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N° 383 - du 2 avril 2015 au 8 avril 2015


Nicolas Poussin, Le Repos pendant la fuite en Egypte, © Musée national de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg/Pavel Demidov.

L'AIR DU TEMPS

Poussin, une religion contre les fanatiques

PARIS – Voilà une exposition audacieuse. Elle associe un peintre réputé « difficile » (Poussin) et un sujet qui n’a pas forcément les faveurs de l’opinion (la religion). On y voit certes des assomptions, des cènes et des ravissements, ainsi que des saints dans des situations parfois peu enviables (l’immense saint Erasme venu du Vatican dont on déroule l’intestin sur un cabestan). Mais l’exposition propose une seconde lecture : Poussin, dont les exégètes se sont toujours demandé s’il était incroyant ou dévot, propose une forme de religion apaisée, ouverte, éclairée. Pourvu qu’ils croient en une version comparable de l’humanité, du don de soi, de la vénération des bienfaits de la nature, des personnages aussi variés que Diogène ou le stratège grec Phocion peuvent y être incorporés. S’appuyant sur la richissime collection du Louvre (le «musée aux quarante Poussin»), l’exposition fait aussi venir des toiles rarement vues ou récemment redécouvertes comme la Mort de la Vierge de l‘église de Sterrebeek en Belgique ou le Paysage aux trois moines de Belgrade.
Poussin et Dieu au musée du Louvre, du 2 avril au 25 juin 2015.

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EXPOSITIONS


Anonyme, Mannequin néoclassique, Italie, 1810. © Accademia Carrara, Ville de Bergame.

Une vie de mannequin

PARIS – C’est assurément l’une des expositions les plus surprenantes de l’année : l’utilisation, au cours des siècles, de mannequins de bois ou de tissu par les artistes. Le thème n’est pas si frivole qu’il y paraît. On sait depuis Pygmalion que ces simulacres peuvent devenir plus vivants que nature… L’exposition rappelle notamment (par des photos) l’extraordinaire histoire de la poupée d’Oskar Kokoschka : l’artiste abandonné par Alma Mahler dont il était amoureux fou, la fit ressusciter par une couturière. Il faisait habiller cette Alma bis, sortait avec elle en ville, couchait avec elle, jusqu’au jour où il la décapita… Entre tableaux de Burne-Jones et de Chirico, photos d’Herbert List et de Bellmer, films de Méliès, on navigue d’yeux de verre en incroyables carnations de cire. C’est une délicieuse ambiance de cabinets de curiosités : on découvre les poupées parlantes d’Edison (un véritable flop commercial) ou la reconstitution de la « grande machine » de Nicolas Poussin, son théâtre de figurines dans une boîte en bois. Par les nuits de pleine lune, nulle doute que tous ces mécanismes savants se remettent en mouvement…
Mannequin d'artiste au musée Bourdelle (qui vient de rouvrir), du 1er avril au 12 juillet 2015.

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Les embruns de la Flandre

CASSEL – Que la Flandre ait partie liée avec la mer, c’est une évidence. L’exposition retrace ces siècles de rapports étroits, symbolisés par le genre pictural de la marine. Batailles navales, scènes de tempête, mais aussi portulans, ports animés et natures mortes de poissons… Des prêts significatifs ont été consentis par de grandes institutions, livrant au public des œuvres de Bruegel l’Ancien, Met de Bles, Frans Snyders ou Paul Bril.
La Flandre et la mer au musée de Cassel, du 4 avril au 12 juillet 2015.

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Florilège des avant-gardes

PARIS - Sous un intitulé qui embrasse large, la fondation Louis Vuitton propose une exposition généraliste qui cherche les sources de la modernité. Fondée sur des prêts prestigieux de grands musées, elle passe en revue des peintres passés à l’histoire, de Munch à Otto Dix, de Matisse à Mondrian.
Les clés d’une passion à a Fondation Louis Vuitton, du 1er avril au 6 juillet 2015.

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40 ans de Jean-Paul Gaultier

PARIS – Ce fut l’un des enfants terribles de la mode des années 80. Gaultier s’est assagi mais reste une influence majeure comme le prouve cette rétrospective qui regroupe ses créations depuis 1970, lorsqu’il commença à dessiner sous l’influence du film Falbalas de Jacques Becker, jusqu’à 2013.
Jean-Paul Gaultier au Grand Palais, du 1er avril au 3 août 2015.

