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Expositions

Ilya Répine sort des musées russes

Plus de 80 ans après la rétrospective de Prague, le musée de Groningue consacre une exposition au plus célèbre des peintres ambulants.


Ilya Répine,
Portrait de Moussorgsky, 1881,
Galerie Tretyakov Moscou
© Groninger Museum
Le nom d’Ilya Répine (1844-1930) n’est pas connu du grand public européen. Et pourtant les toiles de ce membre du groupe des Ambulants, ces peintres décidés à refléter le monde réel dans une peinture « démocratique », figurent parmi les illustrations les plus célèbres de la Russie de la fin du 19e siècle. Portraitiste de talent, il a fixé avec une grande finesse psychologique les traits d’écrivains, de compositeurs ou de scientifiques parmi lesquels Tourgueniev, Gorki, Tolstoï, Rubinstein, Moussorgski ou Mendeleïev. Il a également donné une image des types et des rapports sociaux de ses contemporains dans de grandes toiles épiques telle la Procession dans la province de Koursk, un «équivalent» russe de notre Enterrement à Ornans.


Ilya Répine, Repos, portrait de
Vera Repina
, 1882,
Galerie Tretyakov Moscou
© Groninger Museum
Le musée de Groningue entreprend aujourd’hui de faire redécouvrir Répine en organisant sa première exposition monographique en Occident depuis celle de Prague, dans les années 20. L’évènement est d’autant plus exceptionnel que parmi les 80 tableaux et œuvres graphiques majoritairement issus des collections de la galerie Trétiakov et du Musée russe de Saint-Pétersbourg, certains ne sont que très rarement visibles en Europe. Ainsi, les Haleurs de la Volga sortent pour la seconde fois de leur histoire des collections pétersbourgeoises...


Ilya Répine, On ne l’attendait plus,
1884 – 1888, Galerie Tretyakov,
Moscou © Groninger Museum
Comme nous a expliqué Sjeng Scheijen, spécialiste de l’art russe et co-commissaire de l’exposition, « la présentation est thématique car l’évolution picturale d’Ilya Répine est bien moins marquante que les différentes facettes de son travail de « chroniqueur » de la vie russe ». À ce titre, deux groupes d’œuvres se distinguent, les scènes de l’histoire nationale comme la Tsarine Sophia Alexeevna emprisonnée au couvent de Novodevitchy ou Ivan le Terrible et son fils et les représentations de la société contemporaine, du monde des paysans à celui des élites intellectuelles. Ces images ne sont d’ailleurs pas dépourvue de critique sociale comme le montre On ne l’attendait plus, une toile illustrant le retour au foyer d’un révolutionnaire déporté dans les camps sibériens, dont le traitement lumineux rappelle le goût de Répine pour l’impressionnisme découvert lors d’un séjour en France dans les années 1875.


 Zoé Blumenfeld
17.12.2001