L’énigme Marcel Duchamp
Philippe Sers
L’influence de Marcel Duchamp a-t-elle envoyé sur de mauvaises pistes toute une branche de l’art contemporain ? A-t-elle véhiculé l’idée que l’on peut promouvoir du « n’importe quoi » au rang d’œuvre d’art à condition d’avoir une bonne stratégie de « spéculation » ? C’est en tout cas ce que l’on en retient généralement. L’auteur, dans ce petit essai, démontre qu’elle a une tout autre cohérence, en décortiquant notamment la portée du ready-made, les Boîtes-en valise, qui sont comme des auto-commentaires, ou le fameux Grand Verre, qui ne fut dévoilé qu’après sa mort. L’une des sections les plus intéressantes est celle où l’auteur réunit des témoignages à propos de Duchamp, recueillis juste après sa mort, auprès de Warhol, Tinguely ou Jean Clair. Tout ce que l’art duchampien peut avoir d’hermétique est éclairé par des anecdotes révélatrices - comme celle de ce chèque très particulier : Duchamp paya un jour son dentiste avec un chèque dessiné sur du papier… puis racheta le chèque pour un montant supérieur.
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Critique parue dans la newsletter N° 358 - du 25 septembre 2014 au 1 octobre 2014