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Musées

Éric Corne (à droite) et Bernard Goy :
les deux directeurs du Plateau
© Françoise Monnin

L'art contemporain sur un Plateau

Le 19e arrondissement de Paris inaugure aujourd'hui un nouvel espace dédié à la création actuelle.

Un centre d'art né du désir des habitants d'un quartier et réalisé grâce au soutien de la région, de l'Etat et de la ville, voilà une initiative qui mérite d'être applaudie ! D'autant que les moyens modestes ont abouti à un lieu fonctionnel, agréable et très humain. «Un lieu spontané, reconquis et détourné» : ainsi l'un des trois architectes qui ont œuvré ici, Valode (qui avait également aménagé le CAPC de Bordeaux), définit-il le Plateau. Une réussite, en vérité, que la transformations de ce rez-de-chaussée d'immeuble d'habitation. L'histoire est belle.


Mur peint par Calais (né en 1967)
2001 © Françoise Monnin
Au cœur sinistré du dix-neuvième arrondissement de Paris, déserté par les studios de cinéma Gaumont dans les années 50, puis par ceux de l'ORTF en 1993, l'entreprise Bouygues avait décidé de bâtir des appartements de standing. Émus, certains habitants du coin se sont fédérés en une association, «Vivre aux Buttes Chaumont». Intéressé, le maire de l'endroit a organisé une consultation et constaté que 95% des gens de son arrondissement désapprouvaient le projet. Après de longues tractations (la Mairie de Paris n'a accordé son soutien qu'en avril dernier), l'accord passé avec le promoteur a abouti à un bail gratuit de trente ans, alloué à l'association (une même initiative a permis, à quelques mètres de là, d'installer une crèche dans des conditions similaires).

Résultat ? Un lieu sobre et polyvalent ! Murs blancs, sol de béton ciré, grandes baies vitrées qui nuisent quelque peu à la présentation d'œuvres vidéo en plein jour, mais qu'importe. Soit six cent mètres carrés réservés aux arts plastiques, aux arts de la scène, à toutes sortes d'événements à entrée libre. Le mobilier de bois, signé Frédéric Ruyant, est si beau qu'on hésite à s'asseoir dessus, de peur qu'il ne s'agisse, en fait, de sculptures conceptuelles. L'artiste Éric Corne, qui a mené la bataille depuis le début, partage à présent la direction du lieu avec une autre personnalité éminemment sympathique, Bernard Goy, également directeur du FRAC Ile de France. De ce fait, la région prête d'ores et déjà des œuvres de son fonds au Plateau, en attendant d'y organiser des expositions. Le budget est bouclé (Etat : 130 000 euros, région : 86 000 euros, ville : 107 000 euros et Bouygues : 100 000 euros). La fête peut commencer.


 Françoise Monnin
18.01.2002