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Musées

Marie-Anne Sarda, conservateur du Musée départemental Stéphane Mallarmé

Faisant actuellement l’objet d’une exposition au Musée départemental Stéphane Mallarmé, le fameux service Rousseau dévoile ses décors insolites.


Service Rousseau Assiette plate,
Creil-Montereau, 1867-1875,
Faïence fine, décor imprimé
et peint sous couverte
© Vulaines-sur-Seine,
Musée Mallarmé
Né de la collaboration d’Eugène Rousseau, marchand et éditeur de verres et de céramiques, connu pour son rôle dans la diffusion du japonisme en France, et de Félix Bracquemond, peintre et graveur à l’origine des dessins qui animent le service, ce service fut fabriqué par la manufacture de Creil et Montereau (en Seine-et-Marne) en 1866. Présenté, pour la première fois au public lors de l’Exposition Universelle de Paris de 1867, il connut un grand succès, avant d'être, par la suite, réédité de manière ininterrompue jusqu’au milieu du 20e siècle.

Il est le premier témoignage du japonisme dans la céramique européenne. En effet, Bracquemond «décalquait» les dessins provenant des livres illustrés japonais, comme la Manga d’Hokusai, qui circulaient en cette seconde moitié du 19e siècle dans les ateliers. Ceux-ci fournissaient des répertoires aussi divers que variés de dessins animaliers et de végétaux exotiques en noir et blanc ou en couleurs que l’artiste pouvait reproduire à volonté grâce à une technique d’impression inspirée de la gravure en taille douce. Bracquemont considérait ces motifs et ces dessins plus vivants que les motifs classiques plus analytiques. Un répertoire qui selon lui apportait une certaine fraîcheur et de la vivacité aux plats.


Service Rousseau Assiette plate,
Creil-Montereau, 1867-1875,
Faïence fine, décor imprimé
et peint sous couverte
© Vulaines-sur-Seine,
Musée Mallarmé
Réalisé dans une faïence fine, de très bonne qualité à base de kaolin, cet ensemble exposé de 180 pièces se caractérise par un peigné bleu serti sur chaque pièce. Les motifs, réalisés par impression, sont représentés suivant un rythme ternaire. Un grand motif, une volaille, un poisson ou des végétaux, s’ajoute à deux autres petits motifs, le tout étant disposé en triangle. Le plus souvent, il s’agit de motifs de fleurs ou d’insectes choisis parmi un vaste choix de modèles. En effet, ces livres renfermaient une grande variété de poissons japonais rares ou inexistants en Europe : des poisson exotiques, tels que les poisson-chats, des carpes du Japon, de la volaille (des faisans, des coqs ou des canards), des feuilles de bambou, des renoncules, des pivoines, des œillets… La plupart des dessins sont montés avec de larges cernes noires, rehaussés parfois de plages colorées réalisées à la main et d’un aspect sombre rappelant le lavis à l’encre de Chine. Parmi les nombreuses pièces, le plat à poisson aux décors de langoustes et le service à café avec ses tasses aux anses en forme de branches se démarquent par leur rareté.


  Propos recueillis par L'Art Aujourd'hui
04.01.2002