ArtAujourdhui.Hebdo

N° 344 - du 24 avril 2014 au 30 avril 2014

L'énigme Braque

Qui était Braque ? Bien qu’il soit l’un des monstres sacrés de l’art du XXe siècle, la question mérite d’être posée tant il a contribué à conserver le mystère sur sa vie privée. On sait peu de chose de ses liaisons – hormis une amitié amoureuse avec Marie Laurencin – et sa famille est d’une transparence exemplaire. Comme le rappelaient ses amis Ponge, Leymarie ou Paulhan, sa vie manque d’anecdotes croustillantes, au contraire de celle de Picasso. C’est déjà beaucoup qu’elle n’ait pas été coupée net le jour de son trentième anniversaire, le 13 mai 1915 ! Il est alors laissé pour mort sur le champ de bataille de la Somme, le crâne enfoncé par un obus… Normand d’adoption (né à Argenteuil, il grandit au Havre où son père est entrepreneur), c’est sa sobriété, son silence qui lui ont permis de survivre face au rouleau compresseur de Picasso, son exact contemporain. Cette biographie fluide, écrite par un outsider du monde de l’art (Danchev est professeur de relations internationales à l’université de Nottingham), rappelle que Braque ne se réduit pas à avoir été, entre 1907 et 1912, l’inventeur du cubisme (avec Picasso) puis le pionnier des papiers collés (avant Picasso). Dans la discrétion, avec des amitiés sûres (dont celles de Malraux et d’Aimé Maeght), il continuera d’exister pendant un demi-siècle, jusqu’à sa mort en 1963, traçant un sillage marqué par ses innombrables Oiseaux, les paysages de la vieillesse et le plafond du Louvre (1953).
Georges Braque, le défi silencieux, par Alex Danchev, Hazan, 2013, 366 p. 32 €

Achetez cet ouvrage chez Amazon

Voir la Newsletter complète