Accueil > Le Quotidien des Arts > Shigeru Ban, une poésie minimaliste

Expositions

Shigeru Ban, une poésie minimaliste

La galerie de l'architecture accueille la première rétrospective française dédiée à l'architecte japonais.


Projet pour le musée temporaire
Guggenheim à Tokyo.
© image agence Shigeru Ban.
En architecture, s’il y a un japonais à la mode en ce moment, c’est Shigeru Ban. Sans parenté avec les projets d’un Tadao Ando - le maître du béton, aujourd’hui un peu fatigué - ou d’un Toyo Ito - et ses superbes structures métalliques (sublimées dans la médiathèque de Sendai)-, la force de cet architecte est d’aboutir à différentes méthodes de construction avec une clarté extrême. Il ne cherche pas le minimalisme dans l’expression, mais une expression minimaliste. C’est la première fois que cet architecte japonais de renommée internationale expose ses travaux personnels en France, et c’est La galerie d’architecture, au cœur du Marais parisien qui accueille son œuvre. Né à Tokyo en 1957, Shigeru Ban a fait ses études d’architecture au Japon et aux Etats-Unis avant d’installer son agence à Tokyo en 1985. Depuis il a réalisé plusieurs projets au Japon, en Europe et aux USA et a été récompensé avec le Grand Prix d’Architecture de Kansai en 1996 et avec le prix du Meilleur Jeune Architecte au Japon en 1997. Shigeru Ban – Projets Récents est une exposition itinérante produite par la Galerie Aedes à Berlin. Au centre de l’exposition se trouvent le projet du Guggenheim Temporaire à Tokyo et ses deux premières réalisations en France : La Halle du Toueur et le Centre d’Interprétation du Canal de Bourgogne (CICB) à Pouilly-en-Auxois (architecte associé Jean de Gastines, Paris), deux projets en fin de chantier. Elle est illustrée par de très belles maquettes, des dessins originaux, des plans et des photos pour permettre au grand public d’apprécier sa démarche.

Shigeru Ban est un poète de l’architecture. Il a l’art de détourner le matériau, de réécrire la matière et l’espace selon des techniques qui peuvent apparaître ancestrales, pour le mettre en œuvre dans ses édifices. C’est lui l’auteur des habitats d’urgence en tubes de carton recyclé après le tremblement de terre de Kobe en 1995, technique adoptée la même année par les Nations Unies pour le Rwanda, qui lui vaudra d’être nommé conseiller à la Commission pour les Réfugiés à l’ONU. Ce système constructif, il le transcende dans le pavillon du Japon à l’exposition 2000 de Hanovre. Son édifice éphémère devient vite le clou de l’exposition avec ses arcs croisés qui forment une maille architectonique à grande échelle. Mais sa renommée internationale, il la doit à ses premiers projets de villas pour lesquels il s’est toujours confronté à un thème : « La forêt », « Neuf pièces », « La maison sans murs », « La maison 2/5 » ou « La maison mur rideau ». La plupart des projets partent d’une pensée conceptuelle, comme le Pavillon Odawara, avec parfois une dose d’ironie qu’on trouve par exemple dans La maison mur rideau, qui était un des projets forts présentés à l’exposition The Un-private House au MoMA en 1999. Cette habitation forme un angle de rue, et l’auteur joue sur le terme de mur rideau - qui signifie en architecture une paroi généralement en verre qui vient habiller de manière très lisse un édifice - en disposant des rideaux (des vrais) qui ouvrent ou ferment une large terrasse. Ainsi les parois sont flottantes au gré du vent, sorte d’immatérialité des façades à l’effet graphique très séduisant.


 Rafaël Magrou
03.01.2002