L’œuvre de Peter Stämpfli
Daniel Abadie
Les prix de l’essence jouent au yoyo, les marques automobiles fusionnent ou font faillite, les carrosseries changent, mais Peter Stämpfli trace sa route, imperturbable, avec une constance rare : depuis cinquante ans, le pneu est le sujet obsessionnel de son œuvre. D’abord vu de loin (dans Rallye, 1964) puis de plus en plus près, de plus en plus colossal, jusqu’à ne devenir qu’une trace qui a envahi les musées d’Europe… Ces empreintes de pneus donnent elles-mêmes lieu à d’infinies variations : agrandies, elles deviennent des géométries abstraites, presque des Motherwell ! Cette monographie rappelle que le peintre suisse né en 1937 à Deiswill a eu à ses débuts une période très pop (notamment à la Biennale de Paris de 1963). Ses cigarettes, ses bouches pulpeuses, ses bouteilles, évoquaient alors furieusement ses alter ego américains Wesselmann ou Warhol. Ayant surmonté en 1990 l’incendie de son atelier, Stämpfli est reparti de plus belle, introduisant davantage de couleurs, des matières nouvelles (pastel) et du volume (sculptures en caoutchouc, en résine). On the road again…
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Critique parue dans la newsletter N° 414 - du 14 janvier 2016 au 20 janvier 2016