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Marché

Peinture : tous derrière Delacroix !

Les évènements américains n'ont pas entraîné de crise sur ce secteur des ventes. Signe des temps, les acheteurs privilégient les œuvres «légères»…


Lucas van Valckenborch, La construction
de la tour de Babel
, Etude Beaussant Lefèvre,
le 14 décembre 2001, 9,1 millions FF
Nous annoncions la semaine passée l’augmentation de 5% du produit « Art » de Drouot pour l’année 2001 en soulignant la grande imprécision de cette catégorie qui inclut, par exemple, le domaine automobile. Qu’en est-il des peintures ? La saison a été marquée par de très belles adjudications. Du côté des tableaux anciens, on trouve La construction de la tour de Babel de Lucas van Valckenborch, record mondial pour l’artiste (9,1 millions FF chez Beaussant Lefèvre, le 14 décembre) ou les Quatre plats de friandises d’Osias Beert l’Ancien (8,4 millions FF, Etude Piasa, le 15 juin). Quant au 19e et au début du 20e siècle, on ne peut manquer de signaler le Cavalier arabe traversant un gué de Delacroix (18,3 millions FF, Etude Gros Delettrez, le 18 juin), l’Homme au chapeau, 1965 de Picasso (6,7 millions FF, Artcurial Briest, le 17 décembre) ou le Portrait en pied de Madame Tallien du Baron Gérard (6,4 millions FF, Etude Bailleul Nentas, 16 avril).


Eugène Delacroix, Cavalier arabe
traversant un gué
, Etude Gros Delettrez,
le 18 juin 2001, 18,3 millions FF
Interrogés à ce sujet, les experts de la spécialité semblent unanimes pour souligner la bonne santé du marché et la distinguer des évolutions boursières. « On ne sent pas d’arrêt de l’activité à la suite de la crise aux Etats-Unis», explique François Lorenceau. Une manière de rappeler que les évènements du mois de septembre n’ont pas entraîné la hausse de la proportion d’invendus ou la chute des prix. En revanche, ils ont accentué une tendance à privilégier la qualité. « Le succès du tableau de van Valckenborch reflète l’intérêt du marché pour des œuvres de très bonne qualité, des inédits… Avec un artiste flamand très recherché, un sujet populaire, un format ambitieux, cette toile avait tous les wagons pour faire un train qui va vite », analyse Pierre Etienne du cabinet Turquin. « On note un intérêt pour les œuvres essentielles ou pour des tableaux estimés autour de 300 / 200 000 FF. » Quitte à sanctionner des œuvres plus moyennes. « Quel que soient les prix, on n’a plus de demande pour les tableaux de petite valeur, dont l’état n’est pas excellent ou l’attribution incertaine ». Un avis entièrement partagé par Elisabeth Maréchaux qui constate également un repli vers plus de légèreté, « Les acheteurs ont envie de choses faciles, plaisantes. Ca aussi, c’est très flagrant. »


 Zoé Blumenfeld
09.01.2002