La face cachée du marché de l’art
Georgina Adam
Avec les prix stratosphériques atteints par certaines œuvres – le fameux Salvator Mundi à 450 millions de dollars en novembre 2017, des Picasso à foison, les Joueurs de cartes de Cézanne ou ce Basquiat passés en trente ans de 19 000 dollars à plus de 100 millions, on peut légitimement se demander si le marché de l’art a gardé sa raison. Bonne connaisseuse, officiant à The Art Newspaper et au Financial Times, l’auteur décrypte en quelques chapitres clairs des sujets-clés : l’argent bien sûr, mais aussi les problèmes d’authenticité et d’ayants droit, l’art comme instrument de fraude fiscale et de blanchiment, l’émergence de nouvelles puissances comme la Chine, le boom des ports francs – selon un témoignage, 80% de l’art, devenu objet de placement spéculatif, serait en permanence entreposé loin du public. La rivalité sanglante entre Rybolovlev et Bouvier est assez connue du grand public mais d’autres personnages étonnants émergent de cette enquête, comme Simchowitz, le roi du flipping (la culbute), qui sélectionne des artistes dont il achète en bloc les œuvres pour monter artificiellement leur cours. Question finale : quels critères rationnels pour évaluer la cote d’un artiste ? Il ne semble guère y en avoir…
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Critique parue dans la newsletter N° 528 - du 27 septembre 2018 au 3 octobre 2018