De Dalpayrat à Perriand

Le cabinet d’expertises Camard s’installe pour deux soirées à l’Hôtel d’Evreux, place Vendôme. Près de 180 lots retracent une histoire du design du 20e siècle. Ils mènent de 1880 avec une dizaine de vases en grès de Dalpayrat jusque dans les années 1960 avec la bibliothèque « Mexique » de Charlotte Perriand, rythmée par des caissons en tôle relaquée noir et blanc et des panneaux coulissants de couleur primaire (200 000 FF). On y retrouve bien sûr les incunables du genre, les pièces dont le marché est friand. Ce sont par exemple des meubles de Guimard aux courbes soulignées par des moulures végétales, des lampes en métal tubulaire de René Herbst, des céramiques de Georges Jouve ou des miroirs en résine Talosel de Line Vautrin. De même, un bureau du lyonnais André Sornay créé pour l’Exposition des arts et techniques de 1937 devrait attirer l’attention des collectionneurs (180 000 FF). « Depuis la mort de l’ébéniste en 2000, explique Jean-Marcel Camard, les prix de ses œuvres s’envolent dans des proportions aussi spectaculaires que pour Dupré-Lafon. Des meubles ont atteint jusqu’à 400 000 FF »

Certaines pièces se détachent de cet ensemble. Singularité de leur présence dans les ventes aux enchères françaises, comme un ensemble de meubles de Joseph Maria Olbrich, le maître de la Sécession viennoise, plus souvent offert dans les régions germaniques. Mais aussi originalité des pièces. Au catalogue, figurent ainsi des chaises et des lampes qui furent dessinées par Jean Royère pour sa chambre. Constituées d’une structure métallique gainée d’une vannerie de plastique bleu outremer, elles ont été directement rapportées de sa maison du Loch Bihan dans le Morbihan pour l’occasion. Présents également de précieux modèles de Ruhlmann, comme une coiffeuse Colonettes en ébène au plateau incrusté de pastilles d’ivoire formant arabesque et partiellement plaqué de galuchat (1,5 millions FF), ou des pièces exceptionnelles de Dupré-Lafon comme une rare paire de fauteuil en cuir havane équipés d’un mécanisme d’inclinaison et de profondes caves cachées dans les accoudoirs. La vente profitera-t-elle du même mouvement d’engouement que les pièces proposées il y a deux semaines par l’étude Tajan ?