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N° 106 - du 16 octobre 2008 au 22 octobre 2008

L'AIR DU TEMPS

Eve nue dans le Michigan

« Nous ne sommes pas contre le mot « Amour » et nous ne sommes pas contre la liberté de parole » expliquait le sherif de Roseville en 2005. Il justifiait l’injonction faite à l’artiste Edward Stross d’effacer le mot « Love » qu’il avait rajouté, sans autorisation, sur son propre mural peint en 1997 dans la petite ville du Michigan. Ce mural est une copie personnelle de la Création du monde de Michel-Ange. Une dépêche récente de l’Associated Press nous apprend que la Cour suprême du Michigan vient de donner raison à la mairie. Stross devra bien effacer le mot Love qu’il avait écrit en l’honneur de Lady Di. En revanche, le tribunal a autorisé Eve à faire du topless (les seins nus de la compagne d’Adam avaient déclenché l’ire du conseil municipal et le peintre avait été contraint de les cacher). Pour une fois, l’Amérique puritaine montre l’exemple à l’Europe libertine : il y a quelques mois, à Palazzo Chigi, c’est Berlusconi qui avait fait couvrir le téton de la Vérité dévoilée par le temps

Le mural d’Edward Stross, les seins couverts, sur un article du Detroit News

EXPOSITIONS

L’intimité selon Vuillard

KARLSRUHE - C’est un artiste éminemment parisien et, en même temps, fort peu mondain. Edouard Vuillard a certes réalisé des portraits de la haute bourgeoisie et a fréquenté l’avant-garde de la Revue blanche. Mais l’essentiel de son œuvre est une célébration des scènes intimes d’appartement, souvent en petit format, où apparaît souvent sa mère couturière, avec laquelle il vivra toute sa vie. La Staatliche Kunsthalle a réuni 120 œuvres qui couvrent toutes ses périodes artistiques, des débuts nabis avec Sérusier jusqu’aux pastels qui dépeignent son quartier de la place Vintimille, peu avant sa mort en 1940. La série complète des 12 lithographies en couleur de la série « Paysages et intérieurs », réalisée en 1899, est présentée. L’exposition a bénéficié des prêts d’institutions incontournables comme le musée d’Orsay mais aussi de nombreux collectionneurs privés.

  • Edouard Vuillard à la Staatliche Kunsthalle du 18 octobre 2008 au 25 janvier 2009

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  • Dufy tous azimuths

    PARIS - Un demi-siècle qu’on ne l’avait pas aussi bien vu : Raoul Dufy bénéficie de la première rétrospective complète depuis sa mort en 1953. C’est le musée d’Art moderne de la Ville de Paris qui s’est chargé de réunir les 120 tableaux et 90 œuvres graphiques provenant du monde entier. L’institution avait le pedigree pour s’en charger : elle possède son œuvre peut-être la plus célèbre – les 250 panneaux sur contreplaqué de la Fée Electricité, hymne au progrès de 1937. Les tonitruants débuts fauves de 1906-1907 sont évidemment représentés tout comme l’inlassable collaboration avec les manufactures de tissus : des échantillons et même des vêtements sont exposés à côté des croquis. Le goût impérieux pour la couleur traverse toute la carrière de Dufy, marquée par un travail en boucle : les ports, les régates, les musiciens ou les cargos noirs donnent lieu à des séries. Carnets de dessins, tentures, céramiques ou meubles complètent le portrait d’un artiste polymorphe et généreux : en 1952, il cède le montant du Grand Prix de peinture, obtenu à la Biennale de Venise, à ses collègues Vedova et Lapicque.

  • Raoul Dufy, le Plaisir au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, du 17 octobre 2008 au 11 janvier 2009.

