Accueil > Nos rendez-vous > Turner Hugo Moreau La Découverte De L'abstraction

TURNER HUGO MOREAU
LA DÉCOUVERTE DE L'ABSTRACTION

DU 6 OCTOBRE 2007 AU 6 JANVIER 2008


La Schirn Kunsthalle Frankfurt présente les débuts de l’art abstrait à travers les œuvres de William Turner, Victor Hugo et Gustave Moreau


WILLIAM TURNER SEASCAPE WITH STORM COMING ON, C. 1840, huile sur toile, 91,4 x 121,6 cm . Tate, leg de l' artiste1856
Photo : Tate, London 2007


Bien avant que l’abstraction soit considérée comme une forme artistique d’avant-garde (au XXe siècle), les peintres et les dessinateurs avaient déjà créé des images dépourvues d’objets reconnaissables. Les exemples les plus significatifs se trouvent dans l’œuvre du peintre de paysage J. M. William Turner (1775-1851), de l’écrivain Victor Hugo (1802-1885) et du symboliste Gustave Moreau (1826-1898). L’exposition “Turner – Hugo – Moreau” constitue la première tentative de comparer ces trois créateurs d’images abstraites du XIXe siècle, en juxtaposant environ 130 de leurs aquarelles, peintures à l’huile, esquisses ou dessins, dont beaucoup n’ont jamais été montrés.


Une révolution bien avant Kandinsky

Joseph Mallord William Turner était un peintre de paysage aux talents très variés et le plus célèbre artiste anglais de son temps. Sa peinture non conventionnelle est devenue de plus en plus abstraite avec le temps, Turner s’abstenant toujours davantage de peindre les détails. Le type de peinture pour lequel il est connu était inhabituel, consistant en masses de couleurs appliquées avec abondance et s’entrepénétrant, et en vigoureux coups de pinceau.
L’écrivain Victor Hugo était un artiste autodidacte qui s’exerça toute sa vie au dessin, laissant à sa mort un corpus de près de 3500 œuvres. Il comprend des centaines de compositions abstraites dans lesquelles il expérimenta un spectre très large de techniques pour appliquer la couleur : faisant gicler ou pulvérisant l’encre, la laissant couler puis sécher, ou obtenant des taches par pliage. Dans les années trente, le surréaliste André Breton fut l’un des premiers à découvrir les dessins de Victor Hugo.
Aucun artiste du XIXe siècle n’a exécuté autant d’images abstraites et dans un éventail de techniques aussi ample que Gustave Moreau. A côté des tableaux d’histoire qu’il exposait et vendait, il conservait des centaines de peintures abstraites dans son atelier, dont la fonction demeure, aujourd’hui encore, assez mystérieuse. Cependant, nous savons que beaucoup de ses esquisses à l’huile étaient réalisées à titre d’étude, et que des combinaisons aléatoires de taches de couleur lui ont quelquefois inspiré de nouvelles œuvres.


Turner, Hugo, Gustave Moreau

Selon Raphael Rosenberg, le commissaire de la rétrospective, “l’exposition fournit une preuve indubitable que les images non figuratives étaient largement répandues bien avant 1900 mais qu’elles étaient produites sans prétendre au statut d’œuvre d’art. Les événements de 1911-1912 – la première exposition du Blaue Reiter à Munich, la première présentation par Kupka de ses peintures abstraites au Salon d’Automne à Paris et la publication par Kandinsky de son ouvrage Du spirituel dans l’art n’ont pas consisté à inventer une nouvelle forme d’art (l’abstraction) mais à élever les peintures abstraites au rang d’œuvre d’art et à les exposer comme telles.”


… mais aussi George Sand ou Kerner

A côté de Turner, Hugo et Moreau, l’exposition montre aussi des images abstraites créées par d’autres peintres et écrivains du XIXe siècle, largement ignorées jusqu’à nos jours : les dendrites colorées de George Sand (1804–1876), obtenues en pressant l’une contre l’autre des feuilles de papier puis en les séparant, les monotypes abstraits d’Edgar Degas (1834–1917), les “klecksographies” de Justinus Kerner (1786–1862) ou les “Kaffeeklexbilder” de Wilhelm von Kaulbach’s (1805–1874). Deux traditions sont décelables derrière ces œuvres non figuratives : l’esthétique de l’effet, c’est-à-dire la recherche de l’impression causée par la couleur, la composition ou la ligne sur l’observateur et la fascination pour les taches – c’est-à-dire des peintures produites par le hasard


Illustration : GUSTAVE MOREAU Étude de paysage, s.d. 48 x 30,5 cm Musée Gustave Moreau Copyright: bpk/ RMN/ Paris, Musée Gustave Moreau/ René-Gabriel Ojéda


L’abstraction aux sources de l’Humanité

Dans leurs traités et manuels, les artistes et les théoriciens étudiaient l’effet des couleurs et des lignes abstraites et, dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, des reproductions d’images non figuratives servaient à illustrer leurs propos. L’exposition montre certaines de ces publications, dont certaines sont très rares et don’t beaucoup ont sombré dans l’oubli. Elles ont cependant joué un rôle très important dans la formation des artistes. Le phénomène des motifs dus au hasard a depuis toujours préoccupé et fasciné les hommes. Des récipients égyptiens en pierres et verres de couleur, des papiers marbrés de l’Antiquité romaine ou du XVIIIe siècle sont présentés afin de démontrer que l’intérêt esthétique pour des images qui vont au-delà de la simple imitation de la nature remontent aux débuts de l’aventure humaine.


CATALOGUE

Turner – Hugo – Moreau. Entdeckung der Abstraktion. Sous la direction de Raphael Rosenberg et Max Hollein. Avec une préface de Max Hollein et des textes de Raphael Rosenberg. Edition en allemand, 360 pages, environ 300 illustrations en couleur, Hirmer Verlag Munich, ISBN 978-3-7774-3755-2, 34 €.



Illustration : VICTOR HUGO Tache Encre brune et détrempe sur papier. Maison de Victor Hugo, Paris

SCHIRN KUNSTHALLE FRANKFURT Römerberg, D-60311 Francfort
INFORMATIONS : Tél : +49 69 29 98 82-0 Fax : +49 69 29 98 82-240 Site : www.schirn.de
HORAIRES : Mardi, vendredi à dimanche, de 10h à 19h, mercredi et jeudi de 10h à 22h.
PRIX D’ENTRÉE : 8 €, tarif réduit 6 €, tarif famille 16 €, combi-ticket 14 €, tarif réduit famille 10 €.
COMMISSAIRE : Raphael Rosenberg (Heidelberg)
CONTACTS PRESSE : Dorothea Apovnik (chef du département), Gesa Pölert. Tél : +49 69 29 98 82-118, Fax : +49 69 29 98 82-240, E-mail : presse@schirn.de