ArtAujourdhui.Hebdo

N° 487 - du 12 octobre 2017 au 18 octobre 2017

Le goût du MoMA

PARIS - En 1939, bien peu s’en souviennent, l’une des expositions qui attira le plus de monde à Paris fut celle qui présentait les collections américaines du MoMA. Le musée d’art moderne (c’est le sens de son acronyme) était tout jeune : il n’avait pas dix ans. Fondé en 1929 par la volonté de trois fortes (et riches) femmes dont une Rockefeller, piloté par un directeur à peine sorti de l’adolescence (Alfred Barr avait 27 ans), il entendait montrer que l’art moderne n’était pas l’apanage de la Vieille Europe. Dans les bruits de bottes de l’époque, on se gaussa de cet art américain balbutiant. Quatre-vingts ans plus tard, les choses ont bien changé. Avec Pollock, Rauschenberg ou Warhol, l’art US s’est installé sur le haut du podium - et le MoMA y a largement contribué. Au contraire de celle de 1938, la rétrospective qui ouvre aujourd’hui a la forme d’un bilan. Elle aborde bien sûr ce complexe jeu de balancier entre Europe et Amérique mais montre aussi que le MoMA s’est bâti sur une curiosité multiforme : c’est là que l’architecture, le design, la photographie et le cinéma, ont été adoubés pour la première fois comme disciplines nobles. D’une hélice d’avion aux dessins de Frank Lloyd Wright, de Mickey aux « film stills » de Cindy Sherman, le musée a aidé à élargir le périmètre de l’art moderne : il mérite bien son nom.
Etre moderne : le MoMA à Paris à la Fondation Louis Vuitton, du 11 octobre 2017 au 5 mars 2018.

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