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N° 445 - du 13 octobre 2016 au 19 octobre 2016


Frans Post (1612–1680), Capybara, aquarelle et gouache, encre noire, vers 1638–1639, Noord-Hollands Archief, Haarlem.

LETTRE D'AMSTERDAM

Découvertes brésiliennes au fond d’un carton

AMSTERDAM - Qui se souvient que les Pays-Bas ont colonisé le Brésil ? Pendant un quart de siècle, à partir de 1630, une bande du Nordeste leur appartint. Le gouverneur, Jean-Maurice de Nassau, un esprit éclairé, en seulement sept ans, y établit un musée, un zoo, un jardin botanique et fit venir des artistes pour décrire la beauté des tropiques. Les plus connus furent Frans Post et Albert Eckhout, qui laissèrent des toiles colorées, pleines d’arbres luxuriants et d’animaux bizarres, comme le tatou à six bandes. Frans Post (1612-1680) ayant peint l’essentiel de son œuvre de retour en Hollande, on a toujours supposé qu’il avait travaillé à partir de dessins, mais on ne lui en connaissait aucun sur la flore ou la faune. Le « chaînon manquant » vient d’être trouvé par le conservateur des archives de Haarlem (Noord-Hollands Archief) lors d’une opération d’inventaire : 34 dessins d’animaux et de plantes du Nouveau Monde dont on retrouve la déclinaison à l’identique sur les tableaux. Un indice a convaincu les enquêteurs de l’art : le capybara, un rongeur, arbore une toison impeccablement lustrée sur la toile conservée au Louvre. Sur un des dessins correspondants, en revanche, il est en « déshabillé » puisque l’on voit clairement la trace de son collier - la preuve qu’il s’agissait d’une simple feuille d’étude. L'exposition rassemble ces trouvailles au milieu de tableaux et d'animaux empaillés - dans une idéale ambiance de cabinet de curiosités.
Frans Post, Animals in Brazil au Rijksmuseum, du 7 octobre 2016 au 8 janvier 2017.

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EXPOSITIONS


Fra Bartolommeo, étude pour la Vierge de la Miséricorde, vers 1515, craie rouge et blanche, sanguine sur papier, 38,1 x 25,1 cm, musée Boijmans van Beuningen (collection Koenig), Rotterdam.

Fra Bartolommeo, l'homme de la haute Renaissance

ROTTERDAM - Où il est encore question de valise voyageuse : une autre exposition aux Pays-Bas nous montre les hasards de l’histoire. Si le musée Boijmans van Beuningen possède l’une des plus belles collections au monde de dessins de Fra Bartolommeo, star de la haute Renaissance florentine, il le doit à la libre circulation de trois portfolios. Oubliés dans le couvent de Sainte-Catherine après la mort du dominicain (en 1517), ses dessins furent rassemblés au milieu du XVIIe siècle par un marchand avisé, Niccolò Gaburri, et commencèrent une errance européenne qui se moqua bien des frontières que les hommes cherchent sans cesse à renforcer… Une partie fut dispersée en 1957 mais l’autre, la plus importante, était déjà arrivée à Rotterdam et solidement attachée au musée par son fondateur, l’armateur van Beuningen, après avoir appartenu, entre autres, au roi Guillaume II (1840-1849). La rétrospective s’appuie sur des dessins provenant d’autres collections et laisse aussi une belle place à des retables religieux qui n’avaient jamais quitté Lucques en Toscane.
Fra Bartolommeo, The Divine Renaissance au musée Boijmans van Beuningen, du 15 octobre 2015 au 15 janvier 2016.

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Hercules Seghers, Panorama avec route et branches moussues, vers 1622-1625, gravure sur coton avec rehauts au pinceau, Rijksmuseum.

Hercules Seghers, la rétrospective 150%

AMSTERDAM - Hercules Seghers (vers 1589-vers 1640) est un peintre-graveur peu connu du grand public mais « culte » : il fut notamment adoré de Rembrandt, qui posséda plusieurs œuvres de lui. Dans une pénombre mystérieuse, bercé par la voix off de John Malkovich, le visiteur découvre les paysages fantastiques de ce visionnaire, riches en mousses, feuillages, crevasses et ravins envahissants. Ce sédentaire du plat pays rêvait de montagnes ! Virtuose de la gravure, Seghers était capable d’en produire des états surprenants en retravaillant la plaque ou le tirage avec des techniques très personnelles. On en a ici « pour son argent » côté peinture : les recherches préparatoires à l’exposition ont permis de faire passer son corpus de toiles de 12 à 18 : un bond de 50 % !
Hercule Seghers au Rijksmuseum, du 6 octobre 2016 au 7 janvier 2017.

