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Expositions

Londres face au mystère Klee

La rétrospective consacrée à Paul Klee, à la Hayward Gallery, tente d’éclairer l’œuvre du peintre sous un jour nouveau.


Architecture du plat, 1923
aquarelle, crayon, papier, carton
28,1 x 17,7cm. Sammlung
Berggruen in den Staatlichen
Museen zu Berlin, Preußischer
Kulturbesitz © bpk, Berlin
Photo : Jens Ziehe © DACS
2002
Paul Klee naît d’un père allemand, professeur de musique, et d’une mère suisse en 1879 à Münchenbuchsee, près de Berne. Il étudie le violon mais bien que fort talentueux, ne souhaite pas en faire sa profession, ne se jugeant pas assez virtuose. Dès 1912, il rejoint le groupe Blaue Reiter. En 1920, il est invité par Walter Gropius au Bauhaus, où il enseigne jusqu’en 1931. Démis de ses fonctions à l’académie de Düsseldorf par Hitler, en 1933, il quitte l’Allemagne pour retourner à Berne. 17 de ses œuvres sont rassemblées dans l’exposition organisée en 1937 par les Nazis sur L’art dégénéré. Il meurt en Suisse en 1940 d’une sclérodermie. Sa production abondante (10 000 œuvres) le rapproche de Picasso. La très grande influence de ces deux peintres sur d’autres artistes est également comparable.


Roseraie, 1920, huile, plume,
papier et carton, 49 x 42.5 cm
Städtische Galerie im Lenbachhaus,
Munich. Photo © Städtische Galerie
im Lenbachhaus München © DACS
2002
Une centaine de ses peintures et dessins, datant de 1914 à 1938 et provenant de collections du monde entier, sont présentés. On observe la progression de Paul Klee dans son style, alliant poésie, rêve et musique, à mi-chemin entre abstraction et surréalisme. L’objet de l’exposition étant de faire entendre, bien au-delà d’une apparente spontanéité et simplicité, sa profonde compréhension de la couleur, de la ligne, du rythme et de l’espace. En 1914, Klee était en voyage en Tunisie, il écrit dans son journal : « La couleur a pris possession de moi... Je suis peintre ». Dômes rouges et blancs, réalisé alors montre la délicatesse du peintre à suggérer un paysage de mosquées. Son amour des tons violets, pourpres et roses, mêlé de bleus et ocres y est déjà évident. On retrouve ces couleurs avec Roseraie en 1920, mais aussi en 1932 avec Peinture de printemps. Au fil des créations, poésie et musique sont toujours présentes, comme dans Danse du papillon de nuit en 1923. Au fil des créations, on retrouve tous les éléments qui ont fait l’œuvre de celui pour qui : « L’art ne reproduit pas le visible, il le rend visible ».


 Laure Desthieux
17.01.2002