rarrk JOHN MAWURNDJUL
La traversée du temps en Australie du nord
Le Museum der Kulturen Basel
hôte du Musée Tinguely

Cette première rétrospective de John Mawurndjul dans un musée européen réunit quelque 70 œuvres, en majorité des peintures sur écorce, appartenant à toutes les périodes de sa carrière, ainsi que quelques sculptures et gravures. Elle présente également, en collaboration avec le Museum der Kulturen de Bâle, 35 peintures sur écorce de peintres d’une génération plus ancienne réunies par Karel Kupka, qui fut l’un des premiers chercheurs à tenter de comprendre les peintres Aborigènes et à les considérer comme des artistes à part entière, détenteurs d’un héritage figuratif, et à recenser leurs œuvres

Un Innovateur

John Mawurndjul est un innovateur, qui a révolutionné la peinture sur écorce Kuninjku. Né en 1952 sur les terres de son clan, au Nord de l’Australie, où l’absence d’une langue écrite a entraîné le développement d’une très riche tradition iconographique, il a appris à peindre selon la tradition, en peignant des motifs sur les corps des initiés. Mais il peignit très vite sur des écorces d’eucalyptus. Inspiré par les peintures rupestres de ses ancêtres, il a développé sa propre manière de traiter les images traditionnelles. Aujourd’hui il les crée dans une nouvelle forme, et surtout avec de nouvelles intentions. Le format est fortement agrandi, le support reste l’écorce d’eucalyptus, mais les pigments naturels – ocre rouge, ocre jaune, craie, charbon de bois - sont mélangés à un agglutinant .

Une confrontation fructueuse avec la tradition

Les tableaux de John Mawurndjul dépassent désormais la tradition aborigène et ne se limitent plus au génie du tonnerre ou aux esprits créateurs qui donnent aux mortels tantôt la vie et tantôt la mort.. Il modifie cette tradition picturale dans un processus de transformation continu. Des représentations de la réalité figurative sont intégrées dans un tramage de lignes allant jusqu’aux limites du représentable - rarrk en langue kuninjku – formellement condensé et crypté. Cette évolution contredit le préjugé fortement ancré en Europe qui dénie aux artistes indigènes une personnalité et une capacité d’innovation hors du cadre de l’autorité communautaire. Son œuvre prouve que la confrontation peut être fructueuse dès que la tradition n’est plus perçue comme un corset anonyme et inaltérable

Illustration : JOHN MAWURNDJUL, Yawkyawk, 2005. Pigments naturels sur écorce d’eucalyptus, 154,0 x 72,0 cm Museum der Kulturen, Basel. Va 1429 © John Mawurndjul, courtesy Maningrida Arts & Culture. Photo : Markus Gruber

Un art contemporain mondial

Cette traversée du temps en Australie du Nord mène des peintures rupestres vieilles de plus de 30 000 ans qui marquent les sites sacrés des Aborigènes jusqu’à nos jours. Dans le monde de l’art les portes s’ouvrent lentement vers une compréhension plus étendue et globale. Les milieux académiques restent encore trop régis par d’anciennes stratégies d’exclusion et de refus. On relègue l’art non occidental au musée d’ethnographie. Cette exposition veut ouvrir le dialogue autour d'un art contemporain mondial. L’œuvre de John Mawurndjul doit être appréciée dans le cadre global de l’art contemporain. Un colloque accompagnant l’exposition s’y attachera du 22 au 24 Septembre.

Illustration : JOHN MAWURNDJUL, Milmilngkan, septembre 2004 © Photo Erika Koch

PUBLICATION

Catalogue de l’exposition, Allemand Anglais, sous la direction de Christian Kaufmann, 200 p. 160 ill. couleurs et 40 noir et blanc Verlag Schwabe AG CHF 42

Pour voir d'autres illustrations, cliquez sur ENGLISH VERSION en haut de page