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N° 366 - du 20 novembre 2014 au 26 novembre 2014


Paul Gauguin, Le sorcier d'Hiva Oa ou Le Marquisien à la cape rouge, 1902 © © Musée des Beaux-Arts de Liège (Bal) © Ville de Liège.

Quand Hitler vendait l’art dégénéré

LIÈGE – C’est une enquête de plus d’une décennie qu’a menée l’historien de l’art Jean-Patrick Duchesne pour reconstituer une unique vente aux enchères, qui se tint au Grand Hôtel de Lucerne, en Suisse, le 30 juin 1939. Elle n’avait rien d’anodin : les dirigeants nazis, après avoir expurgé leurs musées de l’art « dégénéré » et allumé un gigantesque autodafé (dans la caserne des pompiers de Berlin, en mars 1939), voulurent explorer une nouvelle voie. Cette peinture honnie ne pourrait-elle rapporter des devises et financer l’effort de guerre ? Les 125 œuvres sélectionnées (provenant toutes de musées et non de spoliations) présentaient un éventail large des refusés, comme une histoire de l’art en creux : Gauguin, Van Gogh, Chagall, Ensor, Marie Laurencin, Picasso, Kokoschka. Juifs, fous, homosexuels, décadents, dévergondés, féministes… Informé de la vente, un érudit local, Jules Bosmant, futur directeur du musée des Beaux-Arts, se démène pour rassembler 5 millions de francs belges. Ils permettront à la ville d’acheter neuf chefs-d’œuvre, le plus convoité, un Van Gogh, leur étant raflé sous le nez par le Fogg Art Museum d’Harvard. Dans une mise en scène mêlant ombre et lumière, ces neuf chefs-d’œuvre (dont La Famille Soler de Picasso) sont accompagnés de 17 autres toiles et sculptures adjugés à la même vente et dispersés dans d’autres collections. à travers le monde.
L’art dégénéré selon Hitler, la vente de Lucerne, 1939 à la Cité Miroir, du 17 octobre 2014 au 29 mars 2015.
• Le catalogue (Collections historiques de l’Université de Liège, 232 p.) recense les 125 œuvres de la vente et leur destin individuel.

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