ArtAujourdhui.Hebdo

N° 361 - du 16 octobre 2014 au 22 octobre 2014


Le manuscrit des 120 Journées de Sodome © Musée des Lettres et Manuscrits.

Sade au bout du rouleau

En septembre 1795, pendant vingt soirées, dans le silence de la Bastille où il est emprisonné, Sade recopie d’une écriture microscopique ce qui deviendra son œuvre la plus célèbre, les 120 Journées de Sodome ou l’Ecole du libertinage. Collant bout à bout les bandes de papier, il obtient un rouleau de 12 mètres de long qu’il cache dans un étui, derrière une pierre du mur. Lorsqu’il est transféré à l’asile de Charenton, quelques jours avant le 14 juillet 1789, il ne peut emporter le manuscrit, qu’il croira définitivement perdu. Comme la plupart de ses commentateurs… jusqu’à ce qu’il réapparaisse en Allemagne au début du XXe siècle où son propriétaire, le dermatologue-sexologue Iwan Bloch, en donne une première transcription. Le destin du rouleau est aussi rocambolesque que la vie du divin marquis. Acheté par le vicomte Charles de Noailles en 1929 (sa femme, Marie-Laure, était une descendante de Sade), il est prêté en 1982, pour analyse, à l’éditeur Jean Grouet, ancien secrétaire de Françoise Sagan, qui le vend frauduleusement à un collectionneur suisse, Gérard Nordmann. Il faudra trente ans de procès et de médiations pour aboutir à une issue : le rouleau est racheté au printemps 2014 par le musée des Lettres et Manuscrits pour la bagatelle de 7 millions d’euros, indemnisation des Noailles comprise…
• Le rouleau, partiellement déroulé, est au centre de l’exposition Sade, marquis de l’ombre, prince des Lumières au musée des Lettres et Manuscrits, jusqu’au 18 janvier 2015.

En savoir plus

Voir la Newsletter complète