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N° 546 - du 4 mars 2019 au 10 mars 2019


Giovanni Battista Moroni, Le Tailleur, vers 1570, huile sur toile, 99,5 x 77 cm) © The National Gallery, London.

L'AIR DU TEMPS

Moroni, un portraitiste de génie

NEW YORK – On n’est pas très sûr de sa date de naissance – entre 1520 et 1524 – ni de sa date de mort – 1579 ou 1580. Heureux temps où tous n’étaient pas fichés ! Et la moitié des modèles qu’il a immortalisés, qui peuplent aujourd’hui de prestigieux musées à travers le monde (de la National Gallery de Londres à l’Art Institute de Chicago, en passant par le Städel de Francfort) nous sont tout aussi inconnus. Même Vasari, dont la Vie des artistes était le Who’s who de l’époque, ne le cite pas. Il reste donc beaucoup à apprendre sur Giovanni Battista Moroni, né près de Bergame, où vivent toujours ses descendants, et dont la carrière s’est déroulée dans un périmètre réduit d’Italie du Nord, de Brescia (où il fut formé par Moretto da Brescia) à Trente. Cette exposition se concentre sur ses portraits dont le fameux Tailleur qui a fait le voyage depuis Londres, et les accompagne d’une série d’accessoires de l’époque pour voir comme l’artiste a triché ou pas avec la réalité…
Moroni: The Riches of Renaissance Portraiture à la Frick Collection, du 21 février au 2 juin 2019.

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EXPOSITIONS


Louis-Léopold Boilly, Le Pauvre Chat, huile sur toile, 31,9 × 40,4 cm. Courtesy The Ramsbury Manor Foundation.

Des Boilly cachés

LONDRES – La National Gallery en possède un dont elle est fière : une grisaille léguée en 1945 par Emilie Yznaga, duchesse de Manchester : une Fille à sa fenêtre. Tout d’un coup, voici que la jolie Parisienne ne sent plus seule : une collection anglaise jamais montrée (assemblée en un demi-siècle par le magnat de l’immobilier Harry Hyams et conservée par la Ramsbury Manor Foundation) de 18 œuvres la rejoint. Louis-Léopold Boilly (1761-1845), autre champion du portrait (on lui en attribue quelque 5000) qui échappa de peu au rasoir national, fascine par ses scènes de la vie quotidienne dans une France sens dessus dessous. Pour donner toute sa valeur à cette exposition resserrée, la fameuse Réunion d’artistes dans l’atelier d’Isabey, qui montre le gratin de l’époque – avec Girodet et le tragédien Talma - a été prêtée par le Louvre.
Boilly: Scenes of Parisian Life, à la National Gallery, du 28 février au 19 mai 2019.

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Eva Reichmann, Wiener Library Head of Research, années 1950.

Les premiers limiers de l’Holocauste

LONDRES - On connaît Simon Wiesenthal, les époux Klarsfeld, Claude Lanzmann. Mais ils ont été nombreux à enquêter sur l’Holocauste. Cette exposition s’intéresse aux pionniers – ceux qui dès l’après-guerre ont tout fait pour réunir une documentation exhaustive sur la Solution finale. Le lieu choisi – mal connu du grand public – est la Wiener Library, l’une des plus importantes archives du monde en la matière, fondée par Alfred Wiener (1885-1964), Juif allemand installé à Amsterdam puis à Londres qui avait accumulé les traces de l’antisémitisme montant dès 1933. Parmi ces personnalités : Raphael Lemkin, qui contribua à la définition juridique du génocide ; Eva Reichmann qui s’attacha à réunir les premiers témoignages des survivants ; ou les membres d’Oneg Shabbat, qui enterrèrent dans des boîtes de conserve et des bouteilles de lait un ensemble de lettres, affiches, photographies réunis pendant le ghetto de Varsovie.
Crimes Uncovered: The First Generation of Holocaust Researchers à la Wiener Library, du 27 février au 17 mai 2019.

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LIVRES

Les murs ont la parole

S’exprimer sur les murs ? Pas question : depuis la fameuse loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, l’affichage est sévèrement encadré dans les villes. C’est que les citadins ne se sont pas privés, depuis des siècles, de graver dans la pierre leur opinion – on a des exemples parlants depuis Pompéi jusqu’à Mai 68 et aux samizdats de l’Est. La version de base est le graffiti : un dessin (parfois obscène), un signe, des initiales, dont on a des échantillons aussi bien sur les pyramides que dans les vieux manoirs français. L’ouvrage montre comment ces coups de canif sont devenus des objets d’étude patrimoniale. Des rivaux de Pinturicchio qui le taxaient de sodomite sur les crépis de Rome aux prisonniers du château d’If qui immortalisaient le nom de leur amoureuse, en passant par Pignon-Ernest, jusqu’aux grapheurs qui envahissent les usines désaffectées, le registre a assurément gagné en variété.
Sur les murs. Histoire(s) de graffitis, Editions du Patrimoine, 2018, 190 p., 29 €.

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