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Van de Velde, ivre de paysage

LONDRES - Peintre un peu oublié, Adriaen van de Velde, disparu jeune (1636-1672), fut un des virtuoses du paysage hollandais mais aussi un délicat dessinateur de figures. Marines, scènes arcadiennes, fermes et paysans idéaux : cette rétrospective est la première de cette ampleur à lui être consacrée.
Adriaen van de Velde à la Dulwich Picture Gallery, du 12 octobre 2016 au 15 janvier 2016.

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Animaux en peinture

CASSEL - Les artistes flamands du Siècle d’or furent d’éminents naturalistes. Sous leur pinceau, le pelage et le plumage des animaux atteignent une impressionnante véracité. Savery, Snijders, de Vos sont ici réunis avec leur innombrable ménagerie : souris, papillons de nuit, pintades mais aussi biches, paons et léopards.
L’Odyssée des animaux au musée de Cassel, du 8 octobre 2016 au 22 janvier 2017.

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE


Claudy Jongstra, Ancient Light, Musée de la Frise, Leeuwarden. Photo Hans Jellema.

Claudy Jongstra, l’art de la laine

Ce fut un conte de fées quand, en 1999, sur simple courrier envoyé à la production, elle fut choisie pour réaliser une partie des costumes de Star Wars Episode 1, notamment la toge de feutre de Liam Neeson. Depuis Claudy Jongstra (née en 1963) s’est fait un nom dans sa discipline : un travail sur la laine et autres fibres, depuis la teinture jusqu’au tissage (ou pas). Après s’être fait remarquer pas un grand mur textile pour la réouverture du San Francisco Museum of Modern Art, variation sur l’oignon, symbole de l’infini (avec ses pelures) et d’une couleurs plus riche que l’or, elle joue un rôle actif dans la mise en place de Leeuwarden capitale européenne de la culture 2018. C’est dans le musée flambant neuf de la capitale de la Frise (région où elle est installée) qu’elle a monté sa dernière installation, Metaphoric Indigo, une rotonde qui joue sur l’idée du bleu et de la lumière. Sur les murs est punaisée une autre performance : les quelque 70 feuillets de l’interview fleuve de l’artiste, menée pendant trois jours par Louwrien Wijers. • Claudy Jongstra est exposée au Fries Museum jusqu’au 8 janvier 2017.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


LAMIA JOREIGE - BEYROUTH AUTOPSIE D'UNE VILLE

14 octobre 2016 - CHÂLON-SUR-SAÔNE - Musée Nicéphore Niépce

Comment la capitale du Liban souffre et se réinvente : un portrait photographique

Notre sélection de nouvelles expositions

LIVRES

Van Gogh s’est-il suicidé ?

On n’est pas tenu d’apprécier le titre à la Colleen McCullough, qui ne révèle pas grand chose du contenu, si ce n’est sous forme d’énigme. Car ce livre se préoccupe moins de nature que du destin d’un de ses grands interprètes, Van Gogh. De son temps, déjà, des voix s’étaient élevées pour mettre en doute la thèse du suicide. La blessure dans le flanc gauche avec un revolver également tenu de la main gauche n’est pas aisée à s’infliger. Le roman développe cette thèse : Van Gogh n’a rien d’un « suicidé de la société », il voulait vivre, était en forme et dans une intense fièvre créatrice. Comment est-il mort alors ? D’un accident passionnel : sa liaison avec la fille du docteur Gachet, très éprise de lui, aurait mal tourné. Une altercation, des menaces, une arme brandie maladroitement, un coup qui part… Cette version, défendable, permet de brosser une fresque des derniers jours de l’artiste qui, dans la chaleur d’Auvers-sur-Oise, en juillet 1890, canote, fréquente l’auberge Ravoux, bat la campagne et produit un tableau par jour. Un personnage est particulièrement malmené : le docteur Gachet. Dépeint comme un tyran familial, pingre et aigri, il est à mille lieues du placide médecin de campagne croqué par Van Gogh. Du peintre ou du romancier, qui a raison ?
La valse des arbres et du ciel, par Jean-Michel Guenassia, Albin Michel, 2016, 304 p., 19,50 €.

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EN BREF

COGNAC - La Fondation Martell est inaugurée le 13 octobre 2016 avec une exposition consacrée à Vincent Lamouroux.

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GAND - Après quatre ans de restauration, les panneaux latéraux du retable de l’Agneau mystique par Jan van Eyck sont de nouveau visibles dans la cathédrale Saint-Bavon.

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PARIS - La foire Paris Internationale a lieu du 18 au 23 octobre 2016.

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PARIS - Le salon Réalités Nouvelles tient sa 70e édition du 16 au 23 octobre 2016

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PARIS (et France- - Les Journées nationales de l’architecture ont lieu du 14 au 16 octobre 2016.

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PRATO - Le Centre Pecci pour l’art contemporain rouvre le 16 octobre 2016 avec l’adjonction d’un bâtiment de l’architecte Maurice Nio.

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