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N° 418 - du 11 février 2016 au 17 février 2016


Johannes Baargeld, Typische Vertikalklitterung als Darstellung des Dada, 1920. Photomontage d’épreuves gélatino-argentiques teintées en brun et impression en demi-teintes, avec retouches sur semi-carton jaunâtre, 37,1 x 31 cm, Kunsthaus Zürich.

L'AIR DU TEMPS

Dada, un remède contre la folie du monde

ZURICH - En 2016, nous commémorons le centenaire des boucheries de la Somme (environ 7000 morts et blessés par jour pendant cinq mois) et de Verdun (plus de 1000 morts par jour pendant dix mois)… Mais aussi de la naissance du mouvement Dada à Zurich, au cabaret Voltaire de Zurich. Un mouvement qui, sous l’impulsion de Hugo Ball et de Tristan Tzara, chercha dans la dérision, la parodie et la poésie une issue aux maux du monde. Aujourd’hui, les choses ne semblent pas aller tellement mieux qu’en 1916. Crise des migrants, conflits au Proche-Orient et en Afrique, dérèglement climatique, inégalités croissantes… Et si l’iconoclasme dadaïste (qui a tout de même été la matrice du surréalisme !) nous aidait à mieux supporter notre environnement déprimant ? Pour l’occasion, le Kunsthaus Zurich porte enfin à son terme ce qui aurait dû être le chant du cygne du mouvement, Dadaglobe : un ouvrage ambitieux, coordonné en 1921 par Tzara à partir de contributions d’artistes du monde entier. Collages, poèmes, photomontages, marqués par la révolte, l’antimilitarisme, le goût de l’utopie : au total quelque 160 documents qui ne purent jamais être publiés et le sont enfin, en même temps qu’ils sont rassemblés dans les salles du musée.
Dadaglobe Reconstructed au Kunsthaus Zurich, du 5 février au 1er mai 2016.

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• Pour joindre l’agréable au sérieux, le musée organise un bal masqué Dada le 13 février 2016.

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EXPOSITIONS


Giulio Aristide Sartorio, La sirène, 1893, huile sur toile marouflée sur panneau, 71 x 142 cm. Torino, Gam - Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea.

Le symbolisme, reflets d’un temps évanoui

MILAN - Et avant 1914 ? Comment sentir le pouls du monde avant la conflagration ? Le hasard veut que Milan accueille une ambitieuse exposition sur le symbolisme. Un mouvement difficile à circonscrire, qui réunit des noms aussi variés que Gustave Moreau, Félicien Rops et Fernand Khnopff, mais aussi des artistes italiens comme Segantini et Previati – moins connus du public international. Tous représentants d’un monde qui croyait en une forme de beauté ultime, en une fusion des arts, en un rapprochement des peuples. Idéaux qui se fracassèrent sans espoir à Sarajevo le 28 juin 1914… La réunion des stars Klimt, Redon et Hodler est presque moins intéressante que la redécouverte d’artistes un peu oubliés comme Galileo Chini, le virtuose de la céramique (il faut avoir vu ses thermes somptueux de Salsomaggiore en Emilie Romagne), ou Aristide Sartorio, auteur d’une colossale frise historique (plus de 100 mètres de longueur !) pour le Parlement italien, restaurée il y a quelques années.
Il Simbolismo au Palazzo Reale, du 3 février au 6 juin 2016.

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Jan Anthonisz van Ravesteyn (et atelier) (c.1572-1657), Portraits d'officiers, 1624. Photo Ivo Hoekstra.

La face cachée des musées

LA HAYE – Que conservent les réserves des musées ? Combien de trésors inconnus y gisent ? Ces fonds cachés, qui peuvent aisément représenter 90% des collections, alimentent les fantasmes. L’une de leurs vocations premières est d’être un matériau d’étude pour les conservateurs – la bronca qui accompagne le déménagement annoncé des réserves du Louvre à Liévin l’illustre bien. Le Mauritshuis, plutôt bien placé en la matière (seuls 300 de ses 850 tableaux sont invisibles), a décidé de lever le voile. Il a sorti une cinquantaine d’œuvres de leur purgatoire pour nous aider à établir la typologie des relégués. Cohabitent ainsi des croûtes (fruit de donations, que le principe d’inaliénabilité empêche d’éliminer), des pièces en très mauvais état (impossibles à exposer), des œuvres trop grandes (la place est comptée !), d’attribution erronée ou sortant du champ de la collection (comme ce portrait de la reine Beatrix par Andy Warhol, dans un musée consacré à la peinture flamande du XVe au XVIIIe siècle). Ou des ensembles intéressants comme cette série de 25 portraits d’édiles par Jan van Ravesteyn peints entre 1611 et 1624. Ils occupent tout un mur et l’on comprend visuellement la difficulté qu’il y a à gérer ce type de dépôts ! Cela dit, rien n’empêche les réalisateurs de La nuit au musée de nous faire rêver avec une caverne d’Ali Baba…
In and Out of Storage au Mauritshuis, du 4 février au 8 mai 2016.

Les visiteurs sont invités à choisir la dernière pièce de l’exposition : le 53e tableau de l’exposition sera élu par un jury populaire via internet. Jacob Savery I est actuellement en tête…


Jean-Baptiste Huet, Vignes, lavis de sanguine, gouache rouge et rehauts de blanc sur papier beige, 47,5 x 40,5 cm. Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques.

