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PAS LA COULEUR, RIEN QUE LA NUANCE !
Trompe-l’œil et grisailles de Rubens à Toulouse-Lautrec

DU 15 MARS AU 15 JUIN 2008

Un regard inattendu sur le jardin le plus secret des grands peintres

 

MUSÉE DES AUGUSTINS

21, rue de Metz
31000 TOULOUSE

INFORMATIONS :

Tél. 05 61 22 21 82 Fax 05 61 22 34 69
E-mail augustins@mairie-toulouse.fr
Site :
www.augustins.org/fr/exposition/accueil.htm

HORAIRES :

Tous les jours de 10h à 18h sauf le 1er mai. Nocturne le mercredi jusqu’à 21h.

PRIX D’ENTRÉE :

Plein tarif : 6 €.
Tarif réduit : 4 € (groupes, étudiants et pour tous le premier dimanche du mois) Gratuit pour les moins de 18 ans.

CONTACT PRESSE :

Geneviève Ponselle Tél. 05 61 22 39 02 Fax 05 61 22 34 69
E-mail genevieve.ponselle@mairie-toulouse.fr

François Boucher (1703- 1770)
L'Enlèvement de Proserpine Huile sur toile
© Musée des Beaux-Arts de Quimper


Pas la couleur, rien que la nuance ! Ce vers de Verlaine illustre parfaitement l’exposition qui propose de parcourir trois siècles de peinture à la poursuite d’un phénomène très présent dans l’art mais peu connu du grand public : la grisaille, dite aussi camaïeu ou monochrome. À travers une soixantaine de tableaux, œuvres de la main de peintres célèbres des principales écoles de peinture européenne (Rubens, Boucher, Greuze, Daumier, Carpeaux, Doré, Moreau, Toulouse-Lautrec...), le projet de l’exposition consiste à faire découvrir cette technique à la croisée des arts entre peinture, dessin et décor illusionniste.


Une production abondante mais peu étudiée

Omniprésente dans le décor mural, le vitrail, la peinture de chevalet, le dessin et les arts décoratifs, la grisaille n’a que très rarement suscité l’attention des historiens d’art. Ce sujet d’exposition est pratiquement inédit si l’on excepte Houston en 1973 et Paris en 1980 (musée d’Art et d’Essai au Palais de Tokyo). Il n’a par ailleurs jamais fait l’objet d’une publication : le catalogue constitue le premier et le seul ouvrage général disponible sur la question, volontairement centré sur la peinture de chevalet entre le XVIe et le XIXe siècle. L’artiste qui peint en grisaille se place en effet au point de rencontre d’autres arts (dessin, architecture, sculpture) et les champs possibles couverts par la grisaille sont très larges, de l’imitation en trompe-l’œil, jusqu’à la création d’univers résolument personnels, en passant par la copie d’une œuvre célèbre (le ricordo). D’ailleurs, si l’on se place du point de vue des couleurs, le terme de grisaille est loin d’être homogène. Le terme de brunaille permet de couvrir des champs complémentaires, mais les deux vocables contiennent aussi traditionnellement toutes les nuances du gris, du blanc, du brun, parfois rehaussées d’un soupçon de bleu, de jaune ou de rouge.


Précisions étymologiques…

Le mot de grisaille, plutôt météorologique dans son acception actuelle, est le résultat d’un glissement de sens : il a été inventé au XVIIe siècle, précisément pour décrire la forme artistique que nous connaissons, par Peiresc dans une lettre à Rubens. Les poètes du XIXe siècle dépeignant la grisaille d’une journée, faisaient donc référence à l’effet produit par une peinture monochrome... Le mot français est aujourd’hui adopté par les langues anglo-saxonnes et slaves, I’Italie et l’Espagne restant fidèles à monocromo. Il est à noter que le sens premier du clair-obscur était aussi l’absence de couleur et qu’il a longtemps concurrencé le terme de grisaille en France. De la même façon l’italien a longtemps utilisé le mot chiaroscuro comme synonyme de monocromo.


La grisaille au cours du temps

L’objet de la grisaille a changé au cours du temps. Au Moyen Age, elle a une fonction liturgique, servant notamment à cacher les scènes polychromes des retables pendant le carême. Pendant la Renaissance italienne, elle sert à évoquer les bas-reliefs antiques (chez Mantegna par exemple) mais permet aussi à l’artiste de laisser libre cours à son imagination en dehors des commandes habituelles – on peut le vérifier chez Perino del Vaga. Dans les pays du Nord, c’est une technique de préparation à la gravure, comme on le voit dans l’une des quarante esquisses de Barendez pour sa Passion du Christ. . Employée comme ébauche pour les grandes compositions peintes chez Barocci, Rubens ou Boucher, instrument privilégié pour les frontispices des thèses dès le XVIIe siècle en France, elle évolue aussi vers la virtuosité décorative du trompe-l'œil. Le parcours de l'exposition se termine avec des exemples de grisaille, utilisée à la fin du XIXe siècle soit comme esquisse ou ricordo (Puvis de Chavannes), soit comme mode d'expression de l'utopie ou reflet des états d'âme des artistes avec des oeuvres très personnelles de Carrière, Moreau ou Doré.


PUBLICATIONS :

Catalogue édité par le musée des Augustins, 184 p., en quadrichromie, 35 €.




Illustration : Gustave Moreau (1826-1898) Diomède dévoré par ses chevaux Huile sur toile Paris, musée Gustave Moreau
(C) Photo RMN © R.G. Ojéda