Edward dans sa jungle
Anne Vallaeys
Certaines vies sont plus excitantes que celles de personnages de fiction. Pourquoi prendre le risque de les romancer ? Ce mélange des genres, qui est assez dans le goût du temps, est indiqué sur la couverture : «roman». Pourtant, l’essentiel des faits narrés dans cet ouvrage semble ressortir à la réalité, notamment l’identité et les faits attribués au héros. Edward James est un riche héritier anglais, ami et mécène de Dalí, qui se collette avec l’avant-garde parisienne des années trente – les Ballets 33 de Balanchine, Coco Chanel, Georges Auric - avant de se prendre de passion pour le Mexique, où, comme un personnage délirant de Conrad, il décide d’édifier une ville de pierre dans la jungle. Avec l’aide de menuisiers et de contremaîtres locaux, près de Xilitla, où abondent les délicieuses écrevisses, il construit son rêve pendant plusieurs décennies. Quelques erreurs élémentaires de transcription auraient pu être évitées («jeffe» au lieu de «jefe», «inglès» au lieu d’«inglés», «benvenudo» au lieu de «bienvenido») mais la tranche de vie du vieux corsaire (mort en 1984) reste captivante…
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Critique parue dans la newsletter N° 206 - du 24 février 2011 au 2 mars 2011