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Expositions

Les trésors cachés des Arts décoratifs

L’Union Centrale des Arts Décoratifs de Paris sort de ses réserves une sélection de 49 bijoux dans une exposition destinée à promouvoir le mécénat.


Alphonse Fouquet, Châtelaine,
vers 1878 © Union centrale des
arts décoratifs
Si l’U.C.A.D. possède l’une des plus importantes collections de bijouterie et de joaillerie en France (3 500 pièces de l’Antiquité à nos jours), aucun espace ne permet sa présentation de manière permanente. De cet état de fait naît l’idée d’une galerie de bijoux dans un bâtiment qui comprend déjà le musée de la Publicité, le musée de la Mode et du textile et le musée des Arts décoratifs. L’ouverture prévue pour 2004 s’accompagnera-t-elle de la création d’un nouvel espace consacré à cet art ? «Cette exposition a pour but de rechercher des mécènes et de faire découvrir au public la richesse de notre fonds» déclare Dominique Forest, conservateur au département moderne et contemporain. La présentation des bijoux, dans une quasi obscurité, dans des vitrines ornées de coussins colorés, ajoute encore au caractère précieux.

Sur le devant, les dernières acquisitions : un collier des années 70 de David Watkins, créateur à la mode, ou encore deux bagues en plexiglas de la française Costanza. «Chaque vitrine présente des pièces ayant un point commun, que ce soit l’époque ou la technique ». Le travail de l’or est illustré par des créations de l’école de Padoue et des artistes comme Giampaolo Babetto et Annamaria Zanella. Certaines pièces proviennent de donations suite à des expositions monographiques consacrées à Fouquet, Jacques Gautier ou Henri Gargat. Ainsi, le Collier saute-moutons de Line Vautrin ou la Pendulette oursin de Jean Schlumberger ont rejoint le bracelet de Giampaolo Babetto et le pectoral de Costanza. L’époque Art déco et son goût pour la couleur sont illustrés par une grande broche en onyx et corail de Boucheron offerte après l’Exposition universelle de 1925 ou un porte-cigarette de Raymond Templier.


René Lalique, Broche pendentif
Hirondelles
, 1906-1908
© Union centrale des arts
décoratifs
L’Art nouveau donne au peigne à cheveux ses lettres de noblesse. Une vitrine, consacrée à ce thème, rassemble le Peigne gui d’Henri Vever et le Peigne muguet de René Lalique. «Notre collection de Lalique est aussi importante que celle de la fondation Gulbenkian de Lisbonne». Deux autres pièces témoignent de la virtuosité du créateur dans l'invention des formes et des thèmes : la Broche deux hirondelles et le Collier noisette. En remontant ainsi le temps, l’épisode romantique ne manque pas d’attirer l’attention. Outre la Broche aux monogrammes, sur fond de cheveux tressés, certains bijoux apportent des témoignages sur des collaborations entre artistes comme ce bracelet de l’atelier d’orfèvre de Froment-Meurice comportant une sculpture de James Pradier. La dernière vitrine propose un retour sur les créations ingénieuses du 16e siècle à travers ce Pendentif à l’Agneau mystique dans lequel la perle baroque dicte sa forme au bijou.

Seul le Victorian and Albert Museum de Londres possède une telle galerie. La surface d’ensemble devrait atteindre 250m carrés, divisés en deux espaces distincts, l’un pour les collections anciennes et le second pour les créations contemporaines. Située entre le musée de la Mode et du textile et le musée des Arts décoratif, selon le projet architectural de Roberto Ostinelli, la galerie proposera un parcours chronologique et des vitrines techniques. «Nous tenons à conserver un contenu international. La culture du bijou a quelque peu disparu ces dernières années. Peut-être ce nouvel espace de présentation parviendra à le faire renaître».


 Stéphanie Magalhaes
03.04.2002