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  • Cent bougies pour le futurisme

    PARIS – Cherchez l’anniversaire : une exposition aussi fournie sur le futurisme ne pouvait se concevoir sans qu’il y ait une célébration à la clé. Les connaisseurs auront vite trouvé : c’est en 1909 que Marinetti, le prophète du mouvement, publie son manifeste. A Paris et en français : c’est Le Figaro, qui ne dédaignait pas l’iconoclasme, qui se charge de le diffuser, à la une. L’exposition du Centre Pompidou ferme avant le centenaire (20 février 2009) : c’est dans une deuxième étape, à Rome, aux Scuderie del Quirinale, qu’il sera véritablement célébré. Le progrès, la technologie, la vitesse, la ville grouillante et motorisée : voilà ce que Marinetti demande de révérer – et surtout pas le clair de lune ou les musées ! Boccioni, Balla, Soffici mais aussi Duchamp, Picabia ou Gleizes s’y emploient de façon personnelle. Le « seul » futuriste français, Félix Del Marle, a sa place dans la rétrospective, qui s’attache à faire revivre un moment moment-clé du futurisme : l’exposition de février 1912 à la galerie Bernheim-Jeune. La quasi-totalité des 34 tableaux qui y furent montrés est réunie.

  • Le Futurisme à Paris, une avant-garde explosive au Centre Pompidou, du 15 octobre 2008 au janvier 2009

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  • VENTES


    Paire de vases Minton brun-olive, pâte-sur-pâte, « Venit et fugit », 1892, signés L. Solon, 53,5 cm. Estimation : 200 000 – 300 000 $. © Christie’s.

    L’explosion du pâte-sur-pâte

    NEW YORK – Vingt-neuf lots seulement et il faudra faire le voyage américain pour les voir. Mais les vrais amateurs ne comptent pas : il s’agit d’un très bel ensemble de céramiques « pâte-sur-pâte » de la manufacture anglaise de Minton que propose Christie’s au Rockefeller Center le 21 octobre. Réalisés entre 1872 et 1910, ils reflètent l’esthétique Art nouveau mais surtout le génie de Marc-Louis Solon, qui mit au point le procédé à Sèvres : il consiste à réaliser un décor en relief en superposant de fines couches d’argile liquide, chacune devant sécher avant l’application de la suivante. A l’issue de ce processus de création (qui pouvait durer des mois), la cuisson donnait à la pièce un relief semblable aux camées. « Débauché » par les dirigeants de Minton, à Stoke-on-Trent, Solon y portera sa technique à la perfection, produisant des vases aux teintes roses, cobalt, chocolat, décorés de chérubins, de personnages antiques, de fleurs. Ces pièces ont connu une inflation continue : si les plus tardives ont encore des estimations raisonnables (à partir de 4 000 $), un chef-d’œuvre de 1891, une paire de vases à fond olive, pourrait dépasser les 300 000 $.

  • Minton pâte-sur-pâte, from a distinguished private collection, le 21 octobre 2008 chez Christie’s au Rockefeller Center

    Le catalogue en ligne

  • L'ARTISTE DE LA SEMAINE


    Continuel-Lumière Cylindre, 1962, bois, métal, moteur, lumière, etc, 170 x 122 x 37 cm, courtesy galerie Lelia Mordoch

    Julio Le Parc : la lumière en boîte

    C’est l’un des papes de l’art optique et cinétique, qui a été défendu pendant près d’un demi-siècle par la galerie Denise René. L’Argentin Julio Le Parc, né en 1928, a connu la lumière pure des contreforts des Andes, à Mendoza, avant de s’installer à Buenos Aires puis à Paris. Fondateur du GRAV (Groupe de recherche sur l’art visuel) avec Morellet et Yvaral, entre autres, il atteint une notoriété précoce en obtenant le Grand Prix de Peinture à la Biennale de Venise en 1966. La galerie Lelia Mordoch a fait le noir dans son espace et y a réuni ses boîtes à lumière des années soixante. Les sources lumineuses s’y entrecroisent tout en étant continuellement filtrées par des diaphragmes. Les émotions de la stroboscopie, éprouvées en classe technologique au collège, revécues en grand…

  • Julio Le Parc à la galerie Lelia Mordoch (50 rue Mazarine, 75006 Paris) jusqu’au 25 octobre 2008.

