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N° 467 - du 30 mars 2017 au 5 avril 2017


Aida Muluneh, City Life, photographie, 80 x 80 cm, 2016. Courtesy David Krut Projects.

L'AIR DU TEMPS

Afrique, nouvelle superpuissance de l’art

PARIS - Il y a un demi-siècle, à la question «Citez un artiste africain», beaucoup seraient restés muets. Les choses ont bien changé. Des expositions comme «Magiciens de la Terre» en 1989 au Centre Pompidou et, plus récemment, «Beauté Congo» à la Fondation Cartier (2015), les foires d’art contemporain spécifiques comme 1:54 à Londres ou AKAA à Paris, ont révélé un tissu très dense de créateurs, au-delà des sculpteurs de serrures dogon ou des parures de perles bamiléké. Chéri Samba, Barthélemy Toguo, El Anatsui, Pascale Martine Thayou ou l’Ethiopienne Julie Mehretu, installée aux Etats-Unis, font partie de cette avant-garde visible… derrière laquelle se tapit une relève encore mal connue. D’Algérie en Egypte, du Soudan jusqu’au Malawi et à Madagascar, on ne peut plus simplement résumer l’art africain en un artisanat pittoresque ou en une peinture naïve. C’est d’ailleurs l’un des objectifs avoués du festival «100% Afrique» que de faire émerger de nouveaux noms. Certains emploient des techniques traditionnelles - tapisserie, tentures, sculpture -, d’autres se mesurent à la vidéo, à la photo, à la performance, à l’installation, au conceptuel. Autant de domaines implicitement considérés comme des chasses gardées occidentales… L’exposition de la collection Pigozzi à la Fondation Louis Vuitton, à partir du 26 avril, n’aura sans doute pas le succès phénoménal de Chtchoukine mais elle confirme que l’art africain - qui accède aussi aux Galeries Lafayette Haussmann (jusqu'au 25 juin) n’est plus désormais un parent pauvre.
Afriques Capitales, à la Grande Halle de la Villette, du 29 mars au 28 mai 2017. Un second volet se tient à la gare Saint-Sauveur à Lille, du 6 avril au 3 septembre 2017.

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EXPOSITIONS


Archer agenouillé (détail), dynastie Qin (221–206 B.C.), terre cuite. Musée de site du Mausolée Qin Shihuangdi, Lintong.

Les Han, une valeur sûre

NEW YORK - On l’avait vu célébrée récemment (en 2015) au musée Guimet, à Paris. La dynastie chinoise des Han, qui a fleuri il y a deux mille ans (de 221 av. J.-C. à 220), continue de fasciner par son usage de matériaux précieux (jade, laque, or, cristal de roche), par sa maestria dans le travail du bronze et de la terre cuite (avec les fameux chevaux), par l’impassibilité de personnages antérieurs à l’empire romain… L’exposition, qui englobe aussi la courte saison Qin qui l'a précédée (celle des 7000 guerriers en terre cuite) est un impressionnant dispositif international, avec des prêts de 32 musées. Elle présente un scoop en la personne d’une statue à demi nue, à l’impressionnante précision anatomique, qui fait imaginer des rapports avec les royaumes hellénistiques d’Asie. Au moment même ou le président Trump fait de la Chine l’un de ses principaux antagonistes, elle montre le degré de sophistication de cet empire bâtisseur. On lui doit un système de poids et mesures, une législation et une langue écrite homogènes, une monnaie stable et des infrastructures efficaces (routes et canaux) : presque un modèle à suivre !
Age of Empires: Chinese Art of the Qin and Han Dynasties (221 B.C.–A.D. 220) au Metropolitan Museum, du 3 avril au 16 juillet 2017.

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ET AUSSI

Bartning, gros plan sur un architecte

BERLIN - L'architecte Otto Bartning (1883-1959) fut, avec Le Corbusier, l'un des pionniers du Mouvement moderne en Europe dans la première moitié du XXe siècle. Cette exposition détaille son œuvre, du pavillon allemand à la foire de Milan en 1926 jusqu'à la clinique de Darmstadt en 1954. A l'Akademie der Kunst, du 31 mars au 18 juin 2017.

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Kader Attia ausculte

GAND - Le plasticien présente une installation, Réparer l'invisible qui interroge nos sociétés sur les traumatismes qu'elles expérimentent (esclavage, génocide, etc). Au S.M.A.K. du 31 mars au 1er octobre 2017.

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Racines italiennes

PARIS - Ciao Italia ! passe en revue un siècle d'immigration et de culture italiennes en France (1860-1960). Au Musée national de l'histoire de l'immigration, du 28 mars au 10 septembre 2017.

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MUSÉES


Camille Claudel, L’Abandon, vers 1886-1905, bronze, 42,3 x 38,8 x 19,9 cm. Achat à Reine-Marie Paris de La Chapelle, 2008 © musée Camille Claudel, photo Marco Illuminati.

