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EN DIRECT DE LA 54e BIENNALE DE VENISE

Dépêche 4 : A l'Arsenal

 

Nous tournons aujourd’hui notre attention vers les œuvres exposées à l'Arsenal, le chantier qui, au XVIIIe siècle, produisit la colossale flotte vénitienne. Longtemps sous le contrôle de la Marine italienne, certains des bâtiments ont été mis à la disposition de la Biennale. Ces bâtiments industriels désaffectés sont à la fois évocateurs et complexes à mettre en scène. Le pavillon de la République populaire de Chine a été logé pendant des années dans une ancienne chaufferie – où les énormes chaudières sont encore en place, ce qui présente des obstacles originaux à surmonter. Cette année, le visiteur y est enveloppé d’une vapeur parfumée qui, une fois dissipée, laisse apparaître des centaines de vases, façonnés dans une céramique délicate.

Praneet Soi, Sans titre, projet de peinture murale (2011). Photo : Marjorie Och.

L'Inde faisait cette année sa première apparition à la Biennale. Parmi les œuvres exposées, on remarquait une frappante peinture murale, par Praneet Soi, dont les silhouettes tombantes, à peine esquissées, nous faisaient penser à un remarquable graveur du Nouveau-Mexique, Spencer Fidler. La silhouette donne une universalité au corps humain. Les figures plus grandes que nature enveloppent le spectateur dans un paysage qui s'étend au-delà des limites de la pièce. En tant que conservateurs, l’idée de réunir ces deux artistes aussi éloignés est l’un des cadeaux que nous a offert la Biennale !

Ayse Erkmen, Plan B, installation de purification de l'eau (2011) Photo : Preston Thayer.

Dans notre dernière dépêche, nous avions interviewé Sigalit Landau, qui a transformé le pavillon israélien en une métaphore à propos des ressources en eau douce et salée de la mer Morte. A l'Arsenal, l’artiste turc Ayse Erkmen a installé une station de purification d'eau, d’inspiration « mondrianesque ». Puisant de l'eau dans le canal et la restituant sous une forme potable grâce à un système complexe de tuyaux et filtres colorés, elle prouve une nouvelle fois que Venise se prête aux expérimentations des artistes sur les questions d’environnement.

Regina José Galindo, Faux Lion d’or (2011), bronze et or du Guatemala. Photo : Marjorie Och.

L’artiste guatémaltèque Régina Galindo a remporté le Lion d'Or du meilleur jeune artiste lors de la Biennale 2005. Deux ans plus tard, elle a dû vendre le trophée pour payer ses factures. Récemment, elle en a fait faire une copie. Son installation, qui décrit la précarité des artistes contemporains parfois amenés à vendre leurs prix pour de l’argent frais, trace un parallèle avec le pillage de l'or en Amérique latine au temps de la colonie.

Gélatine, performance multimedia (2011). Photo : Marjorie Och.

Enfin, un groupe de rock a accompagné un clin d'œil multimédia à Jérôme Bosch dans les bosquets derrière l'Arsenal -

Gélatine, performance multimedia (2011). Photo : Marjorie Och.

Quand le collectif autrichien Gelatin a mis en scène une distribution de verre chaud tandis que deux gaillards nus s’agitaient sur le tas de bois qui servait à alimenter le four à verre. Mettre en « vie » certaines des peintures les plus troublantes de Bosch soulève des questions sur la finalité de l’art imitant l’art. Difficile de dire si Bosch aurait été fier ou vexé par cet hommage !

Thayer et Och au pavillon saoudien. Photo : Marjorie Och.

Correspondance depuis la Biennale de Venise par Preston Thayer et Marjorie Och.