquin, les sœurs Callot, Madeleine Vionnet, Jeanne Lanvin, Elsa Schiaparelli avaient déjà tracé un sacré sillon.
Femmes fatales. Strong Women in Fashion au Gemeentemuseum, du 17 novembre 2018 au 24 mars 2019.

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Dorothea Lange, Migrant Mother, Nipomo, California, 1936 © The Dorothea Lange Collection, the Oakland Museum of California, City of Oakland. Gift of Paul S. Taylor

Lange, du côté des démunis

PARIS – La notoriété de Dorothea Lange (1895-1966) repose presque exclusivement sur ses reportages pendant la Dépression en Amérique pour les agences créées par Roosevelt dans le cadre du New Deal : fermiers appauvris, mères courage, enfants dépenaillés et mal nourris… Comme le rappelle cette rétrospective, elle a aussi photographié avant (surtout des portraits) et après, quand elle a poursuivant son enquête sur les travers de la société, notamment sur une justice à plusieurs vitesses ou sur le traitement de la minorité d’origine japonaise aux Etats-Unis, suspectée d’entente avec l’ennemi et parquée dans des camps.
Dorothea Lange au Jeu de Paume, jusqu’au 27 janvier 2019.

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Paula Rego, La Danse, 1988. Acrylique sur papier monté sur toile - 212,6 x 274 cm. © Collection privée / Bridgeman Image.

Rego, de Lisbonne à Londres

PARIS – La petite fille lisboète, née en 1935, est devenue Dame de l’Empire britannique en 2010 : un beau parcours qui consacre un art figuratif aux personnages un rien dérangeants, mix de Beckmann, Balthus et Garouste. Des personnages groupés, aux activités et aux expressions énigmatiques, aux membres forts, aux visages marqués, aux postures contorsionnées. Paula Rego a construit sa propre Comédie humaine à partir de mannequins et masques qu’elle dispose dans son atelier et auxquels elle donne vie. Mal connue en France, elle bénéficie enfin d’une rétrospective
Les contes cruels de Paula Rego au musée de l’Orangerie, jusqu’au 14 janvier 2019.

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LIVRES

Pologne avant-gardiste

Lui est né à Minsk en 1893, elle à Moscou en 1898, mais c’est en Pologne qu’ils feront l’essentiel de leur carrière, d’abord dans les cercles d’avant-garde des années vingt, puis dans les écoles d’art les plus progressistes (notamment à Lodz). Leur dernière décennie est la plus terrible : ils subissent l’invasion allemande, puis, après-guerre, l’hostilité des autorités polonaises en tant qu’artistes formalistes, dévoyés dans l’abstraction au lieu de célébrer le réalisme socialiste. Ils se séparent, voient leurs œuvres mises au rebut et meurent, respectivement de cancer et de la tuberculose en l’espace d’une année (1951-52). Wladyslaw Strzeminski et Katarzyna Kobro, grandes figures de l’art polonais du XXe siècle, sont reconnus à leur juste valeur. Le catalogue, qui accompagne une exposition au Centre Pompidou, juxtapose le travail plan de Strzeminski et les volumes de Kobro, d’abord très géométriques avant de retourner avec ses nus en bronze à une forme de figuration presque classique.
Katarzyna Kobro, Wladyslaw Strzeminski, une avant-garde polonaise, Skira/Centre Pompidou, 2018, 200 p., 35 €

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE