Claude Gellée, dit le Lorrain, Le dessinateur face à la nature

De Claude, dit le Lorrain, on connaît évidemment les grands paysages ou les ports sous une lumière rasante. On connaît moins ses dessins, dont on dit qu’il n’aimait guère se séparer, même face à des sollicitations venues de haut (une lettre au cardinal Leopoldo de’ Medici en 1662 en fait foi). Ce catalogue, qui accompagne une exposition au Louvre (basée sur la collection du musée parisien et sur celle du musée Teylers, à Harlem, le plus ancien musée public des Pays-Bas), en montre un fonds très riche. La fascination de l’artiste pour les troncs, les feuillages, les touffes d’herbe est rendue avec une science admirable. Le Lorrain maîtrisait des techniques variées, sophistiquées et jouait de sa connaissance des différents supports (papier ivoire, bleu, à trame cannelée, etc) et instruments (pierre noire, graphite de Cumberland, encre brune). L’analyse montre qu’il utilisait les filigranes dans ses compositions et savait prévoir l’oxydation des encres métallogalliques (brunes mais virant au noir avec le temps). Un vrai motif de réflexion : comment, trois siècles avant l’ordinateur et Illustrator, arrivait-on à produire une telle variété d’effets ?

• Claude Gellée, dit le Lorrain, Le dessinateur face à la nature, sous la direction de Carel van Tuyl van Serooskerken et Michiel C. Plomp, coédition Somogy / musée du Louvre, 2011, 312 p., 29 €.