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Marché

Eugène Delacroix, Soldat oriental et pur sang
Estimation : 5 / 7 millions FF

Delacroix superstar

L’étude Gros Delettrez célèbre la fascination orientale avec en vedette, une huile sur toile du peintre romantique.

À l’origine étaient peut-être ces magnifiques objets d’art venus des côtes méditerranéennes… Des meubles syriens et égyptiens en bois marqueté de nacre, d’ivoire ou d’écailles de tortue, des aiguières en laiton ornées de fils métalliques ou des carreaux de céramique ottomane qui revêtaient les parois des palais. Mais au premier plan figurent les peintures illustrant les fastes orientaux tels qu’ils ont été peints sur le motif ou imaginés depuis des ateliers américains et européens. Ces 630 lots nous font remonter au tout début du 18e siècle avec L’audience de l’ambassadeur de Bonnac chez le Sultan Ahmed II, le 24 octobre 1724 (500 000 FF) de Jean-Baptiste van Mour. Ils nous mènent jusqu’aux héritiers modernes de cet artiste de Valenciennes, surnommé « le peintre ordinaire du roi en Levant » pour être devenu le témoin privilégié des fastes de la cour de Topkapi : Jacques Majorelle (1886-1962), Isidore van Mens (1890-1985) ou Abd-el-Halim Hemche (1908-1979)...

Mais bien sûr, dans le domaine orientaliste, les palmes reviennent au 19e siècle, à Herman Corrodi, Rudolf Ernst, Bridgmann et surtout à Delacroix. Son Soldat oriental et pur-sang est estimé à 5 millions FF. Il fut peint en 1825, peut-être lors du séjour britannique de l’artiste alors que son hébergement chez Elmore, un éleveur de chevaux de course, et sa visite de la collection d’armes de Meyrick, lui fournissaient les motifs de nombreuses esquisses de chevaux, d’armes et de selles semblables à celles du tableau. À cette époque, en effet, le peintre ne connaît pas encore l’Orient, il n'est pas parti pour le Maroc. Mais il le rêve déjà. Témoin, les Massacres de Scio, qui a connu un succès retentissant au Salon de 1824 et a été acquis par l’Etat.


 Zoé Blumenfeld
17.12.2001