Le peintre et les animaux

PARIS - On connaît de nombreux virtuoses de peinture animalière : Paulus Potter et ses bovins placides, Oudry et ses chevaux, Desportes et ses chats… Dans cette famille discrète, Jean-Baptiste Huet (1745-1811) fait quasiment figure d’inconnu. Privilégiant les amateurs privés plutôt que les commandes publiques (en fait foi le fait que la plupart de ses œuvres – dont beaucoup de dessins aux différentes techniques - sont datées et signées), il a aussi bien fréquenté la Ménagerie du roi que les vertes campagnes d’Ile-de-France. Croquant ici tigres et lionnes, là gallinacées et lapins, il excelle dans tout le règne animal. La découverte en 1986 d’un recueil botanique a montré que le monde végétal l’attirait tout autant. Mais l’essentiel de sa célébrité provint en son temps des innombrables motifs qu’il produisit pour la manufacture de toile de Jouy, véritable Ikea du XVIIIe siècle. Par sa fraîcheur, par sa luminosité, par sa curiosité – qui s’étend même aux mauvaises herbes -, Huet nous touche : on pourrait parfaitement en faire une icône de l’écologie moderne.
Jean-Baptiste Huet, le plaisir de la nature au musée Cognacq-Jay, du 6 février au 5 juin 2016. Catalogue Paris Musées (2016, 176 p., 29,90 €) qui fait désormais office de monographie de référence. Le catalogue raisonné des peintures de Huet a fait l'objet d'un mémoire de DEA par Laure Hug en 1996-97 à Paris IV-Sorbonne, sous la direction d'Antoine Schnapper, mais n'a pas été publié.

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LIVRES

Cherchez l’ombre

L’hiver est la saison idéale pour surveiller son ombre. Avec le soleil rasant, elle est longue et très encombrante. En réalité, sommes-nous si sensibles à sa présence ? Si tout le monde a remarqué que les ombres sont accentuées chez les ténébristes du XVIIe siècle, Caravage ou La Tour, qui a noté, en revanche, qu’elles sont quasiment absentes de la peinture de la Renaissance ? Léonard conseillait de voir le monde à travers une sorte de brume, un soleil voilé… Ce court essai de Gombrich (écrit en 1996, à 87 ans) est une manière d’histoire de l’ombre, et de ses éclipses. Le discours s’appuie sur les collections de la National Gallery de Londres, qui permettent de couvrir la plupart des typologies - sauf les premiers exemples sur les mosaïques de l’Antiquité ! Des primitifs flamands à Chirico, elles contiennent des figures virtuoses comme les ombres sur des murs courbes (Joseph en Egypte de Pontormo), les ombres vues à travers un globe de verre (Salvator Mundi de Previtali) ou les effets d’ombres chinoises chez Wright of Derby (Expérience sur un oiseau dans une pompe à vide). On comprend le malheur de Peter Schlemihl, le héros de Chamisso, qui eut la mauvaise idée de vendre la sienne au diable…
Ombres portées, par E.H. Gombrich, Gallimard, 2015, 112 p., 20 €.

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L’art des mets

« Natures mortes » ou « vies tranquilles » ? Quelle que soit l’appellation qu’on leur donne, selon la langue choisie, ces tables de victuailles ont l’air si vivantes qu’on s’y laisse parfois prendre. Ces écorces de citron de Thomas de Paep, ces brochets de Pieter de Putter, ces huîtres de Willem Claesz Heda semblent sortir tout droit de chez le poissonnier ou le marchand de quatre saisons (comme, deux mille ans plus tôt, les raisins de Zeuxis étaient picorés par les oiseaux). Accompagnant une exposition au Couvent Sainte-Cécile de Grenoble (jusqu’au 27 février 2016), ce catalogue montre le balancement permanent entre éloge du maigre et apologie de l’abondance dans la peinture flamande et hollandaise. Et aide à percer la signification symbolique des mets, noix, asperges, grenades. Dans un monde qui délaisse un peu la nature morte, le relais est ici pris par les auteurs de BD, qui en donnent une interprétation contemporaine.
Tables et festins, sous la direction d’Alain Tapié, Glénat, 2015, 192 p., 25 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

BRÈVES

NEW YORK – TEFAF, le salon d’antiquités de Maastricht, a annoncé la création de deux nouvelles foires semestrielles à New York, la première se tenant du 22 au 26 octobre 2016.

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PARIS – La Villa Vassilieff, ancien atelier de Marie Vassilieff puis Musée du Montparnasse, rouvre comme centre de recherche en art contemporain. La première exposition, Groupe Mobile, est inaugurée le 13 février 2016.

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PARIS – Le salon d’art contemporain art3f se tient à la Porte de Versailles du 12 au 14 février 2016.

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PARIS – Le prix Marcel Duchamp d’art contemporain a annoncé ses quatre finalistes 2016 : Kader Attia, Yto Barrada, Ulla von Brandenburg et Barthélemy Toguo.

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ROTTERDAM – Le salon d’art contemporain Art Rotterdam se tient du 11 au 14 février 2016.

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VERSAILLES – Succédant à Anish Kapoor, c’est l’artiste islandais Olafur Eliasson qui sera l’invité du château de Versailles à l’été 2016.

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