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N° 542 - du 24 janvier 2019 au 30 janvier 2019


John Ruskin, Etude de feuilles mortes de chêne, 1879, aquarelle sur papier © Collection of the Guild of St George / Museums Sheffield.

L'AIR DU TEMPS

Pourquoi Ruskin est toujours moderne

LONDRES – Etonnante demeure néo-gothique construite en 1895 pour William Astor, l’homme le plus riche du monde, impeccablement restaurée, Two Temple Place est généralement louée pour des événements privés mais accueille aussi des expositions de qualité, parfois très originales (Collections industrielles du Nord-Ouest en 2015, Modernisme dans le Sussex en 2017). Cette fois-ci, c’est Ruskin qui est à l’honneur, bicentenaire de sa naissance oblige. Connu pour ses Pierres de Venise, pour son amour du gothique, pour son amitié avec les préraphaélites, Ruskin a été avant tout un réformateur social, qui croyait dans les vertus de l’éducation et de la formation permanente. Il a fondé en 1871 à Sheffield une société philanthropique (Guild of St. George) et un musée (auquel il a donné une partie de ses œuvres). Ce sont ces deux organismes qui, 150 ans plus tard, rendent hommage à leur inspirateur en réunissant près de 200 œuvres de leurs propres collections et d’autres (Ashmolean, Fitzwilliam, Tate Britain, etc.). Cela inclut évidemment des Ruskin (dont une copie de Saint Georges et le dragon de Carpaccio) mais aussi des Turner, des Audubon, des Watts. Cette collection n’avait pas de but personnel mais celui d’éduquer les masses à la beauté et au savoir. Une utopie qui peut sembler moins indispensable, aujourd’hui que tout le monde sait lire. Mais qui, en réalité, l’est d’autant plus qu’elle est menacée par la résurgence de mouvements qui affichent ouvertement leur mépris pour la culture et la connaissance…
John Ruskin, the Power of Seeing à Two Temple place, du 26 janvier au 22 avril 2019.

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EXPOSITIONS

Paolo Grassi, géant de la culture italienne

MILAN - Quand on dit Piccolo Teatro, on pense immédiatement à Giorgio Strehler (1921-1997), qui incarna aux yeux du monde l’âme du fameux théâtre milanais. En réalité, il avait un alter ego, largement oublié, surtout hors d’Italie : Paolo Grassi (1919-1981). Ensemble ou séparément, ils l’ont dirigé pendant un demi-siècle, de sa création en 1947 jusqu’à 1997… Grassi n’était pas acteur ni metteur en scène mais organisateur, le premier véritable « manager culturel » en Italie selon cette exposition qui lui rend hommage. En dehors de l’aventure théâtrale, il a aussi tâté de l’opéra, à la Scala (1972-1977), programmant les premières retransmissions en direct, puis de la télévision publique, créant la chaîne culturelle par excellence, Rai3 puis tâtant même de l’édition au plus haut niveau (président d’Electa, plus grand éditeur italien d’art) avant de s’éteindre trop tôt de maladie de cœur.
Paolo Grassi au Palazzo Reale, du 26 janvier au 24 mai 2019.

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Jean-Jacques Henner, La Liseuse, 1883 (détail) © RMN-GP (musée d'Orsay)/ Hervé Lewandowski.

La confrérie des roux

PARIS – Sonia Rykiel partageait une même caractéristique avec environ 1% de la population mondiale : elle était rousse. Si ce trait était autrefois surtout attribué aux juifs ou aux ogres, c’est aujourd’hui aux Irlandais qu’on le donne spontanément. Il est curieux que la France, qui n’est pas la mieux pourvue, ait un mot spécifique alors que les Anglais se contentent de red et les Italiens et Espagnols, pareillement, de rosso et rojo (rouge). Peintre discret du XIXe siècle (1829-1905), Henner n'était pas roux (plutôt brun selon son passeport conservé au musée) mais avait une prédilection pour cette couleur : il a attendu d’avoir la quarantaine pour s’y atteler (avec Idylle de 1872) mais il l’a ensuite fait avec assiduité, dotant nombre de ses modèles féminins de chevelures abondantes de ce type. On connaît Poil de Carotte et Spirou, mais qui sait que des idoles papoues portent aussi cette couleur ? L’exposition joue sur ces rapprochements entre époques et civilisations.
Roux, de Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel au musée Henner, du 30 janvier au 20 mai 2019.

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Bonnard, de la couleur avant toute chose

LONDRES – La Tate explore trois décennies de la peinture de l’ancien fauve. A partir de 1912, déjà quadragénaire, et jusqu’à sa mort en 1947, il se voue toujours davantage à sa vraie passion, la couleur. Des scènes d’intérieur simples et tranquilles voisinent avec des paysages enflammés et quelques nus.
Pierre Bonnard. The Colour of Memory à la Tate Modern, du 23 janvier au 6 mai 2019.

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C’était 1989

VALENCE – On célèbre cette année les anniversaires de 1919 et 1969. L’IVAM a décidé de porter son attention sur 1989, un autre millésime, tout aussi important. Il vit bien sûr la chute du Mur de Berlin et d’un certain nombre de régimes, dont celui de Ceauscescu, mais aussi le déclin de l’apartheid. Dans l’esprit des commissaires, il marque aussi l’émergence du multiculturalisme, première étape de la mondialisation…
1989 à l’IVAM, du 24 janvier au 19 mai 2019.

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LIVRES

Rodin à la découpe

Il savait sculpter, c’est évident, mais aussi peindre et dessiner, cela va de soi. Photographier, également. Ce catalogue, qui accompagne une exposition dans son musée, dévoile un autre talent moins connu de Rodin : le découpage. Il s’y est adonné à différentes périodes, par exemple dans les années 1880, beaucoup en 1903-1905, sur des figures érotiques ou des personnages arqués, contorsionnés. Cela lui permettait, dans une démarche très pionnière, de les manipuler, les assembler, les retourner. Le livre aborde aussi le découpage abstrait, c’est-à-dire celui qui est opéré par des aplats de couleur pour isoler une figure : Rodin s’y est employé sur des dessins mais aussi des photos, anticipant les pratiques postérieures de Matisse, Picasso, Braque, Schwitters…
Rodin, dessiner, découper, par Sophie Biass-Fabiani, Hazan, 2018, 192 p., 35 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


FRED KLEINBERG - Germination

30 janvier 2019 - PARIS - Loo & Lou Gallery

Un artiste sensible à la nature et à son pouvoir régénérateur, sur de grands formats figuratifs

Les expositions qui ouvrent cette semaine