ArtAujourdhui.Hebdo

N° 446 - du 20 octobre 2016 au 26 octobre 2016


Auguste Rodin, Le Penseur sur chapiteau, plâtre, S.03469, © agence photographique du musée Rodin, photo P. Hisbacq.

Rodin, visions de l’Enfer

PARIS - Il y a travaillé pendant trente ans mais ne l’a jamais vu coulée en bronze. La Porte de l’Enfer est l’une des œuvres mythiques de Rodin. Dans cette composition monumentale sans cesse remise sur le métier, on a compté quelque 200 personnages - damnés des différents cercles, parmi lesquels Ugolin qui dévore ses enfants. Aussi curieux que cela puisse paraître, on n’avait jamais organisé d’exposition d’ensemble sur le sujet. Le commissaire, François Blanchetière, a sorti des réserves des plâtres, des moules, des dessins (très rarement exposés) pour montrer comment Rodin n’a cessé de recomposer, de placer et d’enlever, donnant à certains groupes comme ceux du Baiser, initialement dans la Porte, une existence autonome. Ce faisant, nous sont proposées des interprétations intéressantes comme celle qui fait du célèbre Penseur le juge des Enfers, Minos, qui pèse les âmes. Initialement inspiré par Dante, Rodin diversifie ensuite ses sources d’influence, parmi lesquelles s’impose notamment Baudelaire. Une des pièces maîtresses est l’exemplaire de Paul Gallimard des Fleurs du mal, empli de dessins par le maître. Quant au bronze de l’Homme au serpent, récemment identifié en Suisse, il n’avait jamais été exposé depuis sa vente aux enchères en 1914. A l’issue de la visite, il ne faut évidemment pas oublier d’aller voir, dans le jardin, l’exemplaire de la Porte de l’Enfer que possède le musée. Les douze tirages réglementaires ne sont pas épuisés : le plus récent, le huitième, a été dévoilé en juin dernier au musée Soumaya, à Mexico, fondé en 2011 par le milliardaire Carlos Slim.
L’Enfer selon Rodin au musée Rodin, du 18 octobre 2016 au 27 janvier 2017.

En savoir plus

Voir la Newsletter complète