Conversations avec les morts
Danny Lyon
« J’ai tenté, avec le peu de pouvoir qui est le mien, de donner une image de l’incarcération qui paraisse aussi éprouvante qu’elle l’est dans la réalité. » Paris tenu pour Danny Lyon lorsqu’il sortit ce livre pionnier en 1971. Il avait eu le privilège rare de pouvoir photographier librement, pendant quatorze mois, six pénitenciers du Texas. Cellules, vie quotidienne, réfectoires, douches et des légendes qui claquaient comme des manifestes « Quarante-cinq ans, vol à main armée » ou « Perpétuité, vol ». Pas difficile avec la « loi des trois coups » (ou grosse salope comme l’appellent les détenus) : avec trois crimes, même non sanglants, on écope automatiquement de la perpétuité. L’ouvrage mêle photos, facsimilés de sentences, lettres et dessins de quelques détenus emblématiques comme Billy McCune (1928-2007), condamné à la peine de mort en 1950 pour un viol jamais réellement prouvé. Véritable réquisitoire contre une violence d’Etat, le livre a fait date, a contribué à commuer la peine de McCune, mais n’a pas inversé la tendance. A l’époque, les Etats-Unis comptaient 250 000 prisonniers. Ils sont aujourd’hui plus de deux millions…
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Critique parue dans la newsletter N° 416 - du 28 janvier 2016 au 2 mars 2016