Libye antique, un rêve de marbre
Claude Sintes et Gilles Mermet
Au temps d’Hérodote, le monde était divisé en trois : Europe, Asie et Libye. Cette anecdote rappelée en introduction souligne notre méconnaissance aujourd’hui abyssale du pays africain, qui ne se résume plus qu’à quelques concepts triviaux : désert, Kaddhafi, pétrole. En réalité, comme le montre l’auteur, par ailleurs directeur du musée de l’Arles antique, ce pays charnière fut l’une des plus belles créations du colonialisme grec, puis phénicien et romain. De la Cyrénaïque à la Tripolitaine, enjambant les terres invivables de la Grande Syrte, y ont pris racine de somptueuses cités dont les noms sont déjà enchanteurs : Leptis Magna, Cyrène, Sabratha, Apollonia. Outre un patrimoine bâti impressionnant, des mosaïques de premier ordre (à voir surtout au musée de Tripoli), la Libye antique a légué une extraordinaire statuaire, impeccablement rendue en photo. Des surprenants bustes funéraires sans visage jusqu’aux Hermès, Apollon et Grâces les plus aboutis (à voir notamment au musée de Cyrène), la Libye se révèle plus qu’un membre de l’OPEP : l’un des très hauts lieux de l’Antiquité.
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Critique parue dans la newsletter N° 204 - du 10 février 2011 au 16 février 2011