Un art écologique. Création plasticienne et anthropocène
Paul Ardenne
Les artistes doivent-ils être des observateurs ou des militants, des esthètes ou des hommes d’action ? A l’heure de l’anthropocène, c’est-à-dire cet âge géologique où la pression de l’homme modifie tous les équilibres, c’est la seconde thèse qui y est invoquée. L’artiste doit être à l’avant-garde d’un changement des mentalités, pour inverser le constat d’Edgar Morin, qui prétend que l’Homo sapiens sapiens est en réalité devenu Homo sapiens demens, tant il se plaît à détruire son cadre de vie. Présentant les pionniers du travail avec la terre, l’eau, les éléments (Christo, Smithson, Turrell, Gina Pane, Ana Mendieta), l’auteur montre que l’urgence pousse les créateurs actuels vers des interventions encore plus politiques – dans la lignée de Beuys à Kassel en 1982 avec la plantation de 7000 chênes. Objectif : respecter l’arbre, entrer dans l’ère de l’écosophie (au moins, la langue grecque bénéficie de la crise écologique !) Particle Falls d’Andrea Polli (visualisant le taux de particules fines) ou Fukushima-Dynamo de Yann Toma (parabole sur l’accident nucléaire japonais) sont quelques exemples récents de cet art engagé.
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Critique parue dans la newsletter N° 543 - du 31 janvier 2019 au 6 février 2019