ArtAujourdhui.Hebdo

N° 554 - du 19 septembre 2019 au 25 septembre 2019

Zinelli, brut de Vérone

Il a le parcours classique d’un artiste de l’art brut : né en 1916 dans une famille de la campagne véronaise, Carlo Zinelli commence une existence « normale » avec un emploi aux abattoirs de Vérone et un passage réussi chez les chasseurs alpins. Il voit sa vie basculer lorsqu’il est confronté à la guerre – d’abord avec les troupes mussoliniennes en Espagne, puis sur d’autres théâtres d’opération. Devenu instable, violent, insoumis, il est diagnostiqué paranoïaque et enfermé en asile. Après une décennie à tracer des graffitis sur des murs, on lui propose en 1957 une place dans un atelier pionnier et on lui met des couleurs entre les mains. Se révèle alors une vocation artistique, sanctionnée par Dubuffet qui l’adoube dans sa Collection de l’Art brut. L’ouvrage passe en revue les motifs et thèmes récurrents de ses 3000 dessins mais les illustrations réduites au cinquième ou au dixième (il travaillait sur des feuilles de 50x70 centimètres) rendent difficile l’appréhension de son univers bourré de personnages et de lettres. Et l’on n’y voit aucun de ces compositions érotiques mises en exergue par l’auteur… En filigrane, apparaissent passionnantes les figures de Vittorino Andreoli (né en 1940), le psychiatre qui l’a accompagné toute sa vie, et de Michael Noble (1919-1993), l’artiste écossais qui s’est dépensé pour qu’il puisse s’exprimer.
Carlo Zinelli par Florence Millioud Henriques, éditions Ides & Calendes, 120 p., 2019, 24 €.

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