Camille Claudel retrouve son port d’attache

NOGENT-SUR-SEINE - Pour le public français, elle évoque un destin romanesque et tragique, celui d’un génie au féminin, tombé dans les griffes d’un artiste ogre, qui l’aime, la forme puis la brise. Lui, c’est Rodin, elle, c’est évidemment Camille Claudel (1864-1943) à laquelle Isabelle Adjani a prêté ses traits dans un film à succès. L’artiste maudite est enfin célébrée dans un musée tout à elle, dans la ville où elle passa une partie de son adolescence et où se manifestèrent les prémices de son talent. Collé à la maison de famille (son père était conservateur des hypothèques), le musée, dessiné par Adelfo Scaranello, est une bâtisse discrète en verre et brique (matériau symbolique puisque issu de la terre que travailla tant la jeune Camille). A côté des sculpteurs du cru (dont Alfred Boucher, son mentor et futur fondateur de la Ruche à Paris), de quelques pièces de Rodin et Bourdelle, c’est évidemment Camille Claudel qui est à l’honneur… Fondé sur une collection acquise en 2008, le musée présente ses pièces maîtresses, en plâtre, en marbre ou en bronze, dont la Valse, l’Age mûr ou la Jeune Châtelaine et de très rares dessins. Expressionnisme ou stylisation ? Les deux tant la jeune praticienne, cornaquée par Rodin, se montre douée. Cependant, la fin de leur liaison signe la déchéance de Camille qui survivra, davantage qu’elle ne vivra, encore quatre décennies sans jamais plus dessiner ni modeler.
• Le musée Camille Claudel a ouvert s le 26 mars 2017.

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L’ARTISTE DE LA SEMAINE


Photo Luc Castel

Ciprian Muresan : le dessin, miroir du monde

Avec une forte tradition visuelle, notamment dans la photographie (Brassaï, Eli Lotar), les créateurs roumains brillent dernièrement au cinéma, avec de nombreuses récompenses dans les grands festivals. Ciprian Muresan, né en 1977, reprend le flambeau dans le domaine du dessin. Lui qui avait vingt ans au moment de la révolution qui libéra le pays des Ceaucescu puise son inspiration aussi bien chez Masaccio que chez Buñuel et Kippenberger. Capable d’immenses compositions au fusain, qui s’apparentent à des storyboards mais constituent parfois des installations gigantesques, Muresan fusionne le passé, le présent, l’utopie. Etonnamment, sa pratique intensive et virtuose du dessin se double d’un volet conceptuel, sous forme de vidéos ou de photos évoquant la décadence des civilisations ou des dictatures (soldats pelant des patates), ou produisant des remakes d’Yves Klein ou Maurizio Cattelan.
• Ciprian Muresan a reçu le 23 mars 2017 le 10e prix de dessin contemporain de la Fondation Daniel et Florence Guerlain.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Stéphane Lavoué - LE ROYAUME

30 mars 2017 - PARIS - Fisheye Gallery

Enquête sur le Vermont rural dans une nouvelle galerie, liée à la revue du même nom

Une sélection de nouvelles expositions

LIVRES

Picasso, le grand passeur

L’exposition actuellement présentée au musée du quai Branly est spectaculaire, qui confronte Picasso aux arts « primitifs », non européens ou anciens (préhistoriques ou protohistoriques, comme celui des Ibères par exemple). Si elle donne libre cours dans sa deuxième partie à des rapprochements éloquents montrant un parallélisme des formes (entre Picasso et la sculpture fang, les papiers découpés mexicains ou les coiffes du Vanuatu), elle propose aussi, dans sa première partie, une véritable introduction savante. Année après année, on y apprend l’imprégnation de Picasso par les arts africains et océaniens, ou, plutôt, sa prise de conscience d’une vision commune (lui que l’on assurait marqué par l’art africain aurait dit un jour : « L’art nègre ? Connais pas ! ») Difficile de tout retenir, de mesurer l’impact de Carl Einstein, Michel Leiris, Derain et Vlaminck, des cocasses échanges épistolaires avec Gertrude Stein, du voyage à Gósol en 1906 ou de la visite du musée d’Ethnographie du Trocadéro en 1907. D’où l’utilité du catalogue qui permet, à tête reposée, de réviser toutes ces références…
Picasso primitif, sous la direction d’Yves Le Fur, Flammarion, 2017, 344 p., 49,90 €.

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EN BREF

CHAUMONT-SUR-LOIRE - La 9e saison d'art de Chaumont, avec 13 artistes invités, a lieu du 1er avril au 5 novembre 2017.

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MILAN - Le salon d'art moderne et contemporain MIART a lieu du 31 mars au 2 avril 2017.

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PARIS - Le salon d'art moderne et contemporain Art Paris a lieu du 30 mars au 2 avril 2017.

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PARIS - Le Mois de la Photo du Grand Paris, qui succède au Mois de la Photo créé en 1980 (chaque novembre) a lieu en avril 2017.

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