  • LIVRES

    Les Etrusques et leurs cousins

    L’Univers des formes, la célèbre collection fondée par André Malraux, reçoit un coup de jeune. Le format a été mis au goût du jour, c’est-à-dire compacté, les bibliographies ont été actualisées et l’on a ajouté une préface. Pour le reste, on n’a pas changé grand chose et c’est sans doute une excellente nouvelle ! En se plongeant dans le volume sur les Etrusques, dû à Bianchi Bandinelli, on est bien sûr séduit par l’érudition, l’iconographie remarquable et par l’attention apporté à d’autres cultures que celle des Etrusques, notamment celles de Sardaigne ou du Midi, comme les Picéniens ou les Dauniens. Mais le véritable choc provient du texte. Nous sommes si habitués à des formulations neutres et souvent fades, qui placent toutes les formes de création sur le même autel, que l’on est saisi par la verdeur du style. L’auteur juxtapose des descriptions minutieuses (par exemple sur la technique du filigrane) et des prises de position tranchées (sur les artisans campaniens du IVe siècle av. J-C : « Le résultat frise dans cesse le désastre : on cherche inutilement à cacher une inexpérience fondamentale par de petites trouvailles »).Dommage que la typographie soit si étroite et si claire, ce qui handicape une lecture passionnante.

  • Les Etrusques et l’Italie avant Rome, L’Univers des formes, Gallimard, 2008, 300 p., 29 €, ISBN : 978-2-07-012162-5

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  • BRÈVES

    BOGOTA – Le salon d’art contemporain ArtBo se tient du 16 au 20 octobre 2008.

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    BRUXELLES - Une nouvelle biennale s'inscrit dans le panorama de l'art contemporain : celle de Bruxelles, organisée par la communauté flamande, qui se tient du 19 octobre 2008 au 4 janvier 2009.

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    GRASSE - Le musée international de la parfumerie rouvre le 18 octobre 2008 après quatre ans de travaux.

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    LONDRES - L'édition 2008 de Frieze, la foire d'art contemporain, se tient du 16 au 19 octobre 2008. Concomitamment, la manifestation "So feucking French" tente d'imposer des artistes français sur la scène anglaise en leur consacrant plusieurs expostiions au Viilage Underground.

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    LONDRES - Le galeriste parisien Yvon Lambert ouvre un espace dans la capitale anglaise le 16 octobre, à Hoxton Square, face à la galerie White Cube

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    LONDRES – Kounter Kulture, la dernière-née des foires londoniennes d’art contemporain, se tient du 15 au 19 octobre 2008 à la Truman Brewery.

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    ROME - La Biennale internazionale d'antiquariato se tient du 17 au 26 octobre 2008, avec la participation de 50 antiquaires internationaux.

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    SUR ARTAUJOURDHUI.INFO

    Cette semaine, ne manquez pas

    SALON D'AUTOMNE 2008

    PARIS - Carrefour international de la création contemporaine, des arts muraux à la photographie, le Salon d'Automne se tient du 16 au 26 octobre à l'Espace Auteuil. Il accueille une délégation d'artistes égyptiens et rend hommage à l'une de ses grandes figures, le peintre Georges Arditi.

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    TRÉSORS DE LA PEINTURE JAPONAISE - KONPIRA-SAN – SANCTUAIRE DE LA MER

    PARIS - Le musée Guimet présente pour la première fois en Europe un fragile chef-d'œuvre shintoïste : les peintures sur paravents et cloisons coulissantes du sanctuaire de Konpira-san, situé sur l'île de Shikoku.

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    LA PASSION À L’ŒUVRE, RODIN ET FREUD COLLECTIONNEURS

    PARIS - Rodin et Freud ont eu au moins un point commun : leur goût pour l'art de l'Antiquité. Le musée Rodin montre comment cette passion s'est développée et met en regard des œuvres maîtresses de leurs collections respectives, des statuettes grecques aux portraits égyptiens.

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