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Dans l’intimité des Rouart

YERRES - Henri Rouart (1833-1912) fut un peintre impressionniste de qualité, présent dès la première exposition de 1874, et un ardent collectionneur : ses succès dans l’industrie lui donnaient les moyens d’acheter généreusement. Ses descendants Ernest (élève de Degas et gendre de Berthe Morisot) et Augustin furent aussi des peintres doués. Très peu présente dans les musées, cette dynastie est encore accrochée aux murs de la famille (dont ceux de l’académicien Jean-Marie Rouart). Les voir réunis dans l’ancienne propriété de leur ami Caillebotte est donc une occasion rare…
Les Rouart : de l’impressionnisme au réalisme magique à la Propriété Caillebotte, du 28 mars au 5 juillet 2015.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Vue de l’exposition « Takis », Palais de Tokyo 2015. Photo : André Morin.

Takis, artiste magnétique

En 1960, le Grec Takis investit la galerie de sa compatriote Iris Clert, à Saint-Germain-des-Prés, où Yves Klein vient de présenter son Vide. Il crée à son tour l’événement en envoyant un homme dans l’espace. En réalité, il s’agit d’un tout petit vol : le cobaye casqué, le poète sud-africain Sinclair Beiles, ne s’élève que de quelques centimètres. Mais il est mû par les champs magnétiques, des forces que Takis (né en 1925) continuera d’explorer jusqu’à nos jours. Comme pour Julio Le Parc récemment, l’exposition du Palais du Tokyo évoque toute la carrière d’un artiste majeur du dernier demi-siècle, avec des installations surprenantes. Des boussoles désemparées que manipulent les visiteurs aux gongs intempestifs, des cordes de guitare pincées par des baguettes folles jusqu’au grand Hommage à Kafka, cauchemar érotique et technologique, Takis n’a cessé de croiser la science, la musique et l’ésotérisme.
Takis, champs magnétiques au Palais de Tokyo, du 18 février au 17 mai 2015.

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FILMS

Faussaire et schizophrène

Son cas avait défrayé la chronique il y a quelques années. Mark Landis avait inondé les musées du Sud des Etats-Unis de Signac, Valtat et Picasso postiches. L’histoire aurait plu à Orson Welles (son dernier film F for Fake portait sur le faussaire Elmer de Hory) tant elle sort de l’ordinaire : le coupable ne cherchait pas à s’enrichir mais à faire acte de philanthropie. Se présentant sous différentes identités - un héritier voulant honorer la mémoire de ses parents ou un riche pasteur -, il donnait les tableaux. Les faux n’étant pas monnayés, il y avait absence de délit pénal. Les musées ainsi bernés par des œuvres à base de photocopies digitales et de marc de café n’auraient guère souhaité faire éclater au grand jour leur naïveté… Pourtant, c’est en s’apercevant que l’aquarelle de Signac généreusement offerte au musée de Cincinnati était déjà présente en deux ou trois exemplaires dans des musées voisins qu’un conservateur dénoua le premier fil de cette affaire rocambolesque. L’impensable se produisit : l’incriminé accepta de collaborer avec les réalisateurs. Il y conte son histoire – plutôt émouvante, avec un cocktail à base de schizophrénie et de deuils familiaux. Et démontre au passage que l’extrême sophistication des techniques d’analyse ne rend pas les conservateurs infaillibles…
Le Faussaire de Sam Cullman et Jennifer Grausman, est sorti en salles le 18 mars 2015.

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LIVRES

Ecrivains dans l’objectif

Certains sont mystérieux et fuyants (Salinger, Henry Roth), d’autres sont des icônes (Malraux, Henry Miller, Nabokov) mais tous ont suscité à un moment ou à un autre l’attention - ou l’obsession - des photographes. L’ouvrage, sous forme de pavé-vademecum, présente 250 portraits d’écrivains célèbres, d’Achebe à Zanzotto, signés par Herbert List, Sophie Bassouls ou Marion Ettlinger. Les textes – des mini biographies - sont enlevés même si la traduction de l’original italien joue parfois quelques tours : Cavafy (écrit Kavafis en italien) se retrouve ainsi entre Kafka et Kawabata… Si l’on regrette des absences (Tchekhov, Tolstoï), on aurait surtout souhaité en savoir davantage sur certaines prises de vues. Proust sur son lit de mort (par Man Ray), Sartre à la pipe sur le Pont des Arts (par Cartier-Bresson) ou Nabokov abattant son filet sur un papillon (par Philippe Halsman) sont devenus de tels classiques qu’ils auraient chacun mérité un petit essai.
Grands écrivains. Les auteurs célèbres vus par de grands photographes, éditions du Chêne, 2014, 512 p., 35 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Olivier REBUFA

4 avril 2015 - MONTPELLIER - Galerie Annie Gabrielli

L'usage du mannequin dans la création d'un artiste contemporain

Notre sélection de nouvelles expositions

EN BREF

MALAGA - Le Centre Pompidou Malaga a été inauguré le 28 mars 2015.

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TURIN - Le Musée égyptien rouvre le 2 avril 2015 après trois ans et demi de travaux.

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