ArtAujourdhui.Hebdo

N° 358 - du 25 septembre 2014 au 1 octobre 2014


Marcel Duchamp, L.H.O.O.Q, 1919, readymade rectifié Collection particulière. © Succession Marcel Duchamp / ADAGP, Paris 2014

Duchamp, fossoyeur de la peinture ?

PARIS – Son nom est resté à jamais attaché aux « ready-made », et on a fait de lui l’ancêtre de l’art conceptuel, donc une divinité tutélaire de l’art contemporain. Entre jeux de mots et dérision (ses « élevages de poussière », ses « nus vites », sa Joconde L.H.O.O.Q), expérimentations optiques et contamination des sciences pures, sa production serait purement intellectuelle – son goût forcené des échecs renforçant cette image. En réalité, Duchamp a bien été peintre et sa vocation d’artiste s’est même révélée lors de la visite du Salon d’Automne 1905 (l’année de la rétrospective Manet et de la « cage aux fauves » de Matisse). Pendant plusieurs années, au début de sa carrière, il a peint des portraits (notamment de sa famille), des paysages dans une veine cézannienne, des personnages à la sauce cubiste. Et ce n’est qu’après le refus de son Nu descendant un escalier (qui lui vaudra sa célébrité américaine à l’Armory Show de New York, en 1913) qu’il prend d’autres chemins. L’exposition du Centre Pompidou montre cette distanciation progressive… et jamais complète : son œuvre ultime, son Grand Verre en interminable gestation, tient encore beaucoup de l’univers pictural. Duchamp est contre la peinture de même façon que Guitry était contre les femmes : tout contre…
Marcel Duchamp. La peinture, même au Centre Pompidou, du 24 octobre 2014 au 5 janvier 2015.

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