ArtAujourdhui.Hebdo

N° 483 - du 14 septembre 2017 au 20 septembre 2017


Paul Gauguin, Portrait d’une jeune fille, Vaïte (Jeanne) Goupil, 1896, huile sur toile, 75 × 65 cm. Coll. Ordrupgaard, Copenhague © Ordrupgaard, Copenhague/Photo Anders Sune Berg

LIVRES

Que reste-t-il de la peinture ?

La rentrée est une période idéale de bilan, de remise à niveau. Face à l’agenda très chargé des nouvelles expositions, presque aussi riche que celui des nouveaux romans, on peut se poser la question de la nature de la peinture. Existe-t-elle encore alors qu’on a annoncé sa déchéance face aux nouveaux médias et aux performances ? Le figuratif moribond est-il en train de renaître ? Qu’en est-il de la technique matérielle et de la capacité d’imiter le réel, louées par les anciens ? Dans ce « best of » de la jeune peinture mondiale (ce qui n’empêche pas d’inclure des aînés comme Etel Adnan ou Peter Dreher), ce sont clairement les Chinois qui prennent le relais du réalisme. La minutie avec laquelle Yuan Yuan ressuscite des intérieurs regorgeant de reflets et de dorures évoque les raffinements évanouis du XVIIIe siècle. Les préoccupations politiques et sociales ne semblent pas omniprésentes mais leur traitement est assez élaboré, qu’il s’agisse d’une réflexion sur la situation postcoloniale chez Meleko Mokgosi (Botswana) ou des portraits d’Eder Oliveira sur les murs de villes amazoniennes, qui soulèvent la question du racisme de classe. La variété des sources d’inspiration, des supports (Donald Moffett utilise du coton, des tubes en acier, des seaux galvanisés), des manières (l’abstrait, le géométrique, l’introspection gardent évidemment leurs adeptes) est stimulante. On conclut sans hésitation : peinture pas morte ! Dommage que les notices soient écrites en caractères microscopiques, malcommodes pour les yeux des vieux amateurs…
Vitamine P3. Nouvelles perspectives en peinture, ouvrage collectif, Phaidon, 2017, 352 p., 59,